Gynécologue : la violence ordinaire envers les femmes rondes

On connaît la grossophobie dans le milieu médical en général mais ici, c’est plus particulièrement aux gynécologues que nous avons décidé de nous intéresser. Car dans ce domaine-là, nombreux sont les témoignages accablants de femmes rondes ayant dû subir des humiliations à cause de leur poids. Conséquence, certaines arrêtent de se faire soigner ou sont mal suivies. On en parle.

Gynécologue et femmes rondes, ça coince

La grossophobie dans le milieu médical est un problème que de nombreux patients ou praticiens eux-mêmes dénoncent depuis de nombreuses années. Préjugés à l’encontre des gros, réflexions et parfois même, erreurs de diagnostic, cette réalité fait froid dans le dos mais existe bel et bien.

Si aucun secteur n’est a priori épargné par la chose, il y en a dans lesquels le problème est récurrent. C’est le cas du domaine de la gynécologie dans lequel de nombreuses femmes rondes ont dû faire face à une véritable violence psychologique à leur encontre.

Le gynécologue en effet, c’est celui qui suit une patiente à différents niveaux où le poids intervient souvent. Il y a la contraception, les difficultés à avoir un enfant, la grossesse elle-même qui peut être à risque lorsque l’on est en surpoids, bref, les kilos en trop sont un sujet sensible ici.

Bien entendu, si certains gynécologues sont en plus d’être compétents, respectueux de la personne qu’ils ont en face d’eux et savent faire preuve d’un minimum d’empathie, ce n’est pas le cas de tous. Et ça bien entendu, c’est la patiente qui le paie très cher, à tous les niveaux !

De la simple réflexion à l’humiliation, une violence ordinaire à dénoncer

Le problème lorsque l’on est gros, c’est que face à un professionnel de la santé, cela revient toujours sur le tapis même si ce n’est pas justifié. Vous avez une angine ? Ça irait mieux si vous étiez moins grosse ma bonne dame !

Chez le gynécologue, même constat. Si le sujet est abordé de manière tout à fait légitime dans certains cabinets, dans d’autres, cela tourne à l’obsession et le patient n’est plus qu’un chiffre sur la balance.

Que l’on soit obèse, que cela soit dangereux pour la santé, c’est une chose, mais cela ne justifie pas les remarques totalement déplacées, humiliantes auxquelles certaines femmes rondes ont dû faire face.

La culpabilisation constante des femmes en surpoids et même pire, la manière dont certains praticiens terrorisent leurs patientes est absolument aberrante.

Marion Pinkbuttercup, une youtubeuse avait d’ailleurs témoigné dans un Vlog de son expérience de jeune femme ronde enceinte. Dans sa vidéo (à découvrir ci-dessus) elle dit :

J’ai senti de la haine contre moi, contre les femmes rondes

Pire même, alors que la gynécologue rencontre des difficultés pour faire son échographie, Marion se sent même brutalisée physiquement, les mots qu’elle emploie sont très durs :

Comme elle n’arrivait pas à voir elle appuyait avec ses doigts et avec la sonde comme une malade. Vraiment je me suis dit elle va le tuer.

Son témoignage glaçant n’est malheureusement pas le seul…

Certaines femmes arrêtent même de se faire suivre

Le problème, c’est qu’à force d’humiliations, de culpabilisation, nombreuses sont les femmes rondes qui redoutent de prendre rendez-vous chez un gynécologue au point même de beaucoup espacer les rendez-vous ou de ne plus y aller du tout.

Ça commence avec les adolescentes qui n’osent plus se rendre chez leur gynéco après un entretien qui s’est mal passé et qui préféreront peut-être se passer de pilule contraceptive.

Ça continue avec les femmes enceintes qui vivent les entretiens pendant leur grossesse comme des traumatismes et qui plus tard, parce qu’elles auront le choix cette fois de ne pas y aller préféreront ne plus se faire suivre.

On le sait pourtant, la gynécologie est une spécialité qu’il ne faut négliger sous aucun prétexte ! Le gynécologue, c’est celui qui est aux premières loges de la prévention contre le cancer du sein, le cancer de l’utérus et des ovaires.

Ces cancers étant si fréquents, c’est la santé de la femme ronde qui en pâtit, celle-ci s’exposant à un risque plus important de ne pas voir son cancer diagnostiqué à temps.

Que pouvons-nous faire contre cela ?

Vous n’êtes sûrement pas la seule à avoir vécu une mauvaise expérience avec un gynécologue ou à être à la recherche d’un praticien dans votre région. Faites fonctionner le bouche-à-oreille pour avoir l’adresse d’un bon gynéco ou pour conseiller aux femmes rondes que vous connaissez d’éviter certains praticiens.

Attention, ici il ne s’agit pas d’éviter toutes les personnes qui vous parleraient de votre poids car c’est au rôle du professionnel de santé d’aborder ce sujet. Il s’agit plutôt d’éviter des praticiens qui sont clairement grossophobes, ce n’est bien sûr pas la même chose.

Rapprochez-vous d’associations qui pourront vous soutenir si vous avez vécu une expérience malheureuse ou vous orienter pourquoi pas vers des professionnels reconnus.

À ne jamais faire en revanche : arrêter de se faire suivre ou espacer les consultations à cause de ça. Ceci n’est PAS envisageable. Il en va de votre santé !

Carole Guidon
Carole Guidon
Les rondeurs ne sont pas synonymes de laideur. Le corps gros n'est pas forcément un fardeau. Moi-même, je suis une jeune fille ronde et épanouie qui s'assume. J'aime la vie et les plaisirs simples. Et j'ai à cœur de militer au quotidien contre la grossophobie qui gangrène notre société. Derrière chaque corps se cache une histoire, heureuse ou douloureuse, mais toujours unique, qu'on gagnerait à accueillir avec respect et humilité.
92 Commentaires
Vous aimerez aussi

Sexualité et grossophobie : qu’est-ce que le « hogging » ?

Les discriminations envers les personnes en surpoids font régulièrement l’objet des gros titres. On ne compte plus les...

Grossophobie : une discrimination sociale toujours d’actualité ?

Aujourd'hui, la rédaction va vous raconter une histoire. Comme beaucoup de Français.es, Cécile est victime de grossophobie, de...

Grossophobie : 2 Français·es sur 3 considèrent que l’obésité vient « d’un manque de volonté »

Parmi la longue liste des discriminations auxquelles font face de nombreuses personnes, la grossophobie s’y ajoute. Elle sévit...

« Corpscools », le compte Instagram qui lutte contre la grossophobie

Si le mouvement body positive prend beaucoup d'ampleur sur les réseaux sociaux et notamment Instagram, force est de...

Être gros.se = un risque pour la santé ?

C'est LA question qui fait rage sur internet depuis que le dernier numéro de Cosmopolitan UK est sorti...

Grossophobie et sexualité : stop à la stigmatisation !

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'humiliation des personnes obèses ne s'arrête pas à l'espace public. Elles...