Vous avez déjà eu cette pensée : « et si j’avais accepté ce job à l’étranger ? », « et si j’étais restée avec cette personne ? », « et si j’avais suivi cette autre voie ? »… Bienvenue dans l’univers fascinant – et parfois toxique – de l’« effet vie parallèle ». Ce concept psychologique vous pousse à imaginer un autre scénario de votre vie, souvent idéalisé, dans lequel vous auriez fait « les bons choix ». Rassurez-vous : ce réflexe est humain. Et surtout, il n’est pas une fatalité.
Une vie rêvée qui n’a jamais existé
L’effet vie parallèle, c’est cette tendance que nous avons à imaginer un parcours alternatif, une version « améliorée » de notre vie, comme si nous étions les scénaristes d’une série dont le seul défaut serait… notre réalité actuelle. Dans cette version parallèle, tout semble plus fluide, plus heureux, plus réussi. On y est plus épanouie, plus amoureuse, plus riche, plus tout, en fait.
Le problème ? Cette vie rêvée n’a jamais existé, et elle ne le fera jamais. Et pourtant, nous lui accordons du temps, de l’attention, parfois même plus que nous n’en consacrons à notre vraie vie. C’est là que les ennuis commencent.
Le regret comme colocataire mental
Fantasmer un autre parcours devient vite une machine à regrets. À chaque détour de votre imagination, vous comparez ce que vous vivez avec ce que vous auriez pu vivre. Vous devenez le critique permanent de votre propre existence. Résultat : un sentiment de frustration, un goût d’inachevé, parfois même de l’anxiété.
Et le pire, c’est que ce réflexe n’a rien de rationnel. Dans votre version parallèle, vous oubliez les contraintes, les défis, les incertitudes. Vous effacez les nuances. Vous imaginez une vie de magazine, lisse et sans accroc, alors que chaque chemin, même le plus séduisant, comporte sa dose d’imprévus et de renoncements.
Apprendre à faire la paix avec vos choix
La clé, c’est d’apprendre à aimer votre parcours, même cabossé, même imparfait. Oui, vous avez fait des choix. Certains ont été bénéfiques, d’autres moins. Toutefois, chaque décision a contribué à faire de vous la personne que vous êtes aujourd’hui. Et ça, ce n’est pas rien.
Arrêter de vivre dans un film imaginaire, c’est accepter que le passé ne peut pas être réécrit – mais que le présent, lui, peut encore être modelé. Plutôt que de vous demander « Et si ? », demandez-vous : « Et maintenant ? ».
Voici quelques pistes pour entamer ce changement :
- Prenez conscience de cette tendance. C’est déjà un grand pas de réaliser que vous avez ce réflexe. Mettre des mots sur ce mécanisme, c’est lui retirer un peu de pouvoir.
- Célébrez vos petits succès. Non, votre vie n’est pas une succession d’échecs. Elle est faite de tentatives, d’élans, de résiliences. Prenez le temps de reconnaître vos victoires, aussi modestes soient-elles.
- Pratiquez la gratitude. Oui, c’est un mot qu’on entend beaucoup, mais il est puissant. Notez chaque jour 3 choses pour lesquelles vous vous sentez reconnaissante. Vous verrez : votre regard changera.
- Créez du mouvement. Le regret naît souvent de l’inertie. En agissant, même un peu, même maladroitement, vous reprenez le pouvoir sur votre histoire.
- Soyez bienveillante avec vous-même. Vous n’êtes pas un robot programmé pour réussir chaque choix. Vous êtes un être humain en chemin, et c’est déjà très beau.
Une vie unique, pas parfaite
Votre vie n’a pas besoin d’être parfaite pour être précieuse. Elle n’a pas besoin de correspondre à un scénario idéal pour mériter d’être pleinement vécue. L’effet vie parallèle nous piège dans une illusion. Il nous fait croire qu’un autre « nous » vit mieux ailleurs, mais ce « vous alternatif » n’est qu’une projection. Il est temps de revenir à la réalité – pas pour s’y résigner, mais pour y planter de nouvelles graines.
Apprenez donc à être le héros/l’héroïne de votre propre histoire, pas d’un fantasme. Acceptez les tournants, les retours en arrière, les détours. Ils font partie du paysage. Vous n’avez pas besoin d’une vie alternative pour vivre pleinement la vôtre. Elle est déjà là, avec ses couleurs, ses creux, ses élans. Elle mérite d’être regardée avec tendresse, avec fiert.