Passé un certain âge, certaines femmes arrêtent de consulter leur gynécologue. Une décision banalisée mais qui inquiète les spécialistes, tant elle peut laisser passer des signaux d’alerte importants pour la santé.
Un suivi souvent interrompu à tort
Pour beaucoup, la consultation gynécologique est associée à des étapes spécifiques de la vie : la contraception, la grossesse, la ménopause. Une fois ces périodes révolues, certaines femmes, estimant ne plus en avoir besoin, décident d’abandonner ce suivi. Pourtant, comme le rappellent de nombreux professionnels, la santé gynécologique ne s’arrête pas à 65 ans.
Le Dr Odile Bagot, gynécologue obstétricienne, met en garde contre cette erreur fréquente. Invitée dans Le Magazine de la santé, elle souligne que, même si certains examens comme le frottis ne sont plus systématiques passé cet âge, d’autres aspects du suivi gynécologique restent essentiels pour prévenir des pathologies silencieuses.
Le frottis n’est pas tout, mais l’examen reste crucial
La confusion provient souvent d’une interprétation erronée : si le frottis du col de l’utérus est moins pratiqué après 65 ans, cela ne signifie pas pour autant que tout risque a disparu. “Malheureusement, il reste quelques cancers qu’on va pouvoir chercher à dépister”, explique le Dr Bagot. Et au-delà du cancer du col, il existe d’autres pathologies gynécologiques qui nécessitent une surveillance continue.
L’examen gynécologique permet notamment de :
- Examiner la vulve, où peuvent apparaître des affections dermatologiques fréquentes comme le lichen scléreux, souvent silencieuses mais inconfortables voire graves si ignorées.
- Détecter des pertes anormales, signes possibles d’infections ou d’autres troubles.
- Évaluer l’état du pelvis, à travers le toucher vaginal, pour repérer des masses telles que kystes ovariens ou fibromes.
- Palper les seins, un geste simple mais clé pour détecter des anomalies précoces.
Des rendez-vous pour prévenir et dialoguer
Ces consultations sont aussi un moment privilégié pour aborder des sujets souvent passés sous silence : troubles de la sécheresse vaginale, inconfort intime, baisse de libido, douleurs… Des préoccupations fréquentes mais encore taboues, que les femmes n’osent pas toujours évoquer, et pour lesquelles les solutions existent. Le rendez-vous gynéco devient alors un lieu d’écoute, de prévention et de réassurance.
Le suivi permet aussi d’aborder l’autopalpation mammaire, utile pour détecter des nodules entre deux mammographies, ou d’adapter les soins en cas de traitements hormonaux ou de fragilité osseuse.
Une santé féminine à préserver à tout âge
La santé gynécologique ne disparaît pas avec les années : elle se transforme. Le corps change, les besoins évoluent, mais la nécessité d’un suivi reste intacte. Cette idée d’un “âge limite” au suivi gynéco relève souvent de stéréotypes dépassés.
Les recommandations actuelles insistent sur un suivi adapté à chaque femme, tenant compte de ses antécédents, de son état de santé global, et de ses besoins personnels. Les gynécologues, loin de proposer des examens inutiles, accompagnent les femmes pour prévenir plutôt que guérir, avec justesse et bienveillance.
Un message des professionnels aux femmes de 65 ans et plus
Les gynécologues ne cherchent pas à alarmer, mais à réhabiliter une pratique oubliée. Trop de femmes arrivent en consultation tardivement, parfois trop tard, faute d’avoir maintenu ce lien. “Ces rendez-vous restent indispensables”, rappelle le Dr Bagot. “Ils permettent de discuter de sujets sensibles et de prévenir, par exemple, un éventuel cancer.”
Ce suivi peut aussi être assuré par des médecins généralistes formés à la santé féminine, ou par des sages-femmes, de plus en plus impliquées dans le suivi gynécologique hors grossesse. L’important est d’avoir un interlocuteur de confiance, avec qui entretenir un dialogue médical régulier.
Passé 65 ans, les consultations gynécologiques ne sont ni inutiles ni superflues : elles sont un outil de prévention précieux, une occasion de rester à l’écoute de son corps, de poser ses questions, et de prendre soin de soi. Loin d’être un réflexe de jeunesse, c’est un acte de maturité — et un geste de santé à part entière.