Nous sommes de plus en plus nombreux à ressentir une forme d’angoisse à l’idée de nous passer de notre téléphone portable, un phénomène baptisé « nomophobie ». Cette peur, devenue très courante, éclaire la manière dont nos vies sont aujourd’hui structurées autour du smartphone.
Qu’est-ce que la nomophobie ?
Le terme « nomophobie » vient de l’anglais « no mobile phone phobia » et désigne la peur irrationnelle d’être séparé de son téléphone. Cette phobie moderne toucherait aujourd’hui près de 70,8% de la population mondiale selon une méta-analyse publiée par MDPI, ce qui la place bien devant d’autres peurs connues comme l’arachnophobie. En pratique, la nomophobie témoigne d’une forme de dépendance aux outils numériques qui rythment notre quotidien, des communications personnelles à l’accès à l’information et au divertissement.
Les symptômes de la nomophobie
La nomophobie ne se limite pas à une simple anxiété diffuse :
- Inquiétude, agitation ou stress à l’idée d’être séparé de son téléphone
- Réactions physiques chez les personnes les plus dépendantes : tremblements, démangeaisons, voire panique
- Sentiment de manquer quelque chose d’important ou de perdre le lien avec ses proches
Le docteur en neurosciences Thibaud Dumas préfère d’ailleurs parler d’« anxiété liée à l’éloignement du téléphone », insistant sur l’ancrage de ce phénomène dans nos habitudes modernes.
Pourquoi sommes-nous si attachés à notre smartphone ?
Le smartphone regroupe aujourd’hui l’essentiel de notre vie quotidienne : contacts, activités sociales, informations, loisirs, travail. S’en séparer, c’est se priver d’une partie de ses habitudes ou se sentir déconnecté de l’essentiel. D’après Thibaud Dumas, la banalisation de cette dépendance s’explique par la centralisation de nombreux aspects de notre existence autour d’un seul objet, ce qui rend difficile tout « sevrage » soudain.
Comment sortir du piège de la nomophobie ?
Heureusement, il est possible de réduire cette dépendance progressivement :
- Évaluer son taux de dépendance : Prendre conscience de ses habitudes et des situations où l’on saisit son téléphone sans raison précise.
- Réduire progressivement le temps d’écran : Diminuer chaque semaine de dix minutes le temps passé sur les réseaux sociaux ou devant son téléphone, jusqu’à retrouver un équilibre.
- Changer ses habitudes : Poser le téléphone hors de portée lors des repas, ne consulter ses mails qu’à des moments précis de la journée.
- Garder le contrôle : Se demander si l’on utilise son téléphone pour une raison précise et si l’objectif initial a été atteint ou non.
Le but, rappelle Thibaud Dumas, est de replacer le téléphone à la place d’outil et non d’objet central de notre vie.
La nomophobie, loin d’être anodine, illustre ainsi à quel point le numérique façonne nos rythmes et nos émotions. Adopter des gestes simples pour se détacher en douceur du smartphone peut aider à retrouver une forme de liberté et à rééquilibrer notre rapport à la technologie.