Maternité et grossophobie : le calvaire des femmes rondes

Être ronde et enceinte n’est pas de tout repos, surtout lorsque l’on doit conjuguer avec un corps médical grossophobe. C’est en effet au moment de leur grossesse que nombre de femmes rondes découvrent la grossophobie médicale, en témoigne cette enquête menée par le Centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin à Paris.

Maternité et grossopobie : indissociables ?

La grossesse est un moment délicat pour de nombreuses femmes rondes. Car c’est bien souvent à cette occasion qu’elles se frottent à la grossophobie médicale. Il faut dire que le surpoids représente un risque aussi bien pour la mère que pour l’enfant à naître. Aussi ce sujet doit-il être pris au sérieux et abordé avant et pendant la grossesse.

Mais cela justifie-t-il le jugement, la culpabilisation, et parfois même les violences psychologiques voire physiques que nombreuses de nos lectrices ont avoué avoir subis au cours de leur grossesse ou lorsqu’elles avaient besoin de l’aide de la médecine pour tomber enceinte ?

Aujourd’hui, c’est le Centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin qui s’empare du sujet en menant une enquête sur le lien entre maternité et grossophobie. Pour cela, trois groupes de femmes obèses ainsi qu’un groupe de gynécologues ont été interrogés. Un groupe de femmes à l’IMC supérieur à 30 a été sondé sur ses relations avec la gynécologie courante. Un second sur le suivi de la grossesse pour laquelle une aide médicale à la procréation n’a pas été nécessaire. Un troisième sur le recours à une équipe d’aide médicale à la procréation.

La majorité des femmes admettent que leur obésité ont parasité leur consultation. Et si certaines ont le sentiment d’avoir une bonne relation avec leur gynécologue, pour beaucoup c’est au moment de la grossesse que ça coince. Les témoignages sont effarants.

« La gynécologue m’a dit que c’était inconscient d’en vouloir (un enfant)« . « Vous avez de la chance d’avoir un copain qui vous aime malgré votre poids« . Ou encore « Certains m’ont dit qu’au lieu de faire un gosse à 40 ans, je ferais mieux de faire un régime« . Maternité et grossophobie semblent donc être indissociables.

Les médecins gynécologues tentent pourtant de justifier cette attitude. « Si vous ignorez son poids, vous ignorez la patiente« . « Déjà en demandant de se déshabiller et de monter sur la balance on a le sentiment d’agresser« . Et un autre d’ajouter : « Cela me demande des efforts, j’aime beaucoup la minceur ».

Un véritable dialogue de sourds qui nous laisse craindre que la relation patiente obèse/ médecins ne s’améliore pas de sitôt.

Un coach spécialiste de la fertilité se bat pour faire entendre la voix des femmes rondes

Face à l’isolement des femmes rondes qui désirent tomber enceinte et ont pour cela besoin de recourir à une aide médicale, Nicola Salmon a décidé de lancer un mouvement baptisé #FatFertilityMatters (La fécondité des femmes grosses compte).

Bien qu’en surpoids et atteinte du syndrome des ovaires polykystiques, l’anglaise a réussi à tomber enceinte et encourage les femmes rondes dans leur désir de grossesse. Elle se bat ainsi pour qu’elles bénéficient du même soutien et des mêmes soins que les femmes de poids normal pour tomber enceintes.

Elle souligne notamment la façon dont le corps médical tente de culpabiliser voire même de dissuader les femmes rondes de faire des enfants. Elle explique à Yahoo UK :

On répète aux femmes en surpoids qu’elles ne devraient pas être enceintes, que c’est irresponsable voire dangereux pour les bébés lors de la grossesse. Les femmes qui doivent traverser cela sont victimes de jugements et de moqueries. Elles se sentent incapables de résister et de demander le soutien et les soins qu’elles méritent en tant qu’être humain.

Et d’ajouter :

Je souhaite encourager l’égalité et les soins de santé sans jugements, que toutes les femmes reçoivent le même soutien et les mêmes traitements indépendamment de leur poids.

Et nous ne pouvons qu’appuyer le combat de Nicola Salmon. Si le surpoids lors de la grossesse est un risque qui ne doit aucunement être pris à la légère que ce soit par la patiente ou le corps médical, cela ne justifie aucunement les traitements infligés aux femmes rondes.

Une patiente obèse mérite d’être considérée avec respect et de bénéficier de la même qualité d’écoute et de soins que les autres. Rien ne saurait justifier un traitement différent.

Carole Guidon
Carole Guidon
Les rondeurs ne sont pas synonymes de laideur. Le corps gros n'est pas forcément un fardeau. Moi-même, je suis une jeune fille ronde et épanouie qui s'assume. J'aime la vie et les plaisirs simples. Et j'ai à cœur de militer au quotidien contre la grossophobie qui gangrène notre société. Derrière chaque corps se cache une histoire, heureuse ou douloureuse, mais toujours unique, qu'on gagnerait à accueillir avec respect et humilité.
6 Commentaires
Vous aimerez aussi

1 adulte sur 4 est en surpoids en Europe

Dévoilé le 3 mai 2022, un rapport de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) tire la sonnette d'alarme....

Grossophobie : 2 Français·es sur 3 considèrent que l’obésité vient « d’un manque de volonté »

Parmi la longue liste des discriminations auxquelles font face de nombreuses personnes, la grossophobie s’y ajoute. Elle sévit...

5 idées reçues sur le surpoids & l’obésité

Minceur, perte de poids, choquer le gras, anti cellulite, anti vergetures... les gros.ses ? Notre société n'aime pas....

Obésité : et si tout se jouait avant la naissance ?

Aujourd'hui, marque la Journée mondiale de l'obésité. Une maladie reconnue par l'OMS qui touche environ 2 milliards d'individus...

Être gros.se = un risque pour la santé ?

C'est LA question qui fait rage sur internet depuis que le dernier numéro de Cosmopolitan UK est sorti...

Comment aménager sa salle de bain lorsque l’on souffre de surpoids ?

Flâner dans son bain le temps d'une soirée, se détendre sous la douche, se préparer avant de sortir…...