Véritable Madeleine de Proust olfactive, la vanille est l’ingrédient principal de nombreux parfums. Elle exerce presque un pouvoir magnétique sur vous. Elle accroche vos sens et vous replonge spontanément en enfance : c’est l’odeur du réconfort par excellence. Si votre fragrance signature sent la vanille, ce n’est pas uniquement votre nez qui l’a choisi. Ce sont vos émotions qui parlent.
Un parfum lié à la mémoire émotionnelle
C’est un parfum qui évoque mille images. Il a quelque chose de maternel. La vanille vous prend par les sentiments et vous ensorcèle à chaque fois qu’elle s’impose dans un courant d’air. Lorsqu’elle émane d’un vêtement ou d’une chevelure, vous sentez un arrière goût de nostalgie. La vanille évoque les flans de mamie tout juste sortis du four, les aliments pour bébé et les premières eaux de corps de l’adolescence. Le cerveau l’associe très tôt au réconfort et à la tendresse. En psychologie olfactive, on parle d’odeur d’attachement : elle rappelle la chaleur du foyer, la pâtisserie du dimanche, un souvenir d’enfance rassurant.
“Comme le lait maternel et les préparations pour nourrissons contiennent de puissants composés vanillés, notre première exposition à cette odeur se fait par le biais des soins, des câlins, de la nourriture, de la chaleur, etc” explique Rachel Herz, docteure en psychologie cognitive et neuroscientifique auprès de Allure. Des études montrent d’ailleurs que la vanille active les zones du cerveau liées au plaisir et à la sécurité émotionnelle, les mêmes que celles stimulées par une étreinte ou une musique douce. Voilà pourquoi un parfum vanillé donne immédiatement le sentiment d’être bien, comme enveloppée d’un plaid invisible. Le parfum à la vanille est une gourmandise sensorielle, un doudou à portée de pschit.
Cette saveur, qui dit silencieusement “je t’aime” à chaque vaporisation, a aussi un côté naïf et innocent. À partir d’un certain âge, la vanille ne reflète plus ce que vous voulez renvoyer au monde. Alors vous raccrochez votre Loverdose Diesel pour vous armer de parfums plus affirmés.
Une odeur universellement réconfortante
Ce n’est pas pour rien que la vanille est souvent utilisée dans les soins pour bébés, les bougies cocooning ou les produits apaisants. Son parfum a une capacité presque universelle à détendre le système nerveux. En aromathérapie, elle est même réputée pour calmer l’anxiété et favoriser la bonne humeur.
Mais attention, la vanille ne se résume pas à une simple note sucrée. En parfumerie, elle peut être sensuelle, boisée, poudrée ou épicée selon sa concentration et les accords qui l’accompagnent. Ce qui en fait une note caméléon, capable de séduire autant les amoureuses de senteurs gourmandes que les adeptes de parfums plus charnels.
Le parfum à la vanille, oui, mais avec parcimonie
Les parfumeurs décrivent souvent la vanille comme une note de peau, c’est-à-dire une odeur qui se fond naturellement avec notre propre chaleur corporelle. C’est ce qui donne aux parfums vanillés cette impression intime et enveloppante, presque addictive. Elle nous transforme en friandise humaine, sans jamais agresser les sens. Sauf que voilà, lorsqu’on a abusé des parfums vanillés dans le passé, cette odeur peut vite nous dégoûter. C’est un peu comme quand on se prend une cuite avec une Pina Colada, la noix de coco nous provoque des hauts le cœur et il faut un certain temps pour l’apprécier de nouveau.
C’est pareil avec la vanille. On l’a tellement inhalé dans les couloirs du collège, sur les bancs des gymnases et dans les boums de l’époque, qu’on en a fait une indigestion sensorielle. La vanille se préfère donc par petite touche, en note de fond, pas de tête. On veut qu’elle se devine, pas qu’elle s’affirme. Et les créateurs de parfums l’ont bien compris.
Un ingrédient apprivoisé avec plus de finesse en parfumerie
La vanille vous rappelle certainement ces fragrances très sucrées, voire écoeurantes de l’adolescence. Vous faisiez presque une crise de glycémie rien qu’en soulevant le bouchon. Mais qu’importe, vous les appliquiez sans modération sur votre poignet en espérant faire le même effet que la fille populaire de l’école. Ces parfums au caractère candide qui avaient le don de donner la migraine à votre mère ont, eux aussi, gagné en maturité. Oubliez les fragrances incommodantes trouvées en supermarché et les jus de corps à la médiocrité assumée.
Aujourd’hui, les grandes maisons revisitent la vanille et la manient avec prudence dans leur composition. La vanille n’est pas uniquement destinée aux flacons bariolées et girlies, elle s’inscrit aussi dans des essences aux allures de millésimes. Brown Girl Jane’s de Bahia, Aqua Allegoria Bosca Vanilla Forte de Guerlain ou encore Si Passione d’Armani réconcilient le nez avec la vanille. Ils en donnent une autre interprétation, plus sobre, moins tapageuse, en harmonie avec l’adulte que nous sommes devenus. Les maîtres parfumeurs prouvent qu’elle peut aussi incarner la femme fatale, pas seulement l’adolescente en pleine quête identitaire.
Alors que les mains se tournent vers des parfums au goût lacté, la vanille répond aussi à ce besoin de réconfort. Le parfum n’est plus seulement voué à accentuer notre personnalité ou à draguer les sens des inconnus, il sert aussi de refuge quand tout vacille.
