S’il est indéniable que le divorce est un événement particulièrement difficile à vivre par le couple qui se sépare, certain.e.s enfants se trouvent parfois pris.es dans des tourments qui les dépassent. « Petite Solange », le dernier film d’Axelle Ropert, sortie en salles le 2 février dernier, s’attarde à mettre en lumière ce point de vue d’enfant parfois oublié.
L’amour ne serait donc pas éternel ?
Solange (interprétée par Jade Springer) est une jeune adolescente de 13 ans à la vie tout à fait banale. Ses ami.e.s, le collège et sa famille. Même ce dernier point est tout à fait ordinaire. Ses parents, mariés et deux enfants, s’aiment d’un amour intact depuis vingt ans. Mais, alors que la jeune fille est de retour au domicile familial pour les vacances scolaires, elle assiste à un événement qui lui donne l’impression d’être un coup de massue. Ses parents se disputent.
Glanant ça et là des bribes de reproches et de cris, Solange comprend que sa famille est au bord de la déchirure. C’est une descente aux enfers pour elle qui vivait depuis toujours dans l’illusion d’un amour éternel. Mais la réalité est là. Ses parents, incarnés par Léa Drucker et Philippe Katerine, annoncent bientôt à Solange et son frère leur décision d’entamer une procédure de divorce. Aussitôt, une immense douleur envahit la fillette, changeant sa vie à jamais.
Le dernier-né de la réalisatrice de 49 ans a été filmé avec un souci d’ultra réalisme qui embarque le.a spectateur.rice et s’adresse à l’ancien.ne enfant qu’il.elle a été.
Un point de vue bouleversant : le divorce à hauteur d’enfant
Selon l’INSEE, en 2009, deux tiers des divorces ont impliqué au moins un enfant mineur, soit 152 200 enfants concerné.e.s en tout. Malheureusement très souvent, les adultes gèrent cette situation en oubliant ce que signifie être un.e enfant. Et tout ce que cela peut représenter de perdre tous ses repères familiaux brusquement. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Le film « Petite Solange » se fixe entièrement sur le point de vue de son héroïne : le drame est vécu à hauteur d’enfant.
Le saut dans le vide que fait Solange est particulièrement percutant. Par le divorce de ses parents, la jeune fille se trouve projetée malgré elle et sans y avoir été préparée dans le monde des adultes et ses lois cruelles. Entre la maison familiale où l’atmosphère devient étouffante, l’école où elle perd les pédales, le magasin de musique où son père s’est rapproché de sa collègue de manière plus qu’ambiguë, Solange ne reconnait plus rien de sa vie d’avant. Elle fait l’apprentissage des problèmes d’adultes d’un coup.
La réalité difficile des enfants de parents divorcés
Le.a spectateur.rice ne peut que ressentir sa détresse et ouvrir les yeux sur la condition des enfants de divorcé.e.s. Comme l’explique un rapport de l’Union Francophone des Associations de Parents de l’Enseignement Catholique (UFAPE), les adolescent.e.s qui se trouvent dans cette situation peuvent être plus agressif.ve.s ou stressé.e.s, décrocher au niveau scolaire, devenir délinquant.e.s ou tomber dans des addictions. La preuve qu’un divorce est un événement charnière dans leur vie à ne pas considérer à la légère.
Il est donc de notre devoir d’adultes de prendre en main l’avenir de ces mômes que l’on fait sortir trop vite de l’enfance. Un divorce n’est strictement jamais un choix facile. Il n’est pas question de vous faire porter une quelconque responsabilité. Il vaut certainement mieux deux parents séparés et heureux qu’ensemble qui se déchirent continuellement. Néanmoins, il est important de se rappeler que cela l’est encore moins pour ces petits êtres en quête de stabilité et de repères pour se construire.
