La cour de récréation. Si certain.e.s en ont des souvenirs doux teintés de concours de billes et de balles aux prisonniers, elle est, pour d’autres, synonyme d’enfer. À l’heure où le Sénat refuse de reconnaître le harcèlement scolaire comme un délit, le long métrage belge « Un Monde » alerte sur l’urgence qu’il représente.
Une tragédie vécue à hauteur d’enfant
Nora fait son entrée en primaire, en classe de CP, quand elle découvre que son grand frère, Abel, est la victime des autres enfants dans la cour de récréation. Alors que faire ? Et que dire pour que la souffrance de cet être aimé cesse ? La fillette est face à un véritable dilemme : soit elle parle à sa maîtresse et à leur père, soit elle se tait comme Abel lui demande le faire. Une situation durement tenable quand on est une enfant de 7 ans à peine.
« Un Monde », sorti en salle en France le 26 janvier dernier, est particulièrement touchant en cela. Les personnages sont presque tous des enfants et le drame est vécu à travers leurs yeux.
« Je me suis intéressée au point de vue des enfants pour confronter le spectateur à ce qu’a été sa propre découverte de l’espace social, un apprentissage essentiel qui l’a modelé pour le reste de sa vie », explique la réalisatrice Laura Wendel pour 20minutes
Le film est une merveilleuse piqûre de rappel de ce que sont tous les enjeux de l’enfance et de l’école. Il aborde la question des clans entre enfants, celle de l’impuissance du personnel scolaire ou encore celle des victimes qui deviennent finalement bourreaux. L’enfance est un moment où la personnalité est encore plastique. La cour de récréation et ce qu’il s’y passe sont décisifs pour les adultes que nous serons.
Alors, lorsque la situation dégénère, il est normal d’avoir besoin d’aide pour la résoudre. Et ce en englobant les problématiques de toutes les parties impliquées.
Harcèlement scolaire : quand souffrance & omerta ne font plus qu’un
L’originalité de ce long métrage belge sur le harcèlement scolaire est précisément que celui-ci est vécu à travers les yeux d’un témoin. Nombre sont les films et séries où le personnage principal est la victime. Et tant mieux, car cela permet de comprendre réellement la tragédie que cela peut engager pour un.e enfant ou un.e adolescent.e persécuté.e ! Néanmoins, si le harcèlement fait beaucoup de victimes, il laisse aussi énormément de témoins pour qui cela peut avoir tout autant de conséquences.
Cherchez dans votre mémoire. On a tou.te.s un moment où l’on a hésité à parler ou à se taire pour ne pas être victime à notre tour. Que faire lorsque l’on est témoin ? Le film pose brillamment la question.
« Si le film devait avoir un message, c’est que la seule chose qui arrête la violence, c’est l’amour », confie la réalisatrice Laura Wendel au Parisien
« Un Monde », c’est l’histoire d’une cour de récréation, mais c’est aussi la nôtre. Un film à voir d’urgence et dont vous ressortirez bouleversé.e.