C’est un rituel pour beaucoup : à peine réveillé, on fait son lit. Draps tirés, oreillers replacés, couverture repliée. Mais si ce geste vous donne l’impression de commencer la journée du bon pied, des chercheurs et professionnels de santé publique rappellent qu’il pourrait en réalité nuire à votre santé.
Un lit bien fait : un paradis pour les microbes ?
Derrière l’apparente propreté d’un lit bien arrangé se cache un microclimat idéal pour la prolifération de bactéries, de champignons et d’acariens. Chaque nuit, notre corps libère près d’un litre de fluides corporels à travers la transpiration, la salivation, ou encore la respiration. Enfermer cette humidité dans des draps bien bordés favorise l’apparition d’un environnement chaud, humide et sombre — exactement ce que recherchent les micro-organismes.
Selon l’article humoristique mais bien documenté des Drs Robert et Christopher Patterson, publié dans le Canadian Medical Association Journal, la literie non aérée peut héberger une concentration importante de poussières, de matières fécales d’acariens, voire de parasites. Ils évoquent même l’existence du « poumon du faiseur de lit », une forme d’allergie chronique observée chez les personnels d’entretien d’hôtels.
Un geste physiquement contraignant
Outre les risques microbiens, faire son lit n’est pas sans conséquences physiques. L’opération nécessite des flexions répétées du dos, des mouvements brusques et une sollicitation des épaules et poignets. Cela peut entraîner des douleurs lombaires ou des microtraumatismes chez les personnes fragiles ou les professionnels amenés à le faire quotidiennement.
Des tensions inutiles au sein du couple ?
Côté mental, faire le lit est aussi une source insoupçonnée de conflit domestique. Qui s’en charge ? Pourquoi est-ce toujours moi ? Ces disputes récurrentes autour de tâches ménagères peuvent générer stress, frustration, et tensions conjugales. Selon les auteurs de l’étude, elles pourraient même impacter la fréquence des rapports intimes.
L’alternative ? Laisser respirer son lit
Les microbiologistes rappellent qu’exposer ses draps à la lumière du jour et à l’air libre permet de réduire considérablement la charge microbienne. Une literie défroissée, en désordre, mais bien ventilée, offrirait un environnement plus sain. Ce qui semble négligé serait en réalité un choix avisé.
Dans une société obsédée par l’ordre et l’efficacité, ne pas faire son lit peut sembler provocateur. Pourtant, les bénéfices potentiels en termes de santé physique, mentale et conjugale méritent réflexion. Après tout, comme le rappellent avec humour les auteurs de l’étude : renoncer à faire son lit chaque matin, c’est aussi s’offrir 10 minutes de sommeil ou de tranquillité supplémentaires.