« Tu es un génie ! », « Tu es parfaite, ne change jamais ! ». Voilà des phrases que vous avez peut-être déjà dites ou entendues. Elles partent d’une bonne intention : encourager, réconforter, montrer de l’amour. Pourtant, derrière ces compliments qui semblent inoffensifs se cache un piège subtil, mais redoutable, surtout pour les ados.
Pourquoi trop d’éloges peut devenir un problème ?
Lorsqu’un adolescent ou une adolescente manque déjà de confiance, les compliments comme « Tu es exceptionnel » ou « Tu es naturellement douée » peuvent avoir l’effet inverse de celui recherché. Plutôt que de se sentir encouragé, la pression monte. Et si je n’étais pas si intelligent que ça ? Et si je ne réussis pas la prochaine fois ? Suis-je toujours digne de cette image idéale qu’on me renvoie ?
Ces pensées sont plus courantes qu’on ne l’imagine. Une étude menée par le chercheur Eddie Brummelman a mis en lumière ce paradoxe. Les jeunes ayant une faible estime d’eux-mêmes, lorsqu’ils reçoivent des compliments exagérés, deviennent moins enclins à relever des défis. La peur de l’échec les paralyse. Leur cerveau fait un raccourci : « Si j’échoue, je ne suis plus digne d’amour ou d’admiration ».
L’éloge, oui, mais pas n’importe comment
Il ne s’agit pas de bannir tous les compliments. Le problème n’est pas l’encouragement en lui-même, mais la forme qu’il prend. Les chercheurs différencient ainsi 2 types d’éloges :
- Les éloges centrés sur la personne : « Tu es un génie », « Tu es beau », « Tu es la meilleure ».
- Les éloges centrés sur le processus : « Tu as persévéré même quand c’était difficile », « Tu as trouvé une solution créative », « Tu t’es donnée à fond, c’est chouette ».
Les premiers, flatteurs mais risqués, enferment les ados dans une image figée d’eux-mêmes. Ils ont alors peur de sortir de leur zone de confort de peur de tout gâcher. Les seconds, plus nuancés, valorisent le chemin, pas seulement le résultat. Et c’est ça, le vrai moteur de la confiance en soi : savoir que l’on peut progresser, apprendre, se relever.
Le cocktail toxique des réseaux sociaux et des attentes irréalistes
Comme si ce n’était pas déjà assez complexe, les ados évoluent dans un monde ultra-connecté, où les comparaisons sociales sont constantes. Des selfies parfaitement filtrés, des vies idéalisées sur Instagram ou TikTok, des performances scolaires glorifiées sur LinkedIn ou Discord… Il devient facile de se sentir « moins que » les autres.
À cela s’ajoutent parfois des attentes familiales irréalistes. Vouloir le meilleur pour ses enfants est naturel, mais quand le niveau d’exigence dépasse le raisonnable, le jeune finit par croire qu’il n’est jamais assez bon. Résultat : il doute de lui, s’auto-critique, et parfois se ferme à l’idée même d’essayer.
@drmarlettromp Over complimenting. When people over-compliment others, they do not realize other people sense their insincerity. Their agenda might have been to manipulate others or get into their good books, however, the impact will most probably be the opposite and people might not comply at all. #compliment #overcompliment #manipulate #assertive ♬ original sound – drmarlettromp
Comment alors booster une estime de soi saine ?
La confiance en soi, surtout à l’adolescence, est une graine délicate. Toutefois, avec les bons gestes, elle peut éclore avec force. Voici quelques pistes concrètes :
- Valorisez l’effort, pas seulement la réussite. Dites « Je suis fière de la façon dont tu as géré cette difficulté » plutôt que « Tu es trop forte ! ».
- Donnez de l’espace à l’erreur. Apprendre, c’est aussi rater. Encouragez les jeunes à voir les échecs comme des opportunités.
- Offrez un soutien émotionnel constant. Écoutez sans juger, validez leurs ressentis. Parfois, un simple « Je comprends que ce soit difficile pour toi » vaut plus qu’un long discours.
- Célébrez les progrès personnels, même minimes. L’important, c’est d’avancer, pas de battre des records.
L’adolescence, c’est cette période étrange où l’on cherche à tout prix à se construire… tout en doutant de qui l’on est. Les compliments exagérés, bien qu’enveloppés de bienveillance, peuvent alors involontairement aggraver cette insécurité. En misant plutôt sur des éloges sincères, liés aux efforts et à la persévérance, vous pouvez devenir un véritable pilier de leur confiance intérieure. Vous n’avez pas besoin de les convaincre qu’ils sont « parfaits ». Aidez-les plutôt à comprendre qu’ils sont en chemin, et que chaque pas compte.