Grossophobie médicale : une erreur de diagnostic lui coûte un poumon

La grossophobie médicale ne s’arrête pas aux remarques blessantes. Parfois elle entraîne des erreurs de diagnostic pouvant être fatales. C’est ce qui est arrivé à cette jeune femme dont le cancer n’a pas été diagnostiqué à cause des préjugés des médecins sur les personnes en surpoids.

Une toux incessante et des médecins qui font la sourde oreille

Rebecca Hiles a 17 ans lorsque les premiers symptômes de la maladie apparaissent. Elle tousse fréquemment et souffre de bronchites à répétition qui ne semblent jamais vraiment guérir. Ses quintes de toux deviennent de plus en plus nombreuses et violentes, aussi va-t-elle consulter à plusieurs reprises un médecin pour déterminer l’origine de ces troubles.

À chaque rendez-vous Rebecca se heurte au même discours. Son seul problème est qu’elle est trop grosse, voilà qui explique cette toux et ces problèmes pulmonaires qui ne guérissent pas lui dit-on. Désespérée, la jeune femme finit par se résigner jusqu’à ce qu’elle commence à cracher du sang.

Inquiète, elle consulte de nouveau, on la rassure lui expliquant qu’il ne s’agit sûrement que d’un vaisseau sanguin qui aurait éclaté et que son poids reste toujours le problème. Ses quintes de toux s’aggravent encore, la jeune femme a désormais du mal à contrôler sa vessie pendant les crises et doit porter des couches.

La grossophobie médicale lui a coûté un poumon !

Alors que les médecins font toujours la sourde oreille, Rebecca est admise d’urgence à l’hôpital, son état s’étant aggravé après une nouvelle crise de toux. Les professionnels de santé qui la prennent en charge découvrent à cette occasion que la jeune femme souffre en fait d’une tumeur pulmonaire.

Elle subit alors une opération mais son poumon gauche ne pourra être sauvé et sera intégralement retiré. Les médecins avouent que si le diagnostic avait été posé 5 ans plus tôt, alors qu’elle consultait se plaignant des premiers symptômes de la maladie, son poumon aurait pu être sauvé.

Les préjugés sur le poids tuent

L’histoire de Rebecca Hiles n’est malheureusement pas isolée. Si on pense parfois que la grossophobie médicale s’arrête à des remarques désobligeantes sur le poids, elle est en fait à l’origine d’erreurs de diagnostic pouvant être fatales.

Les préjugés sur le poids amènent parfois à ne pas traiter les patients en surpoids ou obèses de la même manière que les autres. Ainsi leur santé est-elle mise en danger, leurs maux étant trop souvent mis sur le compte du surpoids et d’autres pistes semblant écartées avant même d’avoir été étudiées.

L’autre conséquence est que le patient en surpoids, lassé de ne pas être pris au sérieux ou d’être mal traité verbalement et parfois même physiquement va de lui-même se couper du monde médical, mettant ainsi sa santé en danger. Combien de femmes rondes choquées après un rendez-vous chez un gynécologue ne consultent plus se privant ainsi de contrôles dont elles devraient régulièrement bénéficier ?

La grossophobie médicale est encore trop souvent traitée comme une invention de gens gros qui n’aiment pas qu’on leur parle de leur poids. Elle est pourtant une réalité effrayante mettant en danger notre vie. Combien de drames du genre devront encore se produire avant que le corps médical ne se décide enfin à faire son auto critique ?

Carole Guidon
Carole Guidon
Les rondeurs ne sont pas synonymes de laideur. Le corps gros n'est pas forcément un fardeau. Moi-même, je suis une jeune fille ronde et épanouie qui s'assume. J'aime la vie et les plaisirs simples. Et j'ai à cœur de militer au quotidien contre la grossophobie qui gangrène notre société. Derrière chaque corps se cache une histoire, heureuse ou douloureuse, mais toujours unique, qu'on gagnerait à accueillir avec respect et humilité.
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