Recevoir un compliment peut sembler anodin, voire agréable. Pourtant, beaucoup de femmes ont du mal à l’accueillir sans malaise. Détournement du regard, rire gêné ou encore changement de sujet rapide : ces réactions sont plus fréquentes qu’on ne le croit. Derrière ce refus apparent se cachent souvent des mécanismes psychologiques profondément ancrés.
L’héritage de la modestie imposée
Depuis l’enfance, de nombreuses femmes sont éduquées à ne pas « faire leur star » et à rester modestes. Dans la culture occidentale comme ailleurs, la valorisation de la « discrétion féminine » reste ancrée. Accepter un compliment sans le minimiser peut alors être interprété comme un signe d’arrogance. Résultat : face à un compliment, beaucoup préfèrent dévier la conversation pour ne pas paraître prétentieuses. Ce conditionnement social façonne l’idée selon laquelle la reconnaissance de sa propre valeur n’est pas une vertu, mais un excès.
L’effet miroir de l’estime de soi
Des recherches en psychologie confirment ce phénomène. Une étude publiée en 2021 dans le Journal of Personality and Social Psychology révèle que « les femmes ayant une faible estime d’elles-mêmes ont tendance à percevoir les compliments comme exagérés ou non sincères ». Lorsqu’un mot positif entre en conflit avec leur image personnelle, il crée une dissonance émotionnelle. Autrement dit, plus une personne doute de sa valeur, plus il lui est difficile de recevoir un compliment sans y voir une forme de manipulation ou de condescendance.
Le poids du regard social
Le malaise face aux compliments s’explique aussi par la charge symbolique que portent les mots sur l’apparence des femmes. Dans une société où le corps des femmes reste largement commenté, le compliment peut parfois être perçu comme intrusif, voire non sollicité. Certaines femmes se méfient de la frontière floue entre bienveillance et objectification.
En définitive, apprendre à recevoir un compliment, c’est avant tout un exercice de confiance en soi. Dire « merci » sans détourner la conversation, c’est reconnaître la sincérité de l’autre tout en s’autorisant à se sentir légitime. Et si, finalement, accepter un compliment devenait une nouvelle forme de rébellion douce contre les diktats de la modestie forcée ?
