Et si cette fête de l’horreur pouvait aussi faire déguerpir vos complexes ? Halloween est l’un des rares jours de l’année où vous pouvez arborer des corsets moulants, des combinaisons en latex et des costumes badass de catwoman sans vous faire traiter de tous les noms. Vous reprenez doucement le contrôle sur votre image et loin d’être effrayée par votre reflet, vous vous réconciliez avec. Vous portez un masque, mais paradoxalement vous en faites tomber un autre.
Porter un costume pour mieux se révéler
Pendant 364 jours de l’année, vous vous rangez derrière votre habit social : celui de monsieur et madame tout le monde. Vous vous cachez sous des chemisiers bien ajustés. Vous enfilez des jeans foncés dont la seule extravagance est une fleur brodée à la poche. Finalement, vous misez sur un dressing simple et très normé. Or, le soir d’Halloween, vous vous métamorphosez comme Cendrillon à l’heure du bal. Vous osez des tenues effrontées et vous faites des infidélités à votre dress code habituel.
Vous prenez l’apparence de l’irrésistible Morticia Addams, vous muez en veuve noire ou alors vous devenez une version très glamour du vampire. Et c’est justement ça le pouvoir d’Halloween : expérimenter d’autres identités, se raconter autrement. Se déguiser n’est pas seulement une activité enfantine réservée au porte-à-porte. C’est un acte d’amour-propre, une autre façon d’apprivoiser son apparence. Si certaines personnes réparent les plaies de leur estime avec des post-its bienveillants, d’autres le font avec des nez crochus, des robes ensanglantées et des perruques ébène.
« Enfiler un costume vous libère des contraintes du conformisme. C’est une forme de rébellion, une déclaration de défi qui dit : ‘C’est moi, ou du moins, le moi que je veux explorer ce soir !' », abonde la psychologue la docteure Cynthia Shaw sur Authentically Living. Vous vous souvenez du film d’épouvante « American Nightmare », où les personnages peuvent commettre tous les crimes en une nuit ? Eh bien vous pouvez faire pareil (en plus soft) et transgresser toutes les attentes sociales. C’est la nuit de la délivrance, celle où vous avez carte blanche sur votre image.
Une façon de se libérer du regard des autres
Aussi contradictoire que cela puisse paraître, c’est dans l’extravagance la plus poussée et la créativité la plus radicale que vous oubliez le regard des autres. Ce même regard que vous craignez quand vous êtes dans l’ordinarité la plus plate, parée d’un jean denim et d’un pull gris. Pour cause, Halloween est une fête de tous les possibles. Vous pouvez déambuler dans les rues sombres avec une mini jupe déchirée, des bas résille et un ensemble de sorcière un peu « bad bitch », vous êtes immunisée contre le jugement. Mieux, quand vous portez ce costume, vous êtes investi d’une nouvelle énergie. À Halloween, cette peur qui vous hante à chaque sortie se dissipe comme par magie (sans mauvais jeu de mots).
« En vous déguisant en personnage, vous incarnez ses qualités, ses forces et ses particularités. Il ne s’agit pas simplement d’enfiler un costume, c’est une transformation de l’esprit et de l’âme », explique la spécialiste dans son billet de blog. Vous ne jouez pas un rôle comme les acteurs de cinéma : vous explorez une part de votre identité que vous étouffez le reste de l’année. Ce qui est particulièrement salvateur.
Lors de cette soirée très permissive, vous pouvez approfondir votre connaissance de vous-mêmes, l’air de rien. Un grain de folie qui ressort derrière Harley Quinn ? Un esprit déjanté qui transparaît sous l’habit du clown sanguinaire ? Au-delà de l’étoffe horrifique que vous avez choisie, Halloween favorise l’introspection. Vous avez peut-être dépensé une coquette somme dans ce déguisement, mais c’est rentable : vous en sortez avec plus d’assurance.
Halloween, le début de l’expression de soi
Comme le précise la psychologue, l’idée n’est pas de devenir quelqu’un d’autre pour fuir la réalité et renier qui vous êtes, mais pour mieux vous comprendre. Loin d’être superficiel, le déguisement participe à la quête de soi. Évidemment, ce n’est pas parce que vous vous grimez en monstre sanguinaire que vous avez l’esprit tordu. Le déguisement d’Halloween est un bouclier, un tissu thérapeutique. Il déterre des parts de vous enfouis et vous donne une force que vous ne soupçonniez pas.
Il vous est peut-être arrivé de parler plus fort, de rigoler sans retenue et de vous lâcher davantage au contact de ces accessoires mi-badass, mi-glaçants. Vous avez certainement déjà opté pour des étoffes très pauvres en tissu et très moulantes alors que vous vous calfeutrez généralement sous la matière. C’est la divine sorcellerie d’Halloween. Finalement, le costume d’Halloween a la même fonction que la cape des super-héros : il vous donne l’impression d’être intouchable et invincible.
« Plutôt que de rester invisibles, le cosplay nous oblige à occuper de l’espace. Il ne s’agit pas seulement d’assumer son identité, mais de trouver le courage d’être vu et entendu », conclut la professionnelle de la santé mentale.
Si vous avez la confiance salement amochée, vous savez ce qu’il vous reste à faire pour réparer les dégâts. La tendresse se trouve parfois là où on ne l’attend pas: dans les coutures d’un costume terrifiant. La vérité ne tient qu’à un fil…