Syndrome de Cotard : une maladie mentale aussi taboue que surprenante

Depuis des décennies, les zombies et autres créatures légendaires aux allures cadavériques fascinent le grand public. À mi-chemin entre la vie et la mort, ces êtres fantomatiques s’érigent même en héros de fiction. The Walking Dead, Le Dernier train pour Busan, Kingdom, Black Summer… ils fourmillent sur nos écrans et éveillent un sentiment d’effroi.

Si les morts-vivants viennent charrier notre imaginaire, ils existent également dans le psychique de certaines personnes. Cette impression d’être dépossédé de son corps et de son âme, de ne plus appartenir à l’Humanité, de flotter à la croisée des mondes… des symptômes surprenants qui caractérisent le syndrome de Cotard, un trouble rare. On en parle.

Passer de vie à trépas

Dans les abysses de l’univers psychiatrique, le syndrome de Cotard, aussi connu sous le nom de « délire de négation », pourrait s’inscrire dans un cabinet de curiosité médical tant il est atypique. C’est en 1880 que le neurologue français Jules Cotard se penche sur cette maladie psychiatrique peu courante.

Il la décrivait comme un trouble dépressif accompagné d’anxiété, d’idées de damnation ou de rejet, d’insensibilité à la douleur, de négation de l’existence de son corps et, une fois sur deux, de délire d’immortalité. Les personnes qui en souffrent se sentent comme des coquilles vides et sont frappées par une profonde mélancolie. Leur vie intérieure sonne creux et reste comme suspendue dans les airs.

Un syndrome entouré de secrets

Pour l’heure, aucune étude scientifique récente n’a remis le syndrome de Cotard au goût du jour. Difficile alors de tirer un portrait-robot des patient.e.s les plus atteint.e.s. Cependant, dans une étude de 1995, la moyenne d’âge était de 56 ans. Une analyse plus récente, quant à elle, observait plus de cas à l’adolescence. Ces deux époques charnières et transitoires favoriseraient donc cette expression délirante.

Son origine reste encore méconnue, mais certain.e.s spécialistes supposent qu’un choc émotionnel lourd pourrait faire office d’élément déclencheur. Les facteurs génétiques peuvent aussi entrer en ligne de mire. En effet, si un membre de la famille a été atteint de troubles psychiatriques, le risque est plus élevé. Le syndrome de Cotard toucherait davantage les patients présentant une dépression sévère. D’autres problèmes de santé mentale comme le trouble bipolaire, la schizophrénie, la catatonie ou la dépression psychotique peuvent également avoir une influence.

Syndrome de Cotard : un danger latent

Cette maladie psychiatrique peut s’avérer très dangereuse. En effet, les personnes qui en souffrent se considèrent comme de simples cadavres errant sur Terre et suppriment leur rapport à l’Humanité. Toutes les activités vitales pour maintenir l’organisme en bonne santé semblent inutiles à leurs yeux. Alors ces personnes cessent de boire, de manger, de se laver, de dormir. Inconsciemment, elles sombrent dans une spirale destructive et se laissent périr. Dépourvues de toutes émotions, ces personnes s’écartent de la vie sociale et s’enracinent aussi dans la solitude. Autrement dit, elles sont prises entre les griffes de la mort et se laissent entraîner six pieds sous terre.

Pour illustrer ces dangers qui planent autour des malades, une étude publiée dans le journal PubMeb en 2009 évoquait un cas singulier et étonnant. Une femme de 46 ans « avait l’impression constante de n’avoir aucune identité ou de « soi », et d’être seulement un corps sans contenu. En outre, elle était convaincue que son cerveau était absent, que ses intestins n’étaient plus là, et que tout son corps était translucide. Elle refusait de prendre un bain ou douche parce qu’elle avait peur d’être soluble et de disparaître dans le siphon », relatent les chercheurs. En toile de fond, des tendances suicidaires se dessinent et mettent en péril la vie de ces personnes.

Comment soigner ce trouble psychique ?

Cette maladie psychique peine à se faire reconnaître dans la sphère médicale. D’ailleurs, elle n’est pas considérée comme un trouble distinct par le DSM-5, un manuel des troubles mentaux qui est publié par l’American Psychiatric Association. Pourtant, le syndrome de Cotard est dévastateur.

Entre absence d’informations, études datées et malades isolé.e.s, le diagnostic survient parfois trop tardivement. Il n’existe pas de recette miracle pour effacer ces pensées morbides. Cependant, l’accompagnement d’un.e psychiatre sur le long terme est primordial pour ramener le.a malade à la réalité. Selon un article publié sur Case Reports in Psychiatry en 2012, la thérapie électroconvulsive serait également un traitement efficace.

La route vers la guérison est abrupte, mais une fois arrivé.e au sommet, les délices de la vie se dresseront devant vous comme le Saint Graal.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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