Il est 23h42. Vous êtes rincée, vos paupières pèsent une tonne, votre lit vous appelle tel un chant de sirène… mais voilà que vous lancez « juste un dernier épisode » ou que vous tombez dans un vortex infini de vidéos de recettes improbables. Vous savez que vous devriez dormir, mais non, vous restez éveillée. Bienvenue dans le monde sournois de la procrastination du sommeil. Ce phénomène est un véritable saboteur de sommeil. Et le pire ? Il agit en douce, déguisé en petit plaisir innocent. Alors que vous pensez prendre un moment pour vous, c’est en réalité votre précieuse nuit de repos qui trinque.
Procrastination du sommeil : késako ?
Le terme vient tout droit des Pays-Bas et désigne l’acte de retarder volontairement l’heure du coucher sans raison valable. On ne parle pas ici de se coucher tard parce que bébé a fait une crise ou qu’il fallait finir une présentation pour le boulot. Non, on parle de ces soirs où, malgré une fatigue bien installée, vous choisissez de regarder une vidéo « compilation de chutes de chats » ou de trier vos photos de vacances 2014. C’est un peu comme si votre cerveau criait : « Allez, encore un petit moment de liberté ! »… sauf que votre corps, lui, aurait préféré une bonne dose de sommeil.
Pourquoi on fait ça ?
Spoiler : ce n’est pas de la flemme. Derrière ce comportement se cache souvent une tentative (parfois désespérée) de reconquérir un espace personnel dans une journée surchargée. Si vous passez vos journées à courir entre boulot, famille, rendez-vous et obligations en tout genre, votre cerveau réclame un sas de décompression. Et si la seule fenêtre de liberté, c’est 22h30… eh bien, c’est là que s’active votre envie de binge-watcher ou de scroller jusqu’à l’oubli de soi.
Ce mécanisme touche particulièrement les personnes qui :
- Ont des journées ultra-remplies, avec peu de temps pour se détendre
- Se sentent dépassées par les responsabilités
- Ont besoin de retrouver un sentiment de contrôle sur leur emploi du temps
- Ont une tendance perfectionniste (eh oui, vouloir « optimiser » chaque minute peut jouer des tours)
La psychologue Devon Price le résume bien : procrastiner le coucher, c’est une petite rébellion silencieuse contre une journée qui ne nous a pas laissé respirer.
Les dégâts collatéraux
C’est vrai, sur le moment, rester éveillée pour lire un chapitre de plus ou traîner sur Pinterest peut sembler inoffensif, voire même nécessaire à votre bien-être. Sauf qu’à long terme, les nuits raccourcies s’accumulent, et le corps (et l’esprit) finit par encaisser l’addition. Quelques effets en vrac :
- Fatigue persistante, même après plusieurs cafés
- Irritabilité façon « je mords si on me parle avant 10h »
- Difficultés de concentration (« où est déjà passé ce fichu mail ? »)
- Sauts d’humeur
- Système immunitaire dans les chaussettes
- Baisse de motivation, de mémoire, de libido…
Et au-delà du quotidien grippé, le manque de sommeil chronique est aussi lié à un risque accru de troubles anxieux et dépressifs. Bref, procrastiner le coucher, c’est comme grignoter votre santé mentale à petit feu.
Comment s’en sortir (sans culpabilité) ?
La bonne nouvelle ? On peut sortir de ce cercle vicieux sans tout bouleverser. Et non, il ne s’agit pas de se transformer en moine zen qui se couche à 21h avec une tisane de camomille. Voici quelques pistes pour réconcilier vos soirées avec votre bien-être :
- Mettez un nom dessus : identifier le comportement, c’est déjà une victoire. Ce n’est pas « je suis nulle », c’est « ah tiens, je procrastine le coucher. Pourquoi ? »
- Préparez une vraie routine du soir : pas un truc militaire, mais un petit enchaînement sympa qui dit à votre cerveau « on commence à décrocher ». Un bain, un livre, un soin du visage, un moment câlin avec soi-même ou avec une playlist chill.
- Fixez des horaires réalistes : inutile de viser 22h pile si ce n’est pas vous. L’important, c’est la régularité, même le week-end.
- Tamisez les écrans : à partir d’une certaine heure, limitez les écrans ou activez le mode nuit. Moins de lumière bleue = cerveau plus zen.
- Créez des bulles de respiration dans la journée : si vos journées sont trop pleines, vous finirez par rogner sur vos nuits. Offrez-vous des mini-pauses pour souffler.
Et si vraiment vous sentez que le problème est profond, que vous n’arrivez pas à reprendre la main sur votre sommeil malgré vos efforts, n’hésitez pas à consulter. C’est un acte de soin, pas une faiblesse.
La procrastination du coucher, ce n’est pas un caprice ou un manque de volonté. C’est une manière détournée de dire : « J’ai besoin de temps pour moi ». Le message est légitime, mais le timing est mal choisi. Repenser vos soirées, c’est vous offrir un moment à vous, mais sans sacrifier votre repos. C’est écouter ce que votre corps réclame vraiment : du calme, du soin, de la douceur. Alors ce soir, pourquoi ne pas remplacer le dernier scroll TikTok par un petit rituel pour vous chouchouter ? Vous méritez mieux que de sombrer d’épuisement sur le canapé.