Simuler l’orgasme est une pratique beaucoup plus courante qu’on ne le pense, et particulièrement chez les femmes. Derrière ce geste parfois perçu comme un simple « petit mensonge », se cachent des mécanismes complexes, émotionnels et sociaux.
Simuler : un réflexe largement féminin, mais pas que
On entend souvent dire que la simulation est un réflexe quasi naturel chez les femmes. En effet, plusieurs études montrent qu’une majorité d’entre elles ont déjà simulé au moins une fois dans leur vie sexuelle. Toutefois, cela ne veut pas dire que ces femmes ne ressentent aucun plaisir ou que leur sexualité est insatisfaisante. La simulation est un phénomène nuancé, parfois ponctuel, parfois plus fréquent, et souvent motivé par des raisons bien différentes de ce que l’on imagine.
La sexologue Marine Gloaguen explique dans Santé Magazine que simuler est souvent lié à des facteurs émotionnels et relationnels : « Ce n’est pas simplement un faux-semblant, c’est une réponse à des dynamiques affectives, à des attentes sociales, et parfois à une difficulté à exprimer ses vrais désirs ».
Pourquoi simuler ? Les motivations derrière le masque
Pour « protéger » l’autre
Une des raisons les plus courantes est la volonté de ne pas blesser son ou sa partenaire. L’orgasme est encore largement perçu comme la preuve ultime que tout se passe bien. Ne pas l’atteindre peut être vécu comme un échec personnel ou un signe d’incompétence sexuelle. Pour certaines femmes, simuler devient alors une façon douce de préserver la confiance de l’autre et de maintenir une harmonie relationnelle, même si cela implique un petit mensonge.
Pour éviter la confrontation
Communiquer sur sa sexualité, ses désirs, ou ses frustrations, n’est jamais simple. Parfois, la peur de blesser, d’être jugée ou incomprise pousse à simuler plutôt qu’à entamer une conversation délicate. Cette absence de dialogue peut transformer la simulation en un réflexe pour ne pas faire de vagues, mais au risque d’empêcher la relation de progresser vers plus d’authenticité.
Pour écourter la séance
Il arrive aussi que simuler soit un moyen de mettre fin à un rapport qui ne procure pas ou plus de plaisir. La fatigue, un manque de connexion émotionnelle, ou une absence d’envie réelle peuvent inciter à accélérer les choses en feignant un plaisir qui n’existe pas. C’est une forme de « raccourci » dans une situation où il est parfois plus facile de jouer le jeu que d’expliquer ses raisons.
Parce que la pression sociale existe
Notre culture sexuelle véhicule encore l’idée que la réussite d’un rapport sexuel est liée à l’orgasme. Or, il est important de rappeler que de nombreuses femmes n’atteignent pas systématiquement l’orgasme, et que cela ne signifie pas que leur sexualité est pauvre ou insatisfaisante. Pour certaines, simuler devient alors un automatisme, un moyen de valider une performance perçue comme obligatoire, même si la réalité est bien différente.
Les conséquences parfois sous-estimées
Simuler peut sembler anodin, voire utile à court terme, mais lorsqu’elle devient une habitude, cette pratique peut avoir des effets silencieux. Elle peut éloigner de sa propre sensibilité corporelle, rendant plus difficile la connexion avec ses vraies envies. De plus, elle empêche le ou la partenaire de savoir ce qui fonctionne réellement, freinant la complicité et la progression dans la relation.
Elle contribue aussi à renforcer des idées fausses sur le plaisir dit féminin. En donnant l’illusion que tout va bien, la simulation masque les vrais besoins et nourrit une représentation idéalisée, mais fausse, de la sexualité. Le plaisir devient alors un mythe partagé plutôt qu’une expérience vécue.
Vers une sexualité plus vraie et épanouie
La clé pour sortir de ce cercle est la communication, mais pas n’importe laquelle : une communication progressive, bienveillante et respectueuse. Il ne s’agit pas de dire tout d’un coup, brutalement, mais d’ouvrir un dialogue où les envies, les limites, les plaisirs et les déceptions peuvent s’exprimer sans jugement.
Les sexologues insistent aussi sur la nécessité de déculpabiliser le rapport à l’orgasme. Celui-ci ne devrait jamais être une obligation ou une finalité. Chaque expérience sexuelle est une occasion d’exploration, d’échange, et d’apprentissage mutuel, sans pression de performance. Se libérer de cette quête « d’orgasme obligatoire » permet de réinvestir le plaisir sous toutes ses formes, qu’il soit intense ou doux, rapide ou prolongé.
Simuler n’est ni honteux ni anormal. C’est un comportement humain, qui reflète des émotions, un contexte, une histoire personnelle. Ce n’est ni un aveu de faiblesse, ni un acte de duplicité, mais souvent un signal précieux sur ce qui peut être amélioré dans la relation. Comprendre pourquoi vous simulez, ou pourquoi cela arrive dans votre couple, peut devenir un véritable levier pour mieux vous connaître et mieux connaître l’autre. Cette prise de conscience est le premier pas vers une sexualité plus libre, plus sincère et surtout plus épanouissante.