Il arrive qu’un mot entendu au détour d’une conversation, d’un article ou d’un podcast résonne d’un coup. Non pas parce qu’il est nouveau, mais parce qu’il éclaire une réalité jusque-là floue. C’est ce qui s’est produit ici : un terme simple, inconnu, a ouvert la voie à une sexualité plus libre, plus consciente, plus assumée.
Quand un mot éclaire une expérience vécue
Avant ce moment, il y avait des sensations, des préférences, des envies — parfois contradictoires — mais sans cadre pour les nommer. Une impression de décalage, de ne pas « fonctionner comme il faut », ou de ne pas entrer dans les catégories classiques du désir. Le mot en question : “switch”.
Dans le cadre des dynamiques sexuelles liées au pouvoir — comme le domination/soumission, souvent associées à l’univers du BDSM — un switch est une personne dont les désirs peuvent osciller. Tantôt dans une posture dominante, tantôt dans une posture de lâcher-prise. Il ne s’agit pas de confusion, mais d’une fluidité dans les rôles, en fonction du moment, de la personne, du contexte.
Une réalité plus fréquente qu’on ne le pense
Ce terme, encore peu connu du grand public, fait pourtant écho à de nombreuses expériences vécues. Il est courant que les désirs évoluent avec l’âge, les relations ou les périodes de vie. La chercheuse Lisa Diamond, spécialiste de la fluidité sexuelle, souligne que ces variations ne sont ni rares, ni problématiques : elles sont naturelles.
Être switch, ce n’est donc pas « ne pas savoir ce qu’on veut ». C’est reconnaître que le désir n’est pas figé, qu’il peut prendre plusieurs formes, et que cette variabilité fait aussi partie de l’intimité.
Mieux se comprendre, mieux communiquer
Nommer ce que l’on ressent permet souvent d’en parler plus facilement. C’est aussi ce que souligne la sexothérapeute Marissa Nelson : identifier une dynamique comme le power play (jeu de rôle autour du contrôle) permet de sortir du silence ou du malaise. C’est également un levier de dialogue avec son partenaire, pour poser des limites, exprimer ses envies, et construire une sexualité plus alignée avec soi.
Dans cette dynamique, le rôle de chaque partenaire peut être actif. Un·e dominé·e (soumis·se) peut établir les règles du jeu, tout autant qu’un·e dominant·e peut être attentif·ve et à l’écoute. La clé reste le consentement, la communication et la sécurité.
Un chemin d’exploration intime
Découvrir ce terme peut marquer le début d’un questionnement ou d’une exploration. Il ne s’agit pas d’un « mode d’emploi » ou d’un rôle à endosser, mais d’un point d’appui pour mieux comprendre ses réactions, ses envies, ses zones de plaisir ou de réticence.
Cela peut se traduire par des discussions, des lectures, l’écoute de podcasts ou le recours à des professionnels de la sexologie. Pour d’autres, ce sera une exploration concrète, en couple ou en solo, toujours à son propre rythme.
Parfois, il suffit d’un mot pour poser un nouveau regard sur soi. Le mot « switch », dans cet exemple, a permis de reconnaître une réalité intime, de la nommer, puis de l’habiter avec plus de clarté. Ce n’est pas le mot qui transforme la sexualité, mais ce qu’il permet : se comprendre, s’affirmer, et explorer avec liberté.