Dans le monde mouvant des relations amoureuses modernes, de nouvelles pratiques apparaissent régulièrement — certaines intriguent, d’autres dérangent. Le “cookie-jarring”, terme apparu il y a quelques années, refait surface en 2025, suscitant de vives réactions sur les réseaux sociaux. Entre légèreté assumée et manipulation affective, cette tendance brouille les pistes et laisse de nombreux célibataires dans un flou émotionnel difficile à gérer.
Qu’est-ce que le “cookie-jarring” ?
L’expression vient de l’anglais cookie jar (“bocal à biscuits”) et désigne le fait de garder une personne “sous le coude”, comme on garde une friandise en réserve. En clair : une personne entame une relation sérieuse ou explore une option principale, tout en maintenant le contact avec une ou plusieurs autres personnes, au cas où ça ne fonctionnerait pas.
Cette relation secondaire n’est pas construite sur une vraie volonté d’engagement, mais plutôt sur une stratégie de repli émotionnel. Si la première relation échoue, on “pioche” dans le cookie jar pour ne pas se retrouver seul. Le plus souvent, la personne “réserviste” ignore qu’elle n’est pas la priorité.
Une pratique de plus en plus visible
Longtemps resté discret, le “cookie-jarring” est aujourd’hui massivement évoqué sur TikTok, Reddit ou Instagram, notamment par de jeunes femmes racontant qu’elles ont découvert avoir été “gardées au chaud” par un partenaire qui, en parallèle, construisait une autre relation.
Certaines décrivent le choc de se rendre compte qu’elles servaient simplement de “plan B” : “Il me disait qu’il n’était pas prêt, puis j’ai vu sur Insta qu’il emménageait avec une autre fille. Je n’étais qu’une roue de secours.”
D’autres partagent leur malaise face à l’ambiguïté : des échanges réguliers, des signes d’intérêt, mais aucune intention réelle d’avancer. Un flou relationnel qui érode la confiance en soi et l’estime personnelle.
Pourquoi cette tendance inquiète les experts
Si certains relativisent la pratique, affirmant qu’il s’agit simplement de “garder ses options ouvertes”, plusieurs spécialistes alertent sur les conséquences émotionnelles du cookie-jarring. Pour la coach en psychologie positive Arrezo Azim, très suivie sur TikTok, il s’agit d’un comportement de fuite : “Soyons honnêtes : si vous gardez quelqu’un en réserve, c’est parce que vous cherchez une validation externe. Ce n’est pas juste pour l’autre, et ça finit souvent par se retourner contre vous.”
Les psychologues y voient aussi un reflet de l’insécurité émotionnelle et de la peur d’être seul. À l’ère des applications de rencontres, où les possibilités semblent infinies, certains préfèrent multiplier les “presque-relations” plutôt que de prendre le risque d’un attachement sincère.
@arrezoazimzadeh Cookie Jarring in dating #dating #datingadvice #cookiejarring #datingcoach #rejection #datingmultiple #forwomen #formen #commitmentissues #heartbroken ♬ Wings – BLVKSHP
Une confusion généralisée… et une forme de manipulation ?
Le cookie-jarring se distingue du polyamour ou des relations ouvertes par une absence de transparence. Il ne s’agit pas d’un accord mutuel, mais d’une stratégie dissimulée, qui entraîne souvent un sentiment de trahison.
Les personnes concernées parlent d’un effet “miroir brisé” : tout semblait vrai, jusqu’à ce que les intentions réelles apparaissent. “Je n’ai pas été ghostée. C’est pire : il répondait, il m’appelait ‘ma belle’, mais je n’étais pas vraiment dans sa vie. Juste dans son tiroir.”
Comment repérer cette dynamique ?
Bien que chaque situation soit unique, certains signes peuvent alerter :
- Une relation qui stagne sans explication malgré une apparente complicité
- Un partenaire qui évite les discussions d’engagement mais maintient un lien affectif fort
- Une absence de cohérence entre les paroles et les actes
- Une disponibilité irrégulière, souvent liée à une autre relation principale
Que faire si l’on pense être “cookie-jarred” ?
La clé, selon les thérapeutes, est la clarté émotionnelle. Si vous ressentez du doute, du flou ou un inconfort persistant, vous avez le droit de poser des questions, d’exiger de la transparence, et surtout de vous retirer si la relation ne vous respecte pas. Il ne s’agit pas de “jouer à la détective”, mais de vous protéger émotionnellement. Rappeler ses limites n’est pas un caprice : c’est un acte de respect de soi.
Le cookie-jarring n’est pas une simple tendance virale. Il révèle une angoisse contemporaine de l’attachement, mêlée à une difficulté croissante à s’engager dans des relations sincères. Pourtant, la clarté, l’écoute, et l’honnêteté restent les piliers de toute relation respectueuse – même à l’ère numérique. Et s’il était temps, justement, de sortir de ces schémas “stratégiques” pour revenir à une forme d’amour plus simple, plus réelle… et surtout, réciproque ?