Vous rêvez de dire adieu à la corvée de lessive, au repassage interminable et au balai du dimanche ? L’entreprise californienne 1X jure avoir trouvé la solution. Son tout nouveau robot humanoïde, baptisé Neo, pourrait bien devenir le domestique du futur : toujours prêt, jamais fatigué. Présenté fin octobre 2025, il promet de transformer votre quotidien. Sauf que quelques points refroidissent déjà les spécialistes…
Le majordome du futur ?
Neo mesure 1,65 mètre et a la silhouette d’un escrimeur venu de l’espace. En théorie, il est censé passer l’aspirateur, mettre la table ou encore ranger la maison. En pratique, ce robot n’a pas encore de cerveau autonome : il est télécommandé à distance par un véritable opérateur humain, équipé d’un casque de réalité virtuelle. Ce dernier voit à travers les « yeux » de la machine et reproduit les gestes nécessaires. Cette révélation de l’entreprise californienne 1X casse un peu le mythe du robot ménager indépendant.
Selon Anicet Mbida, chroniqueur spécialiste des nouvelles technologies sur TF1-LCI, Neo n’est cependant pas un échec : il représente « une étape d’entraînement essentielle ». Pour qu’un robot domestique devienne vraiment autonome, il doit accumuler une quantité colossale d’expériences. « Plus il observe, plus il apprend à manipuler des objets dans des environnements variés », explique-t-il.
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Un robot chez soi, oui, mais à quel prix ?
L’autre question, moins technique mais bien plus délicate, concerne la vie privée. Accepter un robot à la maison, c’est aussi autoriser des caméras, des micros et des flux de données à circuler entre votre salon et les serveurs de l’entreprise. Serena Ivaldi, directrice de recherche à l’Inria, met en garde : « Souhaitez-vous vraiment qu’une société puisse voir l’intérieur de votre logement, entendre vos conversations ou enregistrer vos habitudes, sous prétexte d’améliorer un modèle ? ».
La promesse du confort absolu s’accompagne donc d’un dilemme : être servi sans effort, oui, mais à condition de laisser une part de votre intimité en échange. Pour l’instant, Neo reste un projet « semi-automatique », précise l’entreprise californienne 1X. Disponible en précommande, il sera proposé dès 2026 aux États-Unis pour environ 20 000 dollars (17 288 €) à l’achat, ou 499 dollars par mois (432 €) en location.
Et nous humains, dans tout ça ?
Les chercheurs s’inquiètent aussi des effets sur nos comportements. Si les machines se chargent de tout, que restera-t-il à faire aux humains ? Certes, se débarrasser des corvées rébarbatives semble séduisant, mais les gestes du quotidien – ranger, cuisiner, nettoyer – sont aussi ceux qui maintiennent notre lien à la réalité. Ils font bouger notre corps, stimulent notre esprit et, mine de rien, participent à notre bien-être.
Confier chaque tâche à une machine, c’est risquer de se transformer en spectateur de sa propre vie. Certains experts évoquent même la crainte d’un futur « à la Wall-E » : des humains confortablement installés dans leurs fauteuils, servis par des robots, mais vidés de toute initiative. Un scénario de science-fiction qui, aujourd’hui, ne semble plus si lointain.
Selon d’autres experts, les robots domestiques ne sont pas forcément « des ennemis du vivant, mais plutôt des alliés potentiels ». Comme un vélo électrique qui vous aide à gravir une côte sans vous priver du plaisir de pédaler, Neo pourrait, à terme, devenir un partenaire complémentaire plutôt qu’un remplaçant. Le défi sera de trouver le juste équilibre : un monde où la technologie allège nos efforts sans éteindre notre curiosité.
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En définitive, Neo n’est pas encore prêt à tout faire seul, et c’est sans doute une bonne chose. Car il nous rappelle que la « perfection mécanique » n’a pas à effacer l’humanité. Après tout, un peu de désordre, quelques gestes maladroits et un brin de sueur font partie du charme de la vie réelle – celle que, pour l’instant, aucun robot ne sait encore imiter.
