« Être body positif tuerait les femmes » : coup de gueule polémique d’une ancienne obèse

Être body positif serait-il dangereux pour la santé ? C’est ce que semble penser Holly Ashe, designer, autrice et surtout, ancienne obèse. Elle dénonce aujourd’hui ce mouvement aussi nuisible à ses yeux pour ses adeptes que pour les systèmes de santé des pays occidentaux. Dans sa ligne de mire ? Tess Holliday, piètre exemple pour la jeunesse et véritable danger public selon elle.

« Être body positif tue les femmes »

Holly Ashe est en colère. Celle qui se présente sur son compte Twitter comme un « designer, poète et ancienne petite grosse désormais accro au fitness » n’apprécie guère l’explosion du mouvement body positif. Et elle a tenu à le faire savoir dans un article coup de gueule publié sur le site Areomagazine.

« Qu’est-ce que les hashtags #IwontCompromise, #EffYourBeautyStandards, #DareToWear, #AndIGetDressed ont en commun ? Ils sont tous ultra-féministes, body positifs et ont été utilisés plus de 700 000 fois sur Instagram. Oh, et ils tuent aussi les femmes. »

Certes, elle n’est pas la seule à dézinguer ce mouvement. Mais là où Ashe se démarque des autres, c’est qu’elle-même a longtemps souffert de problèmes de poids et de complexes. On pourrait alors penser qu’elle comprendrait mieux que quiconque la raison d’être du mouvement body positif… C’est en fait tout l’inverse. Pour elle, les gros semblent plutôt se trouver des excuses pour rester gros :

« Je souffre d’hypothyroïdie – ce qui représente un dysfonctionnement dans la création d’hormones thyroïdiennes, donc mon métabolisme est constamment ralenti et cause une prise de poids. Je dois aussi prendre des médicaments qui occasionnent une prise de poids moyenne de 9kg. Et je souffre également de multiples douleurs et problèmes articulaires dont je vous épargnerai les noms imprononçables. Mon argument ici est que j’ai toutes les excuses du monde pour avoir des problèmes de poids et être toute « body positive ».

Il y a quelques années je l’étais, alors ancienne obèse dans la vingtaine qui avait honte de ses bourrelets. Maintenant que j’ai perdu 25 kilos et que je continue de maigrir on me demande comment j’ai fait. Non, ce n’est pas le mouvement body positif qui a fait ça mais le fait de manger sainement et de faire du sport. »

Un danger pour les systèmes de santé des pays occidentaux ?

Quand on veut, on peut ? Pour maigrir, pas de magie, il faut faire du sport, bien manger et avoir de la volonté ? Le mouvement body positif serait alors une simple excuse pour celles et ceux qui n’en ont pas… Pire selon elle, il mettrait en péril les systèmes de santé des pays occidentaux.

« L’obésité est toujours un problème majeur pour le système de santé. 25 000£ (environ 29 000€) sont dépensés chaque minute par la sécurité sociale britannique rien que pour le diabète. Au total, 14 milliards (environ 16 milliards d’euros) sont dépensés chaque année pour soigner le diabète et ses complications.

Ce chiffre n’est qu’un début avec les problèmes cardiovasculaires, l’hypertension et un nombre monstrueux d’autres maladies chroniques rattachées à l’obésité qui mettent en péril les systèmes de santé à travers l’Occident.

Quand l’inévitable se produit, et que le patient obèse s’entend dire que c’est maintenant une question de vie ou de mort, la sécurité sociale propose de pratiquer des by pass pour un coût estimé à 32 millions (37 millions d’euros). Gloups. Combien d’infirmières faudra-t-il payer pour cela ? Combien de lits faudra-t-il pour des gens constamment malades. Imaginez à quel point les centres de cancérologie pourraient être mieux équipés avec ce petit bonus. »

Pour Holly Ashe donc, le mouvement body positif n’a pas lieu d’être. D’une part parce qu’être gros n’est pas une fatalité et n’a rien de positif. D’autre part parce que l’obésité représente un coût exorbitant pour le système de santé qu’il met en péril.

Des influenceuses body positives dans le déni

Plus qu’après le mouvement body positif, c’est après ses porte-parole que Ashe en a. Tess Holliday, mannequin et influenceuse body positive est ainsi dans sa ligne de mire.

« Le hashtag le plus populaire, #EffYourBeautyStandards est promu par le mannequin grande taille Tess Holliday, une Américaine de 31 ans. Une personne qui est considérée par le système de santé comme étant en obésité morbide. Elle croit absurdement qu’elle peut être en bonne santé au poids effrayant de 127 kilos. Une idée qu’elle partage à ses 1,7 million d’abonnés sur Instagram. À mon avis, ce n’est pas seulement dangereux mais aussi outrageusement irresponsable. Nombre de ses followers sont des ados, à qui l’on dit que leur style de vie malsain est super, de continuer, et de ne pas avoir peur de l’inévitable, la maladie, la douleur, le handicap et éventuellement la mort. Même sur la page d’accueil de son site internet, elle se décrit comme une ambassadrice body positive. De quelle positivité parle-t-elle ? »

Elle conclut :

« Il est temps de se réveiller. L’obésité n’a rien de positif. C’est une dangereuse peste nourrie par des femmes dans le déni qui se convainquent elles-mêmes qu’elles sont heureuses en conduisant une génération à une mort précoce. »

Que pensez-vous du coup de gueule de cette ancienne obèse contre le mouvement body positif ? Partagez-vous ses arguments ? On en parle sur le forum.

Carole Guidon
Carole Guidon
Les rondeurs ne sont pas synonymes de laideur. Le corps gros n'est pas forcément un fardeau. Moi-même, je suis une jeune fille ronde et épanouie qui s'assume. J'aime la vie et les plaisirs simples. Et j'ai à cœur de militer au quotidien contre la grossophobie qui gangrène notre société. Derrière chaque corps se cache une histoire, heureuse ou douloureuse, mais toujours unique, qu'on gagnerait à accueillir avec respect et humilité.
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