Voici pourquoi le mythe sexiste du « vagin étroit » est ravageur pour les femmes

Le mythe du « vagin étroit » peut représenter un danger pour le porte-monnaie, la santé physique et mentale de toutes les personnes dotées d’un vagin. Et pourtant, il continue à avoir du succès, notamment avec le porno. Représentant une énième injonction à suivre les normes préférées des hommes cisgenres, ce mythe complexe et culpabilise un grand nombre de femmes et de personnes à vulves. Il érige également le plaisir sexuel masculin avant celui des femmes. Une idée reçue sexiste à déconstruire au plus vite.

Le « vagin étroit » : une fantaisie sexiste

Plus un vagin est étroit – comme un « vagin immaculé » -, plus il est attirant pour les hommes. Vous avez sûrement déjà entendu parler de cette idée reçue. Elle est fondée sur une mauvaise connaissance de l’anatomie des femmes, et sur une bonne dose de sexisme. On pourrait penser que les choses ont avancé en matière d’éducation sexuelle, en 2022. Mais aujourd’hui, ce sont 1 410 000 et 603 000 résultats qui ont été comptabilisés sur ces termes sur Google : « vagin trop large » et « vagin trop lâche ». Et sur Tiktok, les tutos du style Kegel pour resserrer le vagin ont également le vent en poupe.

Le « vagin étroit » est avant tout une injonction de plus faite aux femmes et autres personnes dotées d’un vagin. Ce mythe avance que l’homme cisgenre aurait de meilleures sensations lors de la pénétration d’un vagin plus étroit. Ainsi, cette croyance plutôt populaire donne l’impression que tous les vagins ne sont pas parfaits comme ils sont.

En clair, rapetissez votre canal vaginal pour faire plaisir à Jean-Gui. Cette pression s’ajoute donc à toutes les autres lorsqu’il s’agit de se préparer à un rapport sexuel avec un homme cisgenre (culte de la minceur, épilation, etc.) Mais elle est aussi intrinsèquement liée à l’idée de la virginité. Et donc, de la culpabilisation des femmes ayant eu une vie sexuelle active, un vagin « trop pénétré ».

Une méconnaissance de l’anatomie

Afin de déconstruire ce mythe, faisons appel à la science. Dans un premier temps, le vagin n’est pas un matelas à mémoire de forme. Son diamètre ne peut donc pas dépendre du nombre de fois où il a été en contact avec un (ou des) pénis. Et dans un second temps, il est tout simplement impossible de réduire la taille d’un vagin.

« La largeur, la profondeur et l’aspect diffèrent d’une vulve à l’autre, et ne sont en fait qu’une question d’anatomie. La pénétration, par un pénis ou un sextoy, ne laisse aucune séquelle, peu importe sa fréquence », explique la gynécologue Odile Bagot au Journal des Femmes

En réalité, le canal vaginal est un couloir de muscles, que l’on appelle les « muscles périvaginaux ». Ils peuvent donc s’élargir sous l’effet de l’excitation sexuelle, mais ils reprennent leur taille originale après coup. Ces muscles peuvent aussi s’affaiblir, notamment lors d’une grossesse ou d’un accouchement. Bref, la taille du vagin ne dépend que de l’anatomie d’une personne.

Le plaisir sexuel des hommes avant tout

Le mythe du « vagin étroit » est alors pour les femmes une injonction à modifier leur corps, quoi qu’il en coûte, et à avoir honte d’avoir eu une sexualité active. Tout ça pour que l’homme puisse pénétrer la femme, dans les meilleures conditions. Le plaisir sexuel de la femme est ainsi totalement absent du mythe. Et ces vagins idéalisés font partie des plus recherchés sur les sites pornos : « tight pussy » (vagin étroit), « virgin » (vierge) ou encore « young girls » (jeunes filles). C’est aussi par ici que l’on trouve énormément de recherches sur des « femmes asiatiques au vagin serré », une hypersexualisation raciste qui a la peau dure.

Nous en parlions dans un autre article, cette injonction à l’étroitesse du vagin peut également apparaître au sein même d’une maternité. Sans demander le consentement à la nouvelle mère, il arrive qu’un.e gynécologue lui inflige une mutilation douloureuse après l’accouchement. Il.elle recoud l’épisiotomie ou le périnée déchiré par un point de suture supplémentaire. Dans quel but ? Le plaisir sexuel du compagnon. Cette pratique a été banalisée pendant des années au sein des services de gynécologie, et des témoignages prouvent qu’elle n’a pas été totalement abolie. C’est ce qu’on appelle le « point du mari ».

Et vous, connaissiez-vous le mythe du vagin étroit ? Fait-il l’objet de discussion dans votre entourage ? Venez en parler sur notre forum.

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !
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