Avec l’essor de l’intelligence artificielle (IA), une petite révolution silencieuse est en marche. Derrière les lignes de code et les algorithmes se joue un bouleversement bien réel : celui du travail. Et, surprise (ou pas tant que ça), ce sont souvent les métiers majoritairement occupés par des femmes qui se retrouvent dans la ligne de mire. Secrétariat, service client, RH… des domaines où l’IA progresse à grande vitesse.
Pourquoi les métiers « féminisés » sont-ils plus vulnérables ?
Derrière ce constat, 3 grandes raisons expliquent pourquoi les femmes sont plus exposées à la vague d’automatisation que l’IA déferle sur le marché du travail.
1. Une forte concentration dans les tâches routinières
Les femmes occupent encore massivement des postes où la précision, l’organisation et la rigueur sont reines : assistanat, secrétariat, gestion de dossiers, traitement de données. Des qualités humaines indéniables… mais aussi des missions souvent répétitives, donc facilement automatisables. Selon un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), dans les pays à hauts revenus, 9,6 % des emplois dits féminins sont fortement exposés à l’IA, contre 3,5 % pour les hommes (Reuters, mai 2025). Autrement dit, les métiers féminisés sont 3 fois plus à risque d’être remplacés par un algorithme.
2. Une sous-représentation dans les métiers techniques
L’autre talon d’Achille, c’est la faible présence des femmes dans les filières technologiques. Peu nombreuses dans l’informatique, la data ou l’ingénierie, elles sont encore trop éloignées des secteurs qui créent – et contrôlent – l’IA. Résultat : les postes « du futur » sont souvent occupés par des hommes, tandis que ceux du « présent automatisable » le sont par des femmes. Selon l’UNESCO, cette sous-représentation limite l’accès des femmes aux compétences qui leur permettraient de tirer parti des transformations technologiques plutôt que de les subir.
3. Un déséquilibre structurel du marché du travail
Enfin, un facteur plus sociétal entre en jeu : les métiers dits « féminins » restent souvent moins valorisés et moins rémunérés. Cela les rend particulièrement vulnérables aux stratégies d’optimisation des entreprises, qui voient dans l’IA une manière de réduire les coûts. Comme le souligne World Politics Review, ces emplois sont donc parmi les premiers à être automatisés quand les dirigeants cherchent à « faire plus avec moins ».
Les métiers les plus exposés
Secrétariat et assistanat administratif
Les assistants virtuels, planificateurs d’agenda intelligents et outils d’automatisation de documents grignotent peu à peu les missions classiques du secrétariat. L’OIT alerte : « ce domaine est l’un des plus exposés à la substitution partielle par l’IA ». Cela ne veut pas dire qu’il disparaîtra, mais il se transformera en profondeur.
Service client et saisie de données
Vous avez déjà parlé à un chatbot sans vous en rendre compte ? C’est bien le signe que le service client est en pleine mutation. Les agentes de support – souvent des femmes – voient leurs tâches reprises par la reconnaissance vocale, les FAQ automatisées et l’analyse de texte. Selon Euronews Next (juin 2023), 79 % des femmes occupent des postes où l’IA générative pourrait remplacer une part significative des missions.
Communication et rédaction standardisée
Rédiger des mails, des comptes rendus, des fiches produits ou des posts sur les réseaux sociaux : tout cela peut aujourd’hui être fait en quelques secondes par une IA. Des outils comme ChatGPT, Jasper ou encore Copy.ai rendent la production de contenu plus rapide, mais aussi plus impersonnelle.
Ressources humaines, paie, gestion de dossiers
Même les fonctions support comme les RH ne sont pas épargnées. Les logiciels de gestion du personnel, d’analyse de CV ou encore de suivi de paie s’automatisent à grande vitesse.
Des risques d’inégalités accrues
Parler de disparition totale serait, pour l’heure, exagéré. L’OIT le précise d’ailleurs : l’IA « expose » des tâches, pas des postes entiers. Le véritable danger, c’est que cette transition accentue les fractures existantes. Si les femmes n’ont pas accès à la formation ou à la reconversion, elles risquent d’être reléguées à des emplois précaires, mal payés ou dévalorisés. World Politics Review met en garde : « sans action, on pourrait assister à un creusement des inégalités de genre structurelles, cette fois boosté par la technologie ».
Finalement, l’IA peut bien automatiser des tâches, mais elle ne remplacera jamais la valeur des personnes qui mettent du cœur, de la nuance et de l’empathie dans leur métier.
