Une main prise sans autorisation. Un regard insistant, et une présence qui dure. En juillet 2025, une touriste française en voyage seule au Maroc a partagé sur TikTok une vidéo devenue virale dans laquelle elle raconte avoir été victime de harcèlement sur une plage d’Essaouira. Derrière son calme apparent, son témoignage révèle une forme de violence banalisée : celle qui s’exprime sans cris, sans paroles, mais qui envahit l’espace personnel et brise le sentiment de sécurité.
Une scène banale… mais profondément dérangeante
La vidéo, publiée par la créatrice de contenu @itsloowesh, montre un décor paisible : une plage marocaine, le vent, la mer. Sauf que très vite, l’ambiance change. À l’écran, on entend la voix de la jeune femme raconter ce qu’elle vient de vivre. Elle répond à un homme, posément mais fermement : « On ne fait pas des bisous aux gens comme ça ». Il s’éloigne. Puis revient. Une heure plus tard, l’homme est encore là, silencieux, à quelques mètres d’elle.
Dans les commentaires de la vidéo, plusieurs internautes soulignent ce qui les a le plus choqués : « Il l’a touchée sans rien dire », « Pas un mot. Juste l’acte ». Une absence de langage qui rend le geste plus inquiétant encore. Il n’y a pas eu de tentative de dialogue, d’interaction, seulement une main posée sans permission.
@itsloowesh je suis CHOQUÉE de cette journée #travel #morroco ♬ female rage – bel6va
Une solitude transformée en insécurité
Ce qu’elle met en lumière, au-delà du pays ou du lieu, c’est le sentiment d’insécurité que beaucoup de femmes éprouvent lorsqu’un espace public leur est soudain retiré – non par violence physique, mais par une présence insistante, silencieuse et dérangeante.
Harcèlement silencieux, violence bien réelle
Le comportement décrit ne s’inscrit pas dans une interaction normale. Il n’y a pas eu tentative de séduction dite maladroite. Il y a eu intrusion sans parole, une façon de s’imposer sans demander, de réduire une femme à un objet que l’on touche, sans considérer qu’elle pourrait dire non.
Ce type de harcèlement – souvent qualifié de « low intensity » – est pourtant profondément déstructurant pour celles qui le subissent. Il s’insinue dans les corps, les esprits, la liberté de mouvement. Il rend suspect un simple moment de solitude ou de repos.
Réactions divisées… et révélatrices
Depuis la publication de la vidéo, les réactions sur TikTok et Twitter sont nombreuses. Beaucoup saluent le courage de la jeune femme et se reconnaissent dans ce qu’elle décrit. Des commentaires comme « J’ai vécu la même chose à Agadir », ou « Merci d’en parler, on se sent moins seules », affluent.
D’autres, en revanche, minimisent ou déplacent le sujet, l’accusant de faire des généralités ou d’attaquer une culture. La créatrice de contenu @itsloowesh n’a jamais prétendu parler de tout un pays. Elle décrit un fait. Un moment. Un ressenti.
Un problème global, pas local
Le harcèlement en voyage n’est pas propre à un pays. Il se manifeste partout, sous des formes variées. Ce qui diffère, c’est le degré de tolérance sociale, la réactivité des autorités, et les mécanismes de protection mis en place. Le récit de @itsloowesh ouvre une fenêtre sur un malaise plus large : celui du droit à la tranquillité, au repos, à la solitude choisie, sans que cela soit perçu comme une invitation.
Face à ce type de témoignage, la tentation est ainsi parfois de céder à la peur ou au renoncement. De nombreuses femmes continuent toutefois de voyager seules, en prenant des précautions, en se soutenant mutuellement, en partageant leurs expériences – les bonnes comme les mauvaises. Les outils de prévention (groupes d’entraide, applis de signalement, hébergements recommandés) ne remplacent pas la responsabilité collective de garantir un espace public sûr pour toutes.