Dans une vidéo partagée par @emmanantienza sur TikTok, un nouveau mode de refus fait le buzz. Plutôt que de dire simplement « non », elle propose d’utiliser une expression étrange et un peu apeurée pour faire fuir ceux qui l’importunent. Face à une avance non désirée, elle grimace, adopte un regard perturbé, et le jeune homme en diffusion immédiate prend la fuite.
Une grimace qui dit tout
Récemment, alors qu’@emmanantienza dansait en boîte avec une amie, un homme inconnu l’a saisie par la taille. Au lieu de répondre verbalement ou de le repousser, elle a esquissé une grimace, ni agressive, ni sarcastique, mais suffisamment étonnante et déstabilisante. Le résultat a été quasi immédiat : l’homme, visiblement mal à l’aise, s’est éloigné sans attendre plus longtemps.
@emmanatienzalonely cat lady speedrun♬ original sound – emmanuelle
Une déclinaison numérique
Selon @emmanantienza, elle ne venait pas justement pour s’attirer des attentions. Elle affirme que les harceleurs sont souvent des « visuals leaners » : des personnes qui réagissent principalement à la vue, et non aux sons. Pour eux, le ton compte moins que ce qu’ils voient. C’est pourquoi une réponse visuelle, brute et instinctive, peut avoir plus de poids que n’importe quel « pars » ou « non ».
Et @emmanantienza ne se contente pas de cette technique en face-à-face. Elle incite aussi les femmes à adopter un refus visuel s’il y a harcèlement par message. Elle propose d’envoyer à leurs harceleurs des selfies avec des grimaces expressives ou effrayées. L’idée est d’exprimer leur malaise de manière claire, sans avoir à rédiger un refus ferme. Selon elle, cette méthode surprend, déstabilise et met un frein à la dynamique intrusive.
Pourquoi ça fait débat
Cette initiative ne fait pas l’unanimité. D’un côté, de nombreuses femmes saluent cette méthode comme « un outil de défense original, non violent et intuitif ». Elles la trouvent ingénieuse, accessible, et surtout en phase avec une époque où le consentement devient (enfin) une évidence dans les échanges humains.
De l’autre, certaines voix s’élèvent : cette technique peut prêter à confusion, notamment dans les interactions numériques. Elle pourrait être mal interprétée, voire perçue comme un jeu ou une provocation, si le message ne passe pas clairement. Cela soulève une question essentielle : pourquoi faut-il en arriver à faire des grimaces ou crier pour se faire entendre ? Pourquoi les femmes doivent-elles redoubler de stratégie pour esquiver une simple insistance ?
C’est là que le bât blesse. Car si cette méthode est maligne, son existence même révèle un constat désolant : la charge du refus, encore et toujours, repose sur les épaules des femmes. Devoir utiliser des tactiques aussi improbables pour éviter un contact non désiré en dit long sur l’insécurité persistante dans l’espace public. C’est une illustration frappante de l’inversion du problème : au lieu de questionner ceux qui franchissent les limites, on continue d’inventer des outils pour aider les autres à s’en protéger.
Un miroir tendu à la société
Derrière l’aspect ludique de la méthode, il y a une vraie leçon. La proposition d’@emmanantienza met en lumière l’importance du langage corporel, et surtout de l’instinct. Elle rappelle que chaque visage, chaque corps, a le droit d’exprimer son inconfort sans avoir à prononcer un mot. Et que ce langage-là, souvent plus universel que des mots polis ou des explications rationnelles, peut être entendu plus vite, plus fort.
Ce n’est pas seulement une façon de dire non. C’est une manière de se réapproprier un espace souvent envahi, de reprendre du pouvoir, avec un simple froncement de sourcils ou un regard déstabilisant. C’est oser montrer qu’on n’est pas là pour plaire, qu’on n’a pas à se faire jolie, docile ou souriante pour mériter la tranquillité.
Et si cela dérange, tant mieux. Cela veut dire que le message passe. Car derrière la grimace, il y a une voix. Une voix qui dit : « Je suis ici pour moi, pas pour vous ». Une voix qui refuse les codes de la drague agressive, qui réinvente les gestes de défense. Une voix qui, même muette, en dit long sur le ras-le-bol d’une génération.
Alors oui, c’est radical, mais arfois, il faut l’être. Parce qu’il y a trop de mains baladeuses, trop de regards insistants, trop de « t’as pas l’air d’un vrai mec si tu respectes un non ». Parce qu’il est grand temps de rappeler que le problème n’est pas dans les refus, mais dans les avances non respectueuses. La grimace d’@emmanantienza ne changera pas le monde, mais elle a au moins le mérite de faire réfléchir. Et peut-être même, d’inspirer une nouvelle génération à dire « stop » à sa manière, sans culpabilité ni détour.