Voici pourquoi offrir un animal à Noël pose problème

À chaque Noël, il est coutume de voir des petits museaux sortir des emballages cadeaux ou des chiots affublés de noeud rougeâtre. Mais comme le martèlent les associations, les animaux n’ont aucunement leur place sous le sapin, entre les livres et les coffrets de parfum. Même si les enfants l’ont inscrit en lettre capitale sur leur liste de Noël, pas question de céder à ce désir compulsif et irréfléchi. Les animaux sont des êtres vivants, pas des peluches qui se jettent à la moindre lassitude. Ce présent, qui réjouit sur le coup, peut rapidement dépasser ses destinataires. Voici donc pourquoi offrir un animal à Noël pose problème et n’a strictement rien de mignon.

Un animal n’est pas un objet

L’an dernier, 74 % des Français.ses envisageaient d’offrir un animal à Noël. Pourtant, contrairement aux consoles de jeu, aux livres et aux cosmétiques qui demandent un entretien minimum, ces petites bêtes sont dotées d’une sensibilité. Ce ne sont pas des objets montés sur pile, qui fonctionnent seulement au gré des envies. Les animaux ont des besoins spécifiques et induisent des responsabilités. Les placer dans des paquets irisés et les envelopper de Bolduc est donc tout sauf « adorable ».

Offrir un animal à Noël revient à comparer les compagnons à poil à de la marchandise ou à de vulgaires « choses ». Or, ils nécessitent cent fois plus d’attentions qu’un sobre nounours inanimé ou qu’une poupée en plastique. Un animal de compagnie n’est pas simplement une présence physique, c’est un partenaire interactif dans la vie de son.a humain.e. À l’inverse des jouets qui peuvent très bien rester dans un coin et supporter la solitude, les animaux expriment des ressentis. Ils ne sont pas là pour « faire beau ».

En général, les enfants voient seulement le côté divertissant de l’animal et omettent toutes les parties plus contraignantes. Pourtant, il n’est pas seulement question de jouer à la baballe avec mais bel et bien de s’en occuper de A à Z. Ce qui induit de le nourrir, le sortir, et le laver, un peu comme un enfant. Un animal, c’est un membre à part entière de la famille, pas un objet dont on se débarrasse au premier désenchantement ou à la moindre bêtise. Offrir un animal à Noël décrédibilise tout le sérieux de l’adoption.

Le risque avéré d’abandon

Offrir un animal à Noël, c’est également sous-estimer toute la charge que représente ce camarade à quatre pattes. Contrairement aux idées reçues, un animal ne se contente pas seulement de dormir toute la journée et de dévaliser sa gamelle, comme Garfield. Il peut aussi saboter le canapé, faire ses besoins dans le bac à linge, mâchouiller les chaussures de l’entrée et laisser des poils un peu partout. Il peut également réclamer des balades en urgence à 5h du matin, perturber les nuits avec des objets bruyants et mettre le souk dans le salon. Qu’importe son tempérament, un animal exige un grand investissement personnel.

Même si les premières semaines semblent idylliques, dès que l’animal commet une faute ou commence à devenir trop « envahissant », il passe de présent croquignolet à cadeau empoisonné. Lorsqu’il prend trop de place et n’accomplit plus sa mission « récréative », l’animal est injustement mis à la porte. Chaque année, plus de 300 000 animaux sont abandonnés en France, soit un animal toutes les deux minutes.

Offrir un animal à Noël, c’est contribuer indirectement à ce terrible fléau. Recueillir un animal, n’est pas un sujet à prendre à la légère. Il doit être mûrement réfléchi et soulever de nombreuses questions sur le budget, l’engagement à long terme ou encore la disponibilité.

Adopter un animal nécessite une réflexion en amont

À Noël, il n’est pas rare d’offrir un animal pour assouvir les caprices des enfants et avoir (enfin) la paix des oreilles. Pourtant, même si les bambin.e.s réclament un chiot, un chaton ou un rongeur au père Noël, ce n’est pas une sage décision. Il suffit que l’animal n’obéisse pas à leurs ordres ou qu’il fasse la sieste au mauvais moment pour que les enfants en quémandent un autre « plus réactif ». L’animal n’est pas un objet télécommandé qui se met au garde-à-vous dès que les enfants le souhaitent. Mieux vaut donc leur acheter une peluche en « compensation » pour éviter ce scénario, tristement commun.

Adopter un animal de manière impromptue sans évaluer correctement si le bénéficiaire est prêt.e à en assumer la responsabilité peut entraîner des conséquences négatives pour l’animal. Sans rencontres préalables, difficile de savoir si l’animal aura des atomes crochus avec la famille et vice-versa. Il faut aussi que la petite bête « valide » ses futurs propriétaires. Un premier contact avec l’animal est nécessaire pour faire plus ample connaissance et mesurer le degré de « compatibilité ».

Offrir un animal à Noël, c’est le forcer à s’intégrer à une famille qui ne lui convient peut-être pas. Alors mieux vaut s’enlever cette idée de la tête. Fort heureusement, depuis 2022, l’adoption d’un animal est fermement encadrée par un « certificat d’engagement et de connaissance », ce qui limite les prises de conscience trop tardives.

Des alternatives en faveur du bien-être animal

Au lieu d’offrir un animal à Noël, pourquoi ne pas œuvrer pour leur bien-être ? L’association « 30 millions d’amis » a d’ailleurs répertorié plusieurs cadeaux de Noël, vraiment respectueux des animaux. Il est par exemple possible de parrainer un animal. Une alternative pour cultiver une proximité avec, sans pour autant l’accueillir sous son toit. Avec cette formule, vos proches peuvent ainsi être « l’ange gardien » d’un animal, souvent rescapé des pires horreurs. L’association l’ADADA, la Hardonnerie ou encore le refuge « Groin Groin » proposent cette douce complicité, riche de sens.

Il existe également des jeux de société qui s’attèlent à sensibiliser toutes les générations à la cause animale. Vous pouvez ainsi réunir les troupes autour d’un jeu des « 7 familles », revisité par l’association « C’est Assez ». À la place du « grand-père » ou de la « maman », trônent des mammifères marins menacés. Une façon plus ludique d’ouvrir les yeux sur la fragilité de certaines espèces. Pour ces jeux engagés, une partie des fonds est généralement réinjectée dans des projets « militants » et salutaires.

Offrir un animal à Noël n’est pas un cadeau attendrissant, c’est un choix dangereux. Les Fêtes ne devraient pas être un prétexte pour « profiter » de la mignonnerie de ces animaux. Encore une fois, les animaux sont victimes des coups de folie des humains et de leur éternelle impatience. 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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