« Tu enfanteras dans la douleur » : le docu poignant sur le tabou des violences gynécologiques & obstétricales

La réalisatrice Ovidie met en lumière les violences gynécologiques et obstétricales systémiques dans un documentaire poignant. Il démarre avec des témoignages de femmes ayant subi des césariennes à vif, des épisiotomies imposées, des actes non justifiés ni consentis, et diverses remarques sexistes et infantilisantes lors de leur accouchement. Un film plaidant pour la reconnaissance du « consentement éclairé » des patientes. Surtout lorsqu’elles sont traitées comme des machines à enfanter qui devraient accepter toutes douleurs, sur le court et long terme.

« Toutes les nuits, je me faisais rouvrir le ventre »

« J’ai mis des mois à m’en remettre, je ne pouvais plus dormir (…) toutes les nuits je me faisais rouvrir le ventre », témoigne ainsi une mère, tandis qu’une autre dit avoir « pris deux ans et demi » à se « reconstruire ». Le documentaire « Tu enfanteras dans la douleur » commence avec des témoignages glaçants de violences gynécologiques et obstétricales, qui ont mené certaines à des états de stress post-traumatiques. Dont celui de Marlène Schiappa, qui s’est livrée publiquement pour la première fois sur son expérience :

« On m’a oubliée dans une pièce pendant plusieurs heures, quand on est revenu la tête était en train de sortir. L’ascenseur était occupé, on m’a fait descendre à pied de plusieurs étages jusqu’à la salle d’accouchement. L’anesthésiste n’a pas voulu me faire de péridurale, car il trouvait que je me plaignais trop », décrit-elle.

Elle a reçu une lettre d’excuse de la maternité par la suite. « Tu enfanteras dans la douleur » est le 5e documentaire de la réalisatrice féministe Ovidie. Pendant 2 ans, elle a enquêté et recueilli des témoignages de femmes qui ont subi des violences telles que des césariennes à vif, des épisiotomies imposées, des actes non justifiés, et des remarques sexistes et infantilisantes lors de leur accouchement. Son travail mêle témoignages de mères, de juristes et de gynécologues, images d’archives et reportages, pour mieux comprendre la réalité des violences subies par ces femmes.

Les raisons de la violence

Pour quelles raisons les soignant.e.s n’écoutent pas les supplications de leurs patientes et agissent sans leur consentement ? La réalisatrice explique que ces violences gynécologiques et obstétricales sont liées à la manière dont la société considère les femmes. La douleur serait perçue comme « quelque chose d’habituel, de commun chez nous ». Et l’accouchement comme une étape forcément douloureuse, comme l’indique le titre du documentaire tiré de la « prophétie biblique ». Ainsi, ces idées reçues s’intègrent dans l’esprit des femmes, si bien que tout le monde l’accepte et personne ne va chercher à changer les choses.

Mais la réalisatrice Ovidie a justement elle cherché à comprendre les autres raisons de ces dérives, en donnant la parole aux soignant.e.s et aux sages-femmes. Ces soignant.e.s confessent être confronté.e.s à un manque de moyens, des pressions, des cadences et horaires infernaux, ce qui est peu compatible avec la bientraitance des patient.e.s.

De son côté, le docteur Israël Nisand, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), explique d’une part qu’il y a ce manque de moyens financiers qui obligerait le personnel médical à faire preuve d’efficacité, voire de précipitation, ce qui laisserait peu de place au dialogue avec les patient.e.s. Mais il met en avant également le besoin de défendre sa corporation de gynécologues et d’obstétricien.nes, en allant presque nier que les femmes puissent souffrir physiquement ou mentalement pendant leur accouchement et en conserver des séquelles.

Des soignant.e.s de plus en plus éduqué.e.s au consentement

Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes appelait déjà à une prise de conscience des pouvoirs publics sur les violences gynécologiques et obstétricales dans un rapport publié en juin 2018. Pour Ovidie, la solution à ce problème systémique reste l’éducation au consentement. Du côté des soignant.e.s, comme de celui des femmes.

« Le remède contre les violences obstétricales est simple, il suffit d’écouter les femmes », conclut-elle.

Néanmoins pour Ovidie, les choses sont en train d’évoluer, et il existe une nouvelle génération de jeunes soignant.e.s, plus conscientisée.e.s sur ces questions. Elle explique que les réseaux sociaux ont aujourd’hui permis une libération de la parole des femmes concernées, où les femmes peuvent témoigner librement à l’aide de hashtags tels que #BalanceTonUterus #PayeTonGynéco, etc.

Le documentaire « Tu enfanteras dans la douleur » est actuellement disponible gratuitement et en replay sur Arte, alors profitez-en !

Qu’en avez-vous pensé ? Avez-vous déjà été confronté à des violences gynécologiques et/ou obstétricales ? Venez partager vos impressions, vos ressentis sur nos forums, dans le coin Grossesse !

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !

Vous faites toujours la vaisselle juste après avoir mangé ? Ce n’est pas un hasard, disent les psys

Il y a des personnes chez qui la vaisselle s’empile jusqu’à former une tour de Pise dans l’évier....

Le classement des meilleures villes du monde vient de tomber et il surprend tout le monde

Le classement des meilleures villes du monde pour 2026 vient d’être publié, révélant des surprises qui bousculent les...

« Même à 50 ans, j’en frissonne » : cette série coréenne fait battre les cœurs

La série coréenne "Dynamite Kiss" fait grand bruit depuis sa sortie sur Netflix le 12 novembre 2025. Depuis...

Ces phrases qui révèlent une belle intelligence émotionnelle, même en pleine dispute

En pleine dispute, la façon dont on choisit ses mots peut révéler bien plus que notre humeur du...

Installée à Séville, cette Américaine remet en cause le mythe de son pays

Une jeune Américaine installée à Séville partage son regard critique sur les États-Unis, remettant en cause le mythe...

Elle a laissé ChatGPT choisir sa nouvelle ville, voici où elle a déménagé

Julie Neis, Américaine en quête de sérénité après un burn-out, a laissé ChatGPT choisir sa nouvelle ville de...