En hiver, vous grelottez souvent et vous subissez chaque coup de froid malgré une tenue couvrante ? Ce n’est peut-être pas qu’une question d’hormones ou de génétique. Les vêtements que vous shoppez dans le rayon femme sont naturellement moins épais et robustes que ceux de vos homologues masculins. Le sexisme s’inscrit même entre les lignes de vos habits.
Des vêtements plus fins chez les femmes, une aberration
Un mythe prétend que les femmes sont plus frileuses que les hommes. Certes, les femmes n’ont pas les hormones nécessaires pour combattre le froid, mais elles ont aussi des étoffes moins protectrices que leurs homologues dans leur dressing. Le tissu laisse passer tous les courants d’air. Ces pièces mode trouvées au rayon femme répondent plus à une norme esthétique qu’à un réel besoin de chaleur. Rien qu’au toucher, la différence se ressent. Les pulls des hommes sont de véritables boucliers, renforcés par des doublures épaisses tandis que ceux des femmes sont semblables à du papier de soie. Les doigts passent presque au travers. Ce qui explique certainement pourquoi vous avez toujours l’impression d’être un glaçon.
La misogynie est presque le fil rouge des vêtements de femmes. Et la théorie du « il faut souffrir pour être belle » imprègne vos coutures silencieusement. Des poches ridiculement petites qui peuvent à peine accueillir un téléphone, des boutons placés différemment, des shorts ultra courts dès le tendre âge, des pièces volontairement près du corps. La mode met fréquemment en avant le corps des femmes comme objet de désir là où elle reste neutre et fonctionnelle avec les hommes.
Les vêtements des femmes sont pauvres en tissu et habillent le corps de façon superficielle. Un sweat issu de la fast fashion fait environ 350 et 400 grammes au mètre carré chez les hommes alors que chez les femmes il tombe entre 250 et 300 grammes. Pas étonnant qu’à habit égal avec votre conjoint, vous soyez encore frigorifiée. D’ailleurs de plus en plus de femmes s’approvisionnent au rayon homme pour trouver des pièces d’hiver qui les enveloppent et qui accomplissent vraiment leur rôle.
La mode éphémère, principale cause de cette injustice textile
Si les vêtements de femmes manquent cruellement de tissus, ce n’est pas seulement le fait de la misogynie. Outre ces designs « made in macholand », les collections de femmes sont renouvelées plus souvent. Depuis le boom de la fast fashion, les vêtements défilent à vitesse éclair sur les cintres et ne se ressemblent pas.
Des marques prisées comme H&M et Zara doivent donc accélérer la cadence derrière les machines à coudre et proposer des nouveautés en un temps record. Elles font des concessions et économisent sur la matière, ce qui justifie des tissus médiocres voire inachevés. Aux antipodes de la mentalité « moins mais mieux », elles font « plus mais cheap ». Et ça se répercute sur votre silhouette, qui frissonne au contact du froid et qui endure chaque sortie sous les petites températures. D’où l’importance d’avoir quelques basiques intemporels de bonne facture plutôt que des tas de pièces cousues sur le pouce avec des matières sans intérêt.
Au lieu de cumuler les couches sur vos épaules et d’essayer de combler les manques d’une mode qui prône la quantité à la qualité, privilégiez des matières au pouvoir thermique comme la laine mohair, le velours ou le cachemire. Votre corps cherche un cocon pour passer la saison fraîche, pas une vulgaire toile de fond.
Le confort pour les hommes et l’apparence pour les femmes
Si les vêtements de femmes sont plus fins que ceux des hommes, c’est aussi parce que les attentes ne sont pas les mêmes. Selon plusieurs études, les hommes sont en quête de pièces robustes qui tiennent sur la durée et qui ne se dénaturent pas au premier lavage. Ils cherchent des « armures » qui répondent à une sorte de flemme. Les femmes, elles, veulent varier les plaisirs, suivre les tendances et soigner leur look. Elles vont se tourner vers des pièces qui flattent leur silhouette, s’attarder sur le tombé et la fluidité. En clair, elles sont plus attentives au rendu qu’au ressenti. Encore un effet secondaire des injonctions.
La mode a certainement aussi gardé de vieilles habitudes, qui n’ont plus lieu d’être. Autrefois, les vêtements destinés au vestiaire masculin étaient plus résistants, notamment les uniformes de travail. Ils se devaient d’apporter une certaine sécurité aux hommes des chantiers, d’où leur solidité. Les femmes, elles, restaient au foyer et pouvaient se contenter de la chaleur de leurs fourneaux. Autrement dit, elles n’avaient pas besoin de vêtements épais puisqu’elles passaient le quart de leur temps à la maison. Une façon de concevoir très stéréotypée qui perdure sous les aiguilles.
Ce n’est pas un scoop, la mode a toujours été contre les femmes (le corset en est le témoin). Au lieu de soutenir leur corps et le préserver du froid, elle fait le strict minimum et oublie volontiers le côté « utile ».
