Le monde de la mode perd l’une de ses figures les plus emblématiques. À 91 ans, Giorgio Armani s’est éteint, laissant derrière lui bien plus qu’une maison de couture : un héritage stylistique inégalé et une vision de l’élégance qui a traversé les décennies. Dans un communiqué publié ce 4 septembre 2025, son groupe a salué « le créateur, fondateur et infatigable moteur » d’une maison qui a redéfini l’élégance italienne.
Une révolution silencieuse dans le vestiaire féminin
Icône de la mode italienne, Giorgio Armani a redéfini les codes du costume dit masculin – mais son geste le plus audacieux fut sans doute d’en faire un pilier du dressing dit féminin. Dès la fin des années 1970, il commence à habiller les femmes avec des pièces jusque-là réservées aux hommes ; en leur offrant une nouvelle forme d’élégance, sobre, fluide, puissante.
Ses vestes souples, aux épaules légèrement structurées mais jamais rigides, ses pantalons larges tombant parfaitement, ses tailleurs d’une modernité déconcertante, sont autant d’invitations à repenser la mode. Armani ne cherchait pas à dissimuler les corps : il leur donne de l’espace, du mouvement, du souffle. Cette approche, profondément novatrice à l’époque, a offert à de nombreuses femmes un langage vestimentaire qui reflétait à la fois leur autorité nouvelle dans la sphère publique et leur désir d’élégance sans compromis.
Dans ses créations, pouvoir et grâce cohabitent – une rareté à l’époque. Le style Armani s’est ainsi imposé comme un manifeste discret mais percutant : une mode au service de celles et ceux qui refusent les carcans, qui cherchent l’allure sans la contrainte, et qui comprennent que le vêtement peut être un prolongement de l’émancipation.
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Un style qui traverse les écrans
C’est au cinéma que le grand public découvre véritablement son style. Le film « American Gigolo » (1980) de Paul Schrader marque un tournant. Richard Gere y incarne un escort séduisant, vêtu des créations du couturier italien : costumes en lin souples, chemises ouvertes, cravates assorties. L’allure Armani – lignes déstructurées, épaulettes affirmées, palette sobre – devient alors une esthétique en soi, aussi bien dans les rues que sur les plateaux de tournage.
Quelques années plus tard, « Miami Vice » consacrera ce look dans l’imaginaire collectif. Le costume n’est plus rigide : il devient fluide, élégant, confortable. Armani offre ainsi aux hommes une nouvelle silhouette, moins contraignante, plus sensuelle.
Une maison, une indépendance
Fondée en 1975, la maison Giorgio Armani s’est imposée comme l’un des piliers du luxe international. Ce succès, le couturier l’a bâti avec une exigence rare : celle de rester indépendant, de refuser les sirènes des grands groupes, de garder la main sur sa vision créative comme sur les orientations stratégiques de sa marque. Armani, c’était une élégance qui se glisse dans le quotidien comme sur les tapis rouges.
Un héritage intact
Jusqu’au bout, Giorgio Armani a veillé sur son empire avec discrétion et constance. Son nom reste aujourd’hui synonyme de rigueur, de grâce et de modernité. Ses créations continuent de défiler dans les plus grandes capitales de la mode, habillant célébrités, chefs d’État et anonymes amoureux de lignes pures. Ceux qui ont connu les années 1980 savent ce qu’il a apporté à une époque avide de nouveauté. Pour les générations suivantes, il restera un repère de style, un artisan de l’élégance intemporelle.
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En définitive, Giorgio Armani ne disparaît pas vraiment : il s’imprime dans les coupes des vestes, dans le tombé des étoffes, dans le goût d’un vêtement bien fait. Une trace indélébile dans l’histoire de la mode, que l’on espère toujours plus inclusive, responsable et ouverte à toutes les singularités.