Le 13 mai prochain, France 5 diffusera un documentaire « Alcool au féminin, elles brisent le tabou », réalisé par Alexandra Combe. À cette occasion, Muriel Robin a choisi de briser le silence autour d’un sujet encore trop souvent tabou : l’alcoolisme, dans sa forme dite mondaine.
Une dépendance masquée derrière les apparences
Interviewée dans l’émission « C l’hebdo la suite » par Marina Carrère d’Encausse, l’actrice et humoriste Muriel Robin y livre un témoignage d’une rare franchise. « J’étais alcoolique mondaine. Beaucoup de gens sur cette planète le sont et ne le reconnaissent pas. Ils se mentent », confie Muriel Robin dans le documentaire. Un aveu puissant, d’autant plus marquant qu’il s’inscrit dans une société où l’alcool festif est banalisé, voire valorisé.
Muriel Robin revient sur un début de consommation précoce. « Mon père avait eu la mauvaise idée de me faire boire une bouteille de Sancerre alors que je n’avais que 12 ans », explique-t-elle. S’en sont suivies des années de consommation régulière, presque normalisée : « J’ai compris qu’il était anormal de boire une bouteille de champagne quasiment par soir ».
C’est ce qu’on appelle l’alcoolisme mondain : une forme de dépendance difficile à repérer, car dissimulée derrière les codes de la sociabilité, des dîners élégants et des soirées entre amis. On boit pour se détendre, célébrer, exister dans un groupe. Mais la régularité s’installe. Et le corps, comme l’esprit, en deviennent captifs.
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L’alcoolisme mondain, une réalité sous-estimée
Contrairement aux idées reçues, l’alcoolisme ne touche pas seulement les personnes en grande précarité. Selon les spécialistes, il peut concerner toutes les catégories sociales, y compris celles qui affichent une vie bien remplie, réussie, équilibrée en apparence.
Stéphanie Ladel, consultante sociale et addictologue, explique dans Santé Magazine : « Quel que soit l’environnement social, on estime qu’il y a dépendance à partir du moment où la personne ne parvient pas à s’arrêter de boire, même si cela nuit à sa vie professionnelle, sociale ou personnelle ». Ce type d’alcoolisme est d’autant plus dangereux qu’il est minimisé, voire nié. On parle de « verre de trop », jamais de dépendance. Pourtant, l’addiction s’installe en silence.
Le rôle décisif de l’entourage
Si Muriel Robin a pu prendre conscience de sa situation, c’est en grande partie grâce à sa compagne, l’actrice Anne Le Nen. Celle-ci lui a adressé un avertissement aussi douloureux que salvateur : « Si tu veux te détruire, fais-le, mais je ne peux pas rester et regarder quelqu’un que j’aime sombrer ».
Ce choc émotionnel a été un véritable déclencheur pour Muriel Robin. Elle a pris conscience que sa consommation n’était plus anodine, et qu’elle affectait non seulement sa santé, mais aussi ses proches. Le documentaire « Alcool au féminin, elles brisent le tabou », réalisé par Alexandra Combe, met en lumière ce moment charnière, où la lucidité revient, souvent grâce à l’amour ou au soutien de l’entourage.
Un témoignage pour briser les tabous
En acceptant de parler publiquement de son parcours, Muriel Robin donne une voix à toutes les personnes qui vivent la même réalité, souvent dans le silence et la honte. Son témoignage est d’autant plus précieux qu’il s’inscrit dans une initiative plus large : celle de faire entendre la parole des femmes face à l’alcool, une addiction encore trop peu représentée dans les médias.
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Le documentaire « Alcool au féminin, elles brisent le tabou », réalisé par Alexandra Combe, sera suivi d’un débat dans l’émission « C ce soir », animée par Karim Rissouli. L’occasion de poursuivre la réflexion, de sensibiliser le public et, peut-être, d’encourager d’autres personnes à se confier ou à demander de l’aide.