Près de 9 ans après avoir été braquée dans une suite d’un hôtel parisien, Kim Kardashian a livré le 13 mai 2025, au tribunal de Paris, un témoignage dense, personnel et empreint de dignité. Face aux accusés du plus gros vol contre un particulier en France depuis deux décennies, la star américaine a détaillé, pendant plus de 4 heures, la nuit où elle a cru ne jamais revoir ses enfants.
Une nuit d’octobre gravée dans la mémoire
Le 2 octobre 2016, vers 3 heures du matin, 5 hommes déguisés en policiers font irruption dans la résidence hôtelière parisienne où séjourne Kim Kardashian, venue assister à la Fashion Week. Le commando maîtrise le réceptionniste, monte dans la suite de la star et réclame « the ring », la bague de fiançailles offerte par Kanye West, estimée à 3,5 millions d’euros. Au total, 9 millions d’euros de bijoux seront dérobés, un butin jamais retrouvé.
Ligotée, bâillonnée, traînée jusqu’à la salle de bain, Kim Kardashian décrit au tribunal un moment de panique absolue : « J’étais certaine de mourir cette nuit-là », affirme-t-elle, la voix brisée. Elle dit avoir prié en silence, pensé à ses enfants, et cru, à demi-nue sous son peignoir ouvert, qu’elle allait être violée. L’un des agresseurs referme alors ses jambes avec du ruban adhésif et lui murmure : « Chut, tout ira bien pour toi ».
Une scène de terreur, des souvenirs précis
Le témoignage de Simone Bretter, sa styliste et amie d’enfance, venue ce jour-là apporter son propre récit, confirme la scène. Cachée au rez-de-chaussée, elle entend la voix de Kim, méconnaissable de frayeur : « Ce n’était pas elle. C’était de la terreur ». Elle se souvient distinctement de cette phrase : « J’ai des bébés et j’ai besoin de vivre. Prenez tout, laissez-moi vivre ».
Abderrahmane Ouatiki, le veilleur de nuit de la résidence, a lui aussi témoigné avec précision. Plaqué sur un bureau, menotté, puis conduit dans la chambre de la star, il sert d’interprète improvisé entre Kim Kardashian et les braqueurs. Ce doctorant en sémiologie, aujourd’hui retourné vivre en Algérie, raconte une nuit de confusion, de tension, et de peur. Lui aussi a cru que les criminels cherchaient une « taupe », soupçon dont il a mis des années à se remettre.
Des excuses tardives, un pardon inattendu
Aomar Aït Khedache, 69 ans, considéré comme le « cerveau » du braquage, a fait lire une lettre d’excuse au tribunal. Il y exprime ses regrets, affirmant n’attendre aucune indulgence mais souhaitant « parler en tant qu’être humain ». Devenu sourd et muet, il suit les débats via un écran retranscrivant les paroles.
Kim Kardashian, en robe noire à volants, écoute, puis répond, en pleurs : « Je vous pardonne pour ce qui s’est passé. Mais ça n’enlève pas le traumatisme que j’ai vécu ». Elle évoque son combat pour les droits des détenus aux États-Unis et son engagement en droit pénal : « J’ai toujours cru en une deuxième chance ».
Le pardon, dit-elle, ne signifie pas l’oubli. Depuis ce braquage, sa vie a changé. Plus de solitude à l’hôtel, des bijoux enfermés loin de chez elle, et des gardes du corps omniprésents. « À l’époque, je croyais pouvoir être seule à Paris. Ce n’est plus le cas ».
Une affaire hors normes
Dix personnes comparaissent dans ce procès. La plupart sont des hommes vieillissants, surnommés dans la presse les « papys braqueurs ». Leurs profils, parfois étonnamment discrets, contrastent avec la violence de l’acte. L’ADN de l’un d’eux a été retrouvé sur le ruban ayant servi à ligoter Kim Kardashian.
En janvier 2017, plusieurs suspects sont arrêtés. Lenquête, complexe, révèle que le butin aurait été écoulé en Belgique. Seul un collier aurait été retrouvé dans la fuite. Les aveux, tardifs, et les versions parfois floues ne suffisent pas à dissiper les zones d’ombre autour de cette opération minutieusement orchestrée.
Depuis cette nuit, Kim Kardashian n’est plus jamais revenue à Paris sans mesures de sécurité draconiennes. Son rapport à la ville, à la liberté, et à sa propre vulnérabilité a été bouleversé. « Maintenant, j’ai 4 gardes pour dormir la nuit », a-t-elle glissé, presque en s’excusant.
Sur le banc des parties civiles, c’est ainsi une femme debout, déterminée, qui s’est exprimée. Pas une icône figée dans ses apparences, mais une survivante, marquée mais lucide. Elle n’a pas fui la confrontation, elle a choisi de venir dire, dans un palais de justice parisien, ce que cette nuit lui a enlevé – et ce qu’elle s’est efforcée de reconstruire.