Alcoolisme : comment ouvrir la discussion avec un proche dépendant ?

Si l’alcool occupe une grande place dans la culture française en se voulant festif, il est aisé de tomber dans l’excès. Alors qu’il n’existe pas de frontière nette délimitant la dépendance, des signes peuvent aiguiller. En France, on estime à 15,2 % le nombre d’hommes et 5,1 % de femmes buvant quotidiennement. Or, bien que l’alcoolisme soit une réelle maladie, il subit de nombreux tabous qui rendent son approche délicate. Comment trouver les mots et ouvrir la discussion sur l’alcoolisme ? Quelques pistes accompagner un.e proche dépendant.e.

Les signes de l’alcoolisme

Rappelons tout d’abord que l’alcoolisme est une maladie. La dépendance n’arrive pas du jour au lendemain : « le glissement d’une consommation contrôlée et festive vers une consommation excessive et dépendante se fait insidieusement ». On parle d’alcoolisme à partir du moment où la quantité de boisson ingérée n’est plus contrôlée. On peut avoir recours à un test d’abstinence qui permettra de remarquer ou non les symptômes du manque : des tremblements, des suées, des nausées et vomissements et des troubles cardiaques tels que de la tachycardie.

Une personne alcoolique subira principalement une humeur changeante menant à des rapports sociaux « faux » puisque voilés par l’alcool. L’intérêt pour la vie quotidienne perd également en intensité – voire s’éteint tout à fait, et ce même dans les moments de sobriété. Rapidement, la boisson devient une échappatoire dans laquelle se réfugient les personnes atteintes face à des sentiments contrariants ou douloureux.

De l’euphorie à l’irritabilité voire à l’agressivité, la personne alcoolisée se trouve en état de conscience altérée. Ses discours peuvent être incohérents et répétitifs. Discours dont des traces persistent difficilement une fois sobre, car, en effet, l’alcool joue un rôle très important dans la perte de mémoire.

Des pistes pour aider un proche alcoolique

S’informer

Si vous êtes ici, vous avez déjà entamé la première étape. Avant toute chose, il est important de se renseigner sur l’alcoolisme. En arrivant avec des clés, vous serez plus en mesure de comprendre cette maladie, ses enjeux et les possibilités de sorties.

Le site alcool-info-service.fr propose de nombreuses ressources ainsi qu’un numéro vert (0 980 980 930).

Tenter d’ouvrir le dialogue

Si elle fait peur, la phase du dialogue est cruciale dans la sensibilisation à l’alcoolisme. Notez bien qu’il est primordial que celle-ci ait lieu dans un moment de sobriété. Doivent absolument être écartés toute colère ou ressentiment. On met de côté les reproches qui peuvent être des déclencheurs de l’envie de boire, car exacerbant la culpabilité. Profitez de ce moment pour exprimer vos besoins vis-à-vis de l’autre et vos espoirs concernant un avenir sans alcool.

On fait attention à souligner le statut de « maladie » pour déculpabiliser son interlocuteur.rice. En effet, « en général, les personnes en difficulté avec l’alcool mettent du temps à consulter, car elles sont persuadées d’être atteintes d’une tare ou d’une perversion. Si on parle de leur alcoolisme comme d’une maladie, on diminue de moitié leur charge anxieuse. D’une certaine façon, cela permet de banaliser le problème et de le mettre à distance », explique Fatma Bouvet de la Maisonneuve, docteure, psychiatre et addictologue.

Si ouvrir la discussion concernant l’alcoolisme ne résout pas tous les soucis, elle permet de faire prendre conscience et d’établir un terrain de confiance.

Éviter le déni

Comme toutes les maladies, l’alcoolisme ne se soigne pas par magie. Si l’envie personnelle joue beaucoup, le corps reste affecté par l’alcool. Le recours à un.e spécialiste médical.e est un réel levier.

Des médicaments peuvent être prescrits pour accompagner le sevrage et une aide psychologique permet de l’appréhender différemment. Cela rend la chose réelle tout en présentant des portes de sortie concrètes. La consultation ne peut avoir lieu qu’à l’initiative de la personne concernée, dans la continuité d’une motivation personnelle.

Encourager et accompagner dans les efforts

Dans le chemin vers la sobriété, les rechutes sont courantes et récurrentes. Cependant, elles ne sont pas une fatalité. La culpabilisation doit être absente. La guérison demande du temps et de la patience.

En ayant pré-établi une communication ouverte, vous permettez à votre proche de se sentir entouré.e dans son parcours. Cependant, c’est bel et bien son parcours. Vous ne pouvez pas influencer ses décisions et ses méthodes. Vous pouvez proposer des activités agréables loin de la boisson telles que de la cuisine pour une activité gustative, ou du sport ou des balades pour quelque chose de plus physique… mais vous ne pouvez pas faire à sa place. Parce que le cerveau fonctionne par association, le sentiment de mal-être incite à boire. En cas de contrariété, on peut proposer des occupations diverses prouvant que cette dernière peut être endiguée par autre chose.

Il est important pour la personne dépendante de prendre la situation en main d’elle/lui-même, sur la base de sa propre envie. Exit la technique voulant que l’on jette brutalement et sans un mot toutes les bouteilles. En vous emparant du contrôle, vous risquez de le.a déresponsabiliser, le.a culpabiliser et lui retirer l’envie et la motivation de faire des efforts.

Vous préserver

Si vous prenez à cœur d’être un pilier pour votre proche alcoolique, votre bien-être doit en pâtir le moins possible. Il est crucial que vous pensiez à vous, ne serait-ce que pour prendre du recul sur la situation. Voyez vos ami.e.s, continuez vos activités favorites, trouvez des passe-temps agréables… votre vie ne peut pas tourner autour de la maladie de votre proche.

Aussi, toutes les personnes alcooliques ne sont pas violentes, mais la moindre trace de menace doit faire l’objet d’une prise de distance. Votre sécurité reste primordiale.

Cette liste ne représente que quelques pistes pour ouvrir la discussion concernant l’alcoolisme. Pendant une fête, l’alcool coule plus facilement de la bouteille vers le verre – et ce à de multiples reprises. Si vous êtes vous-mêmes en train d’arrêter de boire, rappelez-vous qu’il n’y a aucune honte à refuser une boisson. Si l’un.e des convives semble trop ivre pour prendre le volant, n’hésitez pas à l’inciter à rester. Mieux vaut une nuit inconfortable sur un canapé, qu’un accident de la route aux conséquences fatales.

Faustine Moulin
Faustine Moulin
Formée en radio, j'ai fait mes classes à base de chroniques et interviews concernant la scène musicale et autres sujets plus niches les uns que les autres. Rédactrice passionnée et extravertie qui aime rentrer chez elle à la fin de la journée, je cherche l'intérêt dans tous les sujets.
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