Rebecca Sharrock, une Australienne de 34 ans originaire de Brisbane, fait partie d’un cercle très restreint de moins de cent personnes dans le monde diagnostiquées avec une mémoire autobiographique hautement supérieure, ou hyperthymésie (H-SAM). Depuis l’enfance, elle se souvient de chaque jour de sa vie avec une précision stupéfiante : ce qu’elle portait, ce qu’elle ressentait, les moindres détails de ses journées, qu’ils soient anodins ou bouleversants. L’émission « Memory Matters » diffusée par SBS s’interroge sur ces enjeux, en explorant le lien entre mémoire, perception et construction de soi.
Une mémoire hors du commun
Contrairement à la plupart des gens, Rebecca se rappelle non seulement les grands événements, mais aussi les jours les plus ordinaires. Elle peut décrire ce qu’elle a fait un 12 avril 2005 comme si c’était hier. Son tout premier souvenir ? Elle affirme que c’est celui d’être dans le ventre de sa mère.
Une vie dévoilée par le souvenir
Diagnostiquée à l’âge de 23 ans, après que ses parents ont vu un reportage de « 60 Minutes » sur l’hyperthymésie aux États-Unis, Rebecca a entrepris un long parcours d’évaluations scientifiques. Elle s’est rendue à l’université de Californie à Irvine, où elle a subi plusieurs années de tests et d’imageries cérébrales. Jusqu’à cette confirmation médicale, elle pensait simplement avoir une « mémoire inhabituelle ».
Un don qui a ses limites
Si cette capacité extraordinaire fascine, elle comporte également son lot de difficultés. Rebecca ne peut pas effacer les souvenirs désagréables ou traumatiques : ils sont aussi présents et vivaces que les moments heureux. « J’ai toujours vécu avec ça. Je ne sais pas ce que c’est que de vivre autrement », confie-t-elle.
Le flot constant détails et d’émotions passées rend le repos mental presque impossible. Pour Rebecca, chaque journée est accompagnée d’une multitude de réminiscences, ce qui peut compliquer les relations sociales, les prises de décision, ou tout simplement l’expérience du présent.
L’histoire de Rebecca soulève ainsi une réflexion plus large : jusqu’à quel point notre mémoire définit-elle notre identité ? Et peut-on toujours faire confiance à nos souvenirs ?