Chirurgie de la vulve : une « nouvelle mode » inquiétante chez les ados

De plus en plus de jeunes femmes ont recours à un « lifting de la vulve ». La nymphoplastie consiste à réduire ou modifier les lèvres du sexe féminin. Les expert.e.s alertent sur les dangers que peuvent présenter cette opération chirurgicale à la mode. Quelles sont les conséquences et pourquoi ce succès grandissant auprès des adolescentes ? Zoom sur un phénomène qui inquiète.

La nymphoplastie : une chirurgie en vogue

« Trop » asymétriques, « trop » grandes, « trop » roses… de nombreuses jeunes femmes complexent sur les lèvres de leur vulve. Elles les jugent « trop saillantes » et en viennent de plus en plus à une opération chirurgicale. Aussi appelée labioplastie, parfois orthographiée labiaplastie, cette chirurgie esthétique consiste à réduire ou modifier la taille des lèvres vaginales.

Les jeunes femmes qui cherchent à réaliser cette opération se multiplient depuis quelques années aux États-Unis, au Royaume-Uni. Et aujourd’hui de plus en plus d’adolescentes y ont recours en France. D’après la Société française des chirurgiens esthétiques plasticiens (SOFCEP), 4 600 Françaises de tout âge ont eu recours à cette opération en 2016. Elles étaient 1 839 en 2010.

Les conséquences sur la santé mentale et physique

Un grand nombre d’expert.e.s s’inquiètent des conséquences de l’effet de mode de la nymphoplastie. L’Association américaine des gynécologues et obstétriciens encourage les professionnel.le.s à éduquer et à rassurer les jeunes patientes sur l’opération. Aussi, elle incite au dépistage des troubles psychiatriques liés à l’obsession des « défauts physiques » (dysmorphophobie).

Mais alors, quelles sont les conséquences d’une nymphoplastie sur la santé ? On dit qu’elle pourrait entrainer une perte de sensations ou autres dommages dans le fonctionnement de l’appareil génital. Une diminution de la sensation sexuelle, un engourdissement, une douleur ou encore des cicatrices. Selon le chirurgien Yohann Derhy pour Santé Magazine « très sincèrement, c’est ne pas connaitre l’anatomie humaine : il n’y a aucune corrélation entre les lèvres et l’innervation du clitoris et du vagin. Cette dernière est très profonde tandis que les lèvres sont externes et superficielles. »

Le problème est que la société a placé le sexe de petite fille comme le sexe « parfait » aux normes. Ceci en dit beaucoup sur notre rapport à la pédocriminalité. Des petites lèvres, peu proéminentes, lisses, peu humidifiées… Si les gynécologues et associations rappellent qu‘il existe autant de types de vulves que de femmes, la représentation d’une vulve est souvent simplifiée, résumée à des fentes discrètes. Des fentes irréalistes, que l’on peut observer depuis les tableaux de la Renaissance jusqu’aux films porno. Ces représentations continuent d’attaquer profondément l’estime de soi des femmes.

Aujourd’hui, la conversation sur la perception du corps féminin a repris, notamment grâce aux travaux artistiques qui déboulonnent les idées reçues et les tabous sur le sexe. On pense notamment au Great Wall of Vaginas, une sculpture réalisée à partir de moulage en plâtre de vulves dans toutes leur diversité. Ou encore My Dear Vagina, un compte Instagram et un livre qui rend hommage à toutes les vulves avec brio.

Pourquoi ces ados sont attirées par la nymphoplastie ?

Les plus souvent, ces jeunes femmes qui cherchent à réaliser une nymphoplastie mettent en avant une gêne physique. Elles seraient gênées en portant certains sous-vêtements, lorsqu’elles pratiquent du sport ou pendant leurs rapports sexuels. Mais ces jeunes femmes sont bien plus préoccupées par la dimension esthétique de leur vulve. Elles parlent d’une vulve « informe », « dégoutante », selon Sarah Piazza, psychologue clinicienne à l’université Paris Diderot.

Quelles raisons poussent ces jeunes filles et femmes à modifier leur sexe ? Cette discussion a été reprise en septembre dernier lorsque Maeva Ghennam, star de la téléréalité suivie par près de 3 millions de personnes, a fait une déclaration dangereuse sur son opération chirurgicale. « Moi j’ai un beau vagin, c’est important d’avoir un beau vagin. Il faut l’entretenir et là c’est super bien c’est comme si j’avais 12 ans », avait-elle raconté sur ses réseaux sociaux.

Une vulve d’une enfant ne devrait jamais être un référentiel de beauté ! Ce type de propos est extrêmement grave puisque des jeunes filles pourraient penser que leur vulve est trop ceci ou pas assez cela. En prime, un tel message participe à la pression sans cesse exercée sur les corps des femmes.

On a également tendance à dire que la pornographie serait le grand coupable du fléau de la nymphoplastie. La chercheuse doctorante à l’université Paris 8 et spécialiste de la thématique, Ludivine Demol n’est pas d’accord.

« Dans le porno comme ailleurs, il existe autant de formes de vulves que de types d’épilation. Si le problème venait de lui, on aurait déjà observé une hausse des opérations chez les actrices », explique-t-elle à Madame Le Figaro.

Une femme ne doit pas se sentir obligée de modifier l’apparence de son sexe afin de se conformer aux normes. La vulve « normale » n’existe pas. Les différentes morphologies sont peu représentées mais existent bien.

Connaissiez-vous ce « phénomène » de nymphoplastie ? Qu’en pensez-vous ? Venez partager vos impressions sur le forum de The Body Optimist.

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !
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