L’Ozempic est sur toutes les lèvres – parfois même au sens littéral. Ce médicament révolutionnaire dans le traitement du diabète est, malheureusement, devenu une star des réseaux sociaux. Avec cette célébrité inattendue vient une polémique très visible : le « visage Ozempic ».
Une métamorphose qui fait jaser
Vous avez peut-être vu passer ces avant/après de célébrités sur TikTok ou Instagram, montrant des visages plus fins, plus creusés, parfois méconnaissables. Non, ce n’est pas un filtre mal réglé. Ce que vous voyez, c’est peut-être le fameux « visage Ozempic ». Une appellation qui intrigue autant qu’elle inquiète, car l’amaigrissement rapide entraîne des modifications physiques qui ne passent pas inaperçues.
Popularisé par des professionnels de santé comme le Dr Paul Jarrod Frank, ce phénomène désigne l’effet secondaire le plus visible du sémaglutide (la molécule active de l’Ozempic) : une perte significative de la graisse sous-cutanée au niveau du visage. Résultat ? Des traits plus anguleux, des pommettes vidées, des tempes creuses, et une peau qui semble parfois vieillir prématurément. Une véritable métamorphose qui ne correspond pas forcément à l’image que l’on se fait d’une « bonne mine ».
La beauté ne devrait pas rimer avec fatigue
Ce qui est ironique, c’est que dans une société qui valorise un visage « frais », la perte de poids rapide – pourtant souvent applaudie – peut donner lieu à des commentaires blessants du type : « Tu as l’air fatiguée » ou « Tu étais mieux avant ». Le corps est affiné, certes, mais le visage, lui, semble porter tout le poids de cette transformation.
Le contour de la bouche, notamment, est l’un des témoins les plus flagrants de cette perte de volume. Ce qu’on appelle désormais la « bouche Ozempic » n’a rien de poétique. Le Dr Guido Cornegliani, chirurgien esthétique à Milan, explique dans Vanity Fair : « L’expression bouche Ozempic désigne un creux dans le tiers inférieur du visage, dû à une perte drastique de graisse sous-cutanée ».
Précisons qu’il n’y a rien de honteux à changer, et encore moins à avoir un visage qui évolue. Chaque visage raconte une histoire, chaque trait porte son vécu. Le problème ici n’est pas le changement en soi, mais la pression sociale qui pousse à utiliser un traitement, pour des raisons esthétiques, sans accompagnement adapté.
Quand la médecine esthétique veut réparer… sans transformer
Face à ces visages altérés par la fonte graisseuse, les cabinets de médecine esthétique se remplissent. Les demandes affluent pour « corriger » les creux, « rafraîchir » le regard, ou « redonner du galbe » aux joues. Parmi les traitements les plus plébiscités : les biostimulateurs comme le Nucleofill, qui redensifient la peau, ou la radiofréquence à micro-aiguilles, qui stimule le collagène sans ajout de volume.
Certains optent pour le lipofilling, une technique consistant à réinjecter la propre graisse du patient. La vraie clé, selon de nombreux experts, c’est la prévention. Si vous envisagez ou suivez un traitement au sémaglutide, soyez accompagnée par un professionnel.
Les réseaux sociaux : entre influence et injonctions
Dans l’arène impitoyable des réseaux sociaux, chaque transformation physique devient un sujet de débat. Trop mince ? Critiquée. Trop de rides ? Moquée. Trop de retouches ? Dénigrée. Le « visage Ozempic » n’est qu’un nouveau chapitre dans cette histoire sans fin d’injonctions esthétiques contradictoires.
Ce paradoxe est particulièrement cruel : la perte de poids est souvent célébrée, mais ses effets secondaires sont pointés du doigt avec la même véhémence. Ce climat toxique renforce un « idéal de beauté » inatteignable, qui exige d’être mince tout en restant pulpeuse, jeune mais au naturel, sculptée mais sans effort apparent.
Il est temps de redonner du pouvoir à chaque personne sur son image, sans diktat. Le « visage Ozempic » devrait être l’occasion d’ouvrir une vraie discussion sur les attentes irréalistes que la société projette sur nos corps. Et surtout, de rappeler que votre beauté ne se mesure pas à la rondeur de vos joues ou à la fermeté de vos pommettes.
Terminons par rappeler que la minceur rapide n’est pas une baguette magique. Et aucun traitement ne devrait vous faire oublier que vous avez le droit d’exister et de rester telle que vous êtes, sans justification. Alors, avant de vouloir « corriger » votre reflet, demandez-vous : est-ce que je veux changer pour moi… ou pour plaire à un miroir numérique ?.