Un bâillement est souvent perçu comme un simple signe de fatigue ou d’ennui. Pourtant, ce réflexe aussi naturel qu’universel pourrait révéler bien plus sur votre santé hormonale — notamment sur votre taux de cortisol, l’hormone du stress. Explications.
Le bâillement, un indicateur hormonal insoupçonné
De nombreuses recherches ont tenté de percer les mystères du bâillement, sans parvenir à une explication unique et définitive. Mais une piste attire particulièrement l’attention des chercheurs : celle du lien entre bâillement et cortisol, cette hormone qui régule notamment le stress, la vigilance et le métabolisme.
C’est ce qu’a exploré une étude publiée dans l’International Journal of Medical Research, menée par Simon Bn Thompson et Phil Bishop. Leur hypothèse, baptisée Thompson cortisol hypothesis, suggère que les niveaux de cortisol s’élèveraient durant un bâillement, tout comme ils le font en période de stress ou de grande fatigue.
Une expérience révélatrice
Dans cette étude, 20 participants âgés de 18 à 53 ans ont été exposés à des stimuli provoquant des bâillements. Des échantillons de salive ont été collectés avant et après les épisodes de bâillement afin de mesurer les taux de cortisol. En parallèle, les chercheurs ont enregistré l’activité musculaire de la mâchoire à l’aide d’un électromyogramme pour analyser les phases de repos et d’activation.
Résultat : chez les participants ayant bâillé, les niveaux de cortisol ont significativement augmenté après le bâillement. Ce lien n’a pas été observé chez ceux qui ne bâillaient pas, confirmant partiellement l’idée que le bâillement serait une réponse physiologique au stress ou à la fatigue croissante.
Un miroir hormonal de notre état intérieur
En clair, bâiller ne serait pas un simple réflexe de relâchement, mais un signe physiologique tangible d’un déséquilibre hormonal temporaire, notamment d’un pic de cortisol. Le corps chercherait ainsi à réguler sa température interne ou à stimuler l’éveil via ce mécanisme.
Les chercheurs évoquent même la possibilité de développer un outil de diagnostic basé sur la détection de variations du cortisol pendant le bâillement, susceptible d’aider à repérer précocement certains troubles neurologiques.
Si vous bâillez fréquemment sans raison évidente, cela pourrait ainsi être le reflet d’un stress sous-jacent ou d’une fatigue accumulée. Il ne s’agit pas forcément d’un symptôme grave, mais cela mérite sans doute d’être écouté. Comme le montre l’étude de Simon Bn Thompson et Phil Bishop, notre corps parle souvent plus fort que nos pensées — encore faut-il savoir l’écouter, même à travers un simple bâillement.