Et si le plaisir sexuel ne se résumait pas à l’orgasme ? L’orgaste, concept méconnu, propose une autre manière d’écouter son corps. Moins spectaculaire, mais tout aussi profond.
Orgaste, ce plaisir que vous vivez déjà sans le savoir
Chaque 21 décembre, en plein solstice d’hiver, se célèbre une journée peu banale : la Journée mondiale de l’orgasme. Créée par un duo d’activistes américains, cette initiative vise à rappeler que la sexualité peut aussi servir la paix. Leur message pose une vraie question : avons-nous vraiment exploré toutes les facettes du plaisir ? Spoiler : non. Et c’est là que l’« orgaste » entre en scène, tel un invité discret mais essentiel.
Vous avez probablement déjà connu un orgaste. Ce n’est pas un nouveau gadget ni une position acrobatique sortie d’un guide obscur. Non, l’orgaste, c’est ce moment où le corps répond à une caresse, une pression, une stimulation, sans nécessairement aller jusqu’au point d’orgasme. C’est une montée de plaisir, une vague qui passe, parfois douce, parfois électrisante, sans pour autant devenir une explosion finale.
Le terme a été théorisé par le psychologue québécois Jean-Yves Desjardins, et il mérite clairement une place dans notre vocabulaire intime. Là où l’orgasme est une apothéose sensorielle et émotionnelle, l’orgaste est une réponse physiologique. Une contraction musculaire, une poussée de chaleur, un frisson, sans envolée lyrique. Et c’est tant mieux : cela signifie que le plaisir existe à plein d’étages, pas seulement au sommet.
Sortir du mythe de « l’objectif orgasmique »
Trop souvent, le plaisir sexuel est traité comme une ligne droite avec une seule destination : l’orgasme. Tout ce qui n’aboutit pas à ce fameux point G (ou point final) est perçu comme un échec. Et si l’on vous disait que ce modèle est non seulement réducteur, mais aussi source de frustration inutile ?
Revaloriser l’orgaste, c’est donner du sens à ces moments où le corps s’éveille sans forcément culminer. Cela veut dire qu’un rapport, une caresse, une exploration, peut être parfaitement satisfaisant sans cloche ni feu d’artifice. Cela veut dire aussi que le plaisir se décline, s’apprivoise, se réinvente.
Moins de performance, plus de présence
Dans un monde où tout doit être mesuré, rapide et productif, le sexe n’échappe pas à la pression. Pourtant, c’est dans la lenteur, l’attention et la présence que le plaisir se fait souvent le plus profond. L’orgaste, en ce sens, devient un appel à ralentir.
Faire l’amour ne devrait pas ressembler à un sprint vers la ligne d’arrivée, mais à une danse, parfois effervescente, parfois langoureuse. Le corps, lorsqu’il est libéré de l’injonction de jouir à tout prix, devient un terrain de jeu infini. Chaque soupir, chaque frisson devient une victoire en soi.
Solo, duo, trio… à chaque personne son chemin
L’orgaste n’a pas de règle. Il se manifeste en solo, à deux ou plus. Il ne demande pas de partenaire parfait ni de scénario digne d’un film. Il s’invite dans un moment de tendresse, un fantasme chuchoté, un simple effleurement. Il peut être exploré seule, pour mieux comprendre ses zones de plaisir, ses rythmes, ses limites. Il peut être partagé, pour cultiver une complicité, une écoute, une attention à l’autre plus fine.
Chaque personne a sa recette du plaisir, et il n’y a aucun besoin de suivre une norme figée. L’orgasme ou l’orgaste n’est pas le Graal : il est une possibilité parmi d’autres. Le vrai trésor, c’est l’expérience elle-même.
Une sexualité plus inclusive, plus douce
En mettant l’orgaste sur la table (façon de parler), on ouvre aussi la porte à une sexualité plus inclusive. Celle des corps qui ne répondent pas aux standards, celle des vécus traversés par la maladie, la douleur, le handicap, le stress ou les traumas. Car tout le monde ne vit pas l’orgasme de la même façon, voire ne le vit pas du tout.
Par contre, tout le monde peut ressentir. Frémir. Être touchée, émue, troublée. En acceptant cela, on se reconnecte à une vérité simple : le corps est capable de beauté dans l’inattendu, dans l’imparfait, dans la subtilité.
Offrez-vous ainsi la possibilité d’un toucher lent, d’un regard appuyé, d’un souffle partagé. Accordez-vous la liberté de ressentir, sans devoir performer. L’orgaste n’est pas une destination. C’est un chemin, parfois sinueux, parfois surprenant, mais toujours légitime. En vous reconnectant à lui, vous ouvrez la porte à un épanouissement sensoriel, corporel et émotionnel que personne ne vous avait jamais appris. Et pourtant, il était là, en vous, depuis toujours.