À 90 ans, Brigitte Bardot a accordé à BFMTV sa première interview télévisée depuis 11 ans. Retirée de la scène médiatique, l’ancienne icône du cinéma français y a exprimé des positions tranchées sur le féminisme et pris la défense de Nicolas Bedos et Gérard Depardieu, tous deux visés par des accusations concernant leur comportement envers des femmes. Une prise de parole qui suscite de vives réactions.
« Le féminisme, c’est pas mon truc »
Interrogée dans sa maison de Saint-Tropez, Brigitte Bardot n’a pas mâché ses mots : « Le féminisme, c’est pas mon truc. Moi j’aime bien les mecs ». Cette phrase résume une posture qu’elle défend depuis plusieurs années déjà. À l’écran, Brigitte Bardot incarna longtemps une certaine forme de liberté féminine, mais dans le débat public, elle se montre critique, voire hostile, à l’égard du féminisme, et notamment du mouvement MeToo.
L’ancienne actrice a profité de cet entretien pour réaffirmer ses positions, qu’elle assume pleinement. Elle a notamment réagi à la situation judiciaire de Gérard Depardieu et Nicolas Bedos, deux hommes dont les comportements ont été dénoncés publiquement. « Regardez ce qui se passe avec Nicolas Bedos, Depardieu… Des gens qui ont du talent, il n’y en a pas 36 », a-t-elle déclaré.
Une défense controversée
Brigitte Bardot va plus loin et évoque les conséquences sociales que subiraient, selon elle, les hommes concernés. « Ceux qui ont du talent qui mettent la main aux fesses d’une fille sont rejetés dans le cul-de-basse-fosse », regrette-t-elle. Elle ajoute : « On pourrait au moins les laisser continuer à vivre. Ils ne peuvent plus vivre ».
Quand le journaliste lui rappelle que la justice est saisie dans ces affaires, elle répond : « Après ce qui leur est arrivé, ils vont plus trouver beaucoup de travail ». Notons que Gérard Depardieu est actuellement en tournage pour le prochain film de son amie Fanny Ardant, comme le souligne le HuffPost, alors même qu’il vient, ce 13 mai 2025, d’être condamné en première instance à 18 mois de prison avec sursis, assortis d’une peine d’inéligibilité de 2 ans et de son inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles. L’acteur a annoncé son intention de faire appel. D’autres accusations ont été formulées contre lui au cours des dernières années, mais plusieurs dossiers ont été classés, notamment pour prescription.
De son côté, Nicolas Bedos a été condamné en octobre 2024 à 1 an de prison, dont 6 mois avec sursis, pour des faits similaires ayant eu lieu en 2023. L’artiste a récemment publié un livre autobiographique, « La soif de honte », dans lequel il évoque notamment son alcoolisme et une agression dont il aurait été victime dans sa jeunesse.
Une constance dans la critique du féminisme
Cette prise de position n’est pas inédite. Déjà en 2018, dans le sillage de l’affaire Weinstein et de l’émergence du mouvement MeToo, Brigitte Bardot avait tenu des propos virulents contre les femmes qui dénonçaient publiquement certains comportements dans le milieu du cinéma. Elle qualifiait alors ces témoignages de « ridicules, hypocrites, sans intérêt ».
En 2020, elle avait également apporté son soutien à Roman Polanski, alors visé par plusieurs plaintes. Ces positions ont contribué à l’installer dans une posture d’opposition frontale au féminisme dit contemporain, qu’elle perçoit comme « excessif ou idéologique ».
Un discours en décalage avec l’évolution sociétale
Brigitte Bardot s’exprime dans un contexte de transformation profonde des rapports de pouvoir et de genre dans la société française. Depuis des années, la libération de la parole a modifié les attentes vis-à-vis des personnalités publiques. Son soutien affiché à des hommes mis en cause pour des comportements inappropriés s’inscrit à contre-courant de cette dynamique. Si certains saluent son franc-parler, d’autres y voient « une légitimation implicite d’actes problématiques », voire « une minimisation des paroles des femmes concernées ».
Les déclarations de Brigitte Bardot sur le féminisme et sa défense de figures controversées réactivent ainsi un débat sensible, entre liberté d’expression et responsabilité médiatique. À 90 ans, l’ex-actrice continue de faire entendre sa voix, mais ses propos, sans nuance, interrogent autant qu’ils divisent.
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