Slum tourism : qu’est-ce que c’est et pourquoi cette pratique est controversée ?

Une annonce pour une visite touristique sur TripAdvisor a récemment fait un bad buzz sur Twitter. Elle proposait de faire le tour d’un bidonville en Inde. Ce « slum tourism », ou tourisme de la pauvreté, attire beaucoup d’occidentaux. Et ce n’est pas une pratique nouvelle. Certain.e.s voient dans ces voyages une aide au développement des pays pauvres. D’autres un côté malsain, voyeuriste, voire exploitant. Zoom sur ce phénomène inquiétant.

Le slum tourism, ou le tourisme de la pauvreté

Faire un aller-retour dans son jet privé pour aller prendre des photos dans un bidonville vous parait aberrant ? C’est pourtant un phénomène plus commun qu’on ne le pense. Le « slum tourism » signifie en anglais le tourisme de taudis ou de pauvreté. Il s’agit donc de visiter des quartiers pauvres. Les touristes qui font cela viennent des pays riches occidentaux et sont plutôt aisé.e.s.

C’est la journaliste Tanishka Sodhi qui a enflammé Twitter en partageant une annonce du site TripAdvisor. L’agence de voyages Street Tours India proposait une visite touristique d’un bidonville dans le centre-ville de New Delhi. Pour la modique somme de 13,87 dollars, le tour offre une balade à pied d’un des plus grands bidonvilles d’Asie.

Résultat ? De nombreux internautes se sont scandalisé.e.s. Iels déploraient le caractère voyeuriste de cette annonce, et accusaient le site TripAdvisor de gagner de l’argent sur le dos des habitant.e.s des quartiers pauvres. D’autres avis positifs ont tout de même fait surface. Ce tourisme serait bénéfique pour les populations défavorisées. Quoiqu’il en soit, cette pratique a ouvert le débat le réseau social. Mais le « slum tourism » est loin d’être une nouveauté.

Plus d’un siècle de tourisme de pauvreté

Dans les années 1860, l’Oxford English Dictionary définissait le mot « Slumming » ainsi : « aller ou se rendre souvent dans des bidonvilles pour des raisons peu honorables, se balader avec l’objectif de faire quelque chose d’immoral ».

À cette époque, la classe supérieure Victorienne de Londres visitait déjà l’est de la capitale, parfois accompagnée de la police. La rumeur dit qu’elle le faisait par charité, pour découvrir les conditions de vie de la classe inférieure. Puis cette pratique a traversé l’Atlantique, et des quartiers pauvres de New York à San Francisco, le tourisme de pauvreté commençait à attirer du monde et rapporter de l’argent.

Dans les années 90 à Rio de Janeiro, c’est Marcelo Armstrong, un professionnel du tourisme, qui met en place la « Favela Tour ». Cette agence touristique proposait des visites des favelas au Brésil, et plus particulièrement Rocinha. Le succès du film de Danny Boyle, « Slumdog Millionaire » en 2009 va ensuite populariser le tourisme de bidonvilles.

Voyeurisme ou aide au développement ?

En Afrique, en Asie et en Amérique Latine, certaines personnes issues des quartiers défavorisés gagnent aujourd’hui leur vie avec les « slums tours ». Aussi, certaines zones n’apparaissaient pas sur les cartes, ce qui a changé grâce à l’expansion de ce tourisme. Et d’une certaine manière, cette pratique permet de mettre le doigt sur la réalité des inégalités.

C’est du moins le discours de certain.e.s promoteur.se.s de ce tourisme pour le rendre moins controversé. Les touristes aisé.e.s s’allègent ainsi la conscience en se plaçant dans une perspective d’un tourisme qui permettrait de mieux comprendre toute la réalité sociale des pays qu’iels visitent. On appelle aussi d’ailleurs le slum tourism « tourisme de réalité ».

Cependant, pour le Dr. Melissa Nisbett du King’s College London, cette réalité de la pauvreté est cachée dans certains tours. Elle a réalisé une étude dans laquelle elle a analysé plus de 230 commentaires des consommateur.rice.s d’un tourisme de pauvreté à Dharavi, à Bombay.

« Comme on peut le voir dans les commentaires, la pauvreté est ignorée, refusée, oubliée et romantisée. Le pire, c’est qu’elle est dépolitisée »

La scientifique explique à National Geographic que le tour n’explique pas pourquoi le bidonville existe et sort du contexte la situation de ses habitant.e.s. Dans ce contexte, ce tourisme prend alors une tournure « voyeuriste », malsaine. Il reste du travail pour que les agences de tourisme de pauvreté pensent des visites plus éthiques.

Et vous, que pensez-vous de ce « tourisme de pauvreté » ? Venez en discuter avec nos lecteur.rice.s, sur le forum de The Body Optimist.

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !
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