Et si notre assiette influençait notre humeur ? Ce lien entre alimentation et santé mentale, longtemps soupçonné, vient de recevoir un nouveau coup de projecteur scientifique. Selon les premiers résultats de l’étude ALIMENTAL, dévoilés en exclusivité par le psychiatre Dr Guillaume Fond sur Instagram, certains aliments pourraient bel et bien augmenter ou diminuer le risque de dépression, notamment chez les jeunes et les femmes.
Les produits ultra-transformés en ligne de mire
Menée depuis 2021, cette grande enquête internationale, qui a rassemblé plus de 20 000 participants dans des pays francophones comme la France, la Belgique, le Canada et la Suisse, s’intéresse de près à l’impact de nos habitudes alimentaires sur notre équilibre psychologique. Et ses premières conclusions sont sans appel.
Le constat le plus marquant concerne les produits ultra-transformés, ces aliments industriels souvent riches en additifs, sucres, graisses ou arômes artificiels. L’étude révèle qu’ils sont associés à un risque accru de 21 % de dépression chez les 18-34 ans.
Ce n’est pas tout : ce risque augmente avec l’âge, en particulier chez les femmes. Chez celles âgées de 35 à 54 ans, la consommation de ces produits est liée à un risque accru de 30 %, et ce chiffre grimpe à 40 % après 55 ans.
Ces données suggèrent qu’au-delà de la santé physique, ce que nous mangeons peut influencer notre bien-être émotionnel, et que certaines tranches de la population sont plus vulnérables que d’autres à cet impact.
Des aliments qui protègent ?
À côté de ces résultats préoccupants, l’étude ouvre aussi une porte d’espoir : elle identifie un groupe d’aliments qui seraient en effet associés à « un risque réduit de dépression chez les femmes ». Même si les détails précis de ces aliments n’ont pas encore été entièrement dévoilés, cette piste pourrait orienter de futures recommandations alimentaires plus ciblées pour soutenir la santé mentale.
Ce type d’approche nutritionnelle, complémentaire aux traitements psychologiques et médicaux, gagne du terrain dans les recherches récentes. Elle rappelle que la prévention de la dépression ne passe pas uniquement par le mental, mais aussi par des choix concrets dans notre quotidien, dont l’alimentation fait partie intégrante.
Une étude internationale encore en cours
L’étude ALIMENTAL ne s’arrête pas là. Ce projet, coordonné par une équipe de chercheurs de différents pays et disciplines, ambitionne d’analyser en profondeur les liens entre alimentation, activité physique et santé mentale. La phase 2 de l’enquête est d’ailleurs en cours et ouverte à toute personne intéressée, notamment via un formulaire en ligne.
Le Dr Guillaume Fond, à l’origine de cette initiative, souligne que cette démarche repose sur « une volonté de mieux comprendre les causes évitables de la dépression, qui touche aujourd’hui des millions de personnes à travers le monde« . Ces premiers résultats devraient nourrir à terme de nouvelles recommandations de santé publique, voire des outils de prévention personnalisés.
Manger sain ne serait donc pas seulement une affaire de cholestérol : cela pourrait aussi aider à préserver notre santé mentale. L’étude ALIMENTAL confirme une intuition de plus en plus partagée : notre bien-être émotionnel se construit aussi dans notre assiette.