Le nouveau méchant de Toy Story 5 ne porte pas de cape, ne rugit pas et ne vient pas d’un autre monde. Il est bien plus proche de nos enfants qu’on ne le pense : il s’agit d’une tablette. Son nom ? Lily Pad. Ce personnage inattendu, à l’apparence d’un appareil numérique aux couleurs vives et à la voix enjouée, est déjà au cœur d’un débat animé sur les réseaux sociaux.
Une tablette au cœur du scénario
Révélé lors du Festival international du film d’animation d’Annecy, Lily Pad symbolise une réalité familière pour de nombreuses familles : la présence envahissante des écrans dans la vie des plus jeunes. Dans ce cinquième volet très attendu, dont la sortie est prévue pour le 19 juin 2026, Pixar choisit ainsi de traiter une problématique actuelle : la dépendance des enfants aux technologies.
Pete Docter, directeur de la création chez Pixar, a dévoilé au Festival d’animation d’Annecy que Lily Pad capte toute l’attention de Bonnie, l’enfant propriétaire des jouets emblématiques de la saga. Ce nouvel objet technologique, à la fois ludique et insidieux, détourne la petite fille de ses jouets traditionnels, reléguant Woody, Buzz et les autres au second plan.
« C’est une tablette qui permet à Bonnie de discuter avec ses amis, de jouer, de s’informer. Mais elle est aussi un peu manipulatrice », explique Docter. Pour Lily Pad, « se socialiser » signifie laisser de côté l’imaginaire des jouets, une vision qui bouleverse l’équilibre affectif établi depuis le premier film.
Une critique sociale à peine voilée
Ce choix scénaristique a été salué par certains comme une tentative courageuse d’aborder les effets néfastes de la technologie sur les enfants. Toutefois, il a aussi suscité une vive polémique. De nombreux internautes accusent Pixar de « culpabiliser » les parents qui, par nécessité ou par épuisement, laissent leurs enfants utiliser des tablettes.
Sur X (ex-Twitter), les commentaires fusent : « Encore un film qui juge les parents au lieu de comprendre leurs réalités », écrit une utilisatrice. D’autres saluent l’initiative : « Enfin un film qui met le doigt sur un vrai problème ».
A kids tablet LilyPad will be a villain in ‘TOY STORY 5’
The tablet has a different perception of what’s best for Bonnie in contrast to the toys. pic.twitter.com/5R0qDGyQGt
— DiscussingFilm (@DiscussingFilm) June 13, 2025
Les enfants face à l’addiction aux écrans
La critique soulevée par Toy Story 5 n’est pas anodine. De plus en plus d’études alertent sur les effets négatifs d’une exposition prolongée aux écrans chez les enfants : troubles du sommeil, difficultés de concentration, anxiété, et altération du développement cognitif. Le docteure Ruchi Golash, pédiatre à l’hôpital CMRI de Kolkata, témoigne pour NDTV et met en garde contre « la surconsommation de contenu hyper-produit sur les réseaux sociaux », qui affecte profondément la construction de l’estime de soi chez les plus jeunes.
Elle souligne également l’impact sur la santé mentale, physique et émotionnelle, citant des cas concrets de troubles alimentaires ou de comportements violents déclenchés par l’imitation de contenus en ligne. « La liberté numérique est importante, mais la discipline numérique est essentielle », insiste-t-elle.
Un miroir tendu aux familles
Avec ce personnage de Lily Pad, Pixar ne cherche pas à désigner un coupable, mais plutôt à poser une question : à quel point la technologie influence-t-elle nos enfants ? Le film semble vouloir inciter les adultes à réfléchir à la place des écrans dans la vie familiale, sans nécessairement condamner leur usage.
Dans un monde où les enfants grandissent entourés de smartphones, de jeux en ligne et de réseaux sociaux, Toy Story 5 pourrait bien offrir une lecture à plusieurs niveaux : une aventure amusante pour les plus jeunes, et un message de prévention subtil pour les adultes.
Il faudra attendre la sortie du film pour mesurer l’ampleur de son impact. Une chose est sûre : Pixar a osé faire entrer un sujet brûlant dans l’univers de l’enfance. En humanisant une tablette et en la transformant en antagoniste, le studio interroge notre rapport collectif à la technologie. Dans un paysage cinématographique souvent aseptisé, cette prise de position pourrait bien marquer un tournant. Reste à savoir si le public sera prêt à entendre ce que Lily Pad a à dire…