Nul besoin de pousser les portes des thermes ou de spa luxueux pour soulager son corps et son esprit. Il y a un autre lieu, plus inattendu, qui peut rétablir la paix intérieure et il ne contient pas des bains à bulles ou des douches sensorielles mais des toiles de maître et des sculptures contemporaines. Déambuler dans un musée procure autant de bien-être qu’un massage à l’huile de jojoba, si ce n’est plus.
Le musée, la définition du paradis ?
Beaucoup ont encore le souvenir palpable des sorties au musée avec l’école, soporifiques au possible. On traînait des pieds à chaque fois qu’il fallait y aller et on regrettait presque les cours sur Pythagore. Les explications monotones et toutes faites du guide faisaient l’effet d’une berceuse et le marchand de sable semblait se cacher derrière chaque toile. Toucher les œuvres du bout des yeux, s’en faire sa propre lecture, simplement contempler. À l’époque du tendre âge, les balades culturelles nous endormaient plus qu’elles ne nous galvanisaient. On ne sautait pas vraiment de joie quand la maîtresse nous annonçait une visite au musée.
Pourtant, aujourd’hui, les musées attirent foule et brassent du peuple. Les queues ne désemplissent pas et il faut parfois s’y prendre des semaines à l’avance pour avoir une place. Visiter un musée n’est pas une activité réservée aux profs de philo ou aux auteurs de thèses. Que ce soit pour combler l’ennui ou par réel intérêt, les monsieurs et madames tout le monde s’y pressent. Ils ressortent des musées aussi requinqués qu’après une heure dans un jacuzzi.
On s’y promène lentement, le regard porté vers des chefs-d’œuvre. Le silence y est roi, interrompu seulement par le murmure des visiteurs ou le pas feutré sur le parquet ciré. Dans cet espace hors du temps, tout ralentit. Notre souffle, nos pensées… et notre rythme cardiaque. Visiter un musée ce n’est pas “tuer le temps”, c’est l’apprécier.
Une activité culturelle qui fait office de thérapie
Musée futuriste ponctué d’œuvres 2.0 ou musée traditionnel, où l’histoire se raconte à chaque coin de mur et dans chaque coup de pinceau. Qu’importe le style artistique à l’affiche, le musée fait du bien aux yeux et à l’âme. Refuge par météo pluvieuse mais surtout cocon éloquent où tout n’est que contemplation, le musée ouvre une parenthèse apaisante dans un quotidien à cent à l’heure.
Une méta-analyse menée par Katherine et James Pawelski, chercheurs à l’université de Pennsylvanie, a compilé des centaines d’articles scientifiques pour confirmer que l’art agit comme un régulateur d’émotions. En clair ? Une visite au musée peut faire baisser les niveaux de cortisol (l’hormone du stress), et booster la production de sérotonine, la fameuse « hormone du bonheur ». Autrement dit, en allant au musée, vous n’enrichissez pas seulement votre matière grise, vous nourrissez tout votre être.
Résultat : après une heure devant des œuvres, à lire les écriteaux sur le côté ou à laisser l’imagination faire son travail, beaucoup ressentent une forme de relâchement émotionnel, semblable à celle que l’on peut expérimenter après une séance de méditation. Pas étonnant que les musées servent désormais de toile de fond à des cours de pilates ou de yoga.
Des visites de musée sur ordonnance
Certains irréductibles tournent encore le dos aux musées, pensant qu’ils ne s’adressent qu’aux étudiants en mocassins ou aux artistes un peu perchés. Pourtant, le musée peut s’inscrire en lettre capitale sur une ordonnance, comme une boîte de médicament. Au lieu de courir en pharmacie ou sur le divan des psys, les personnes en proie au mal-être se soignent sur le banc des musées.
Le concept peut prêter à sourire, mais il est déjà ancré dans plusieurs pays. Depuis 2018, l’association Médecin francophone du Canada a lancé un projet pilote : offrir à certains patients des visites au musée sur prescription médicale. Un partenariat avec le Musée des beaux-arts de Montréal a permis à des personnes souffrant de dépression, de douleurs chroniques ou de burn-out d’accéder gratuitement aux expositions. L’idée est simple : réactiver le lien au beau, au vivant, à l’émerveillement. Cette initiative gagne doucement nos frontières et s’est déjà démocratisée dans les Yvelines.
Visiter des musées, se perdre dans ce dédale d’œuvres tantôt conceptuelles, tantôt réalistes, s’émouvoir devant une scène peinte, un buste, une photographie d’époque. Ce n’est pas seulement la distraction du dimanche ou un loisir d’intellectuel, c’est une activité thérapeutique. De quoi redessiner un sourire durable sur les visages.