Cette série française sur Prime Video va vous dissuader d’envoyer des nudes

Sortie sur la catalogue Prime Video à l’aube du mois de février, la mini-série « Nudes » s’attaque à un sujet qui sonne très actuel. Cette création française coproduite par trois illustres réalisatrices gravite autour de trois personnages qui ont en commun d’avoir partagé volontairement ou délibérément des images intimes sur internet. Les trois histoires sont toutes indépendantes les unes des autres, mais ensemble elles tissent une toile édifiante sur les violences sexuelles en ligne. La série « Nudes » est d’une justesse implacable. Elle effeuille un phénomène devenu endémique et tristement commun : le cyberharcèlement. Un récit à la fois préventif et glaçant qui vous fera réfléchir sur les nudes.

De quoi parle la série « Nudes » ?

La série « Nudes » vient à peine de sortir dans l’éventail d’Amazon Prime, qu’elle suscite déjà des réactions élogieuses. Il faut dire que le thème est assez fédérateur et trouve des échos chez de nombreuses personnes. Le titre, simple et efficace, parle de lui-même. Nudes, terme attribué aux photos dénudées envoyées depuis le smartphone à un.e destinataire soigneusement sélectionné.e, est le fil rouge de cette création hexagonale. La série « Nudes » est découpée en trois chapitres et brosse le portrait de trois jeunes que tout oppose.

Trois histoires entremêlées

Victor, étudiant en médecine promis à un avenir radieux, a le bonheur à ses pieds. En couple avec sa copine depuis quelques années et à la tête du BDE de son université, il fait l’unanimité à tous les étages. Sofia, elle, vient d’un milieu modeste et redoute son insertion dans son nouveau lycée. Malgré sa timidité invasive et son « étiquette » sociale qui la dessert, elle réussit à prendre ses marques. Au gré d’une soirée estudiantine arrosée, elle se laisse même aller aux désirs de la chair avec une fille sur qui elle craque depuis son arrivée. Enfin, Ada conclut ce triptyque juvénile. Adolescente des milieux ruraux âgée de seulement 13 ans, elle se lamente de ne pas avoir encore embrassé de garçon. Elle décide alors de s’inscrire sur une appli de rencontres où elle sympathise avec un charmant inconnu.

Ces trois jeunes âmes de la Gen Z, campées par des acteur.ice.s convaincant.e.s, ont des chemins de vie bien distincts qui trouvent pourtant le même point de chute. Les trois ados subissent tou.te.s les revers des nudes, ces images privées capturées parfois à leur insu et propagées en masse sur internet. Chacun.e évoque un type de violence sexuelle perpétré sur le web et complète un tableau de chasse virtuel vertigineux. La série « Nudes », qui a l’avantage d’être consommable en une journée, retranscrit avec franchise et impartialité les répercussions assourdissantes du cyberharcèlement.

Pourquoi la série « Nudes » est d’utilité publique ?

Bien loin d’adopter un ton sentencieux ou de déclamer ce selfie sans vêtement, la série « Nudes » résonne davantage comme un cri du cœur. Elle dissèque, morceau par morceau, ce fléau nourri par la viralité du numérique et entretenu dans l’immunité de l’anonymat. Ces ados, à la croisée de l’enfance et du monde adulte, cherchent simplement à faire mûrir leur imaginaire sexuel et à mettre à exécution leur fantasme. Mais leur naïveté mêlée à leur soif d’expérience sexuelle les tirent dans un gouffre inextricable. Qu’il s’agisse d’une vidéo non consentie étalée sur les réseaux ou d’une photo, supposée confidentielle, propagée à grande échelle, les histoires se répondent par ricochet.

Elle met en relief plusieurs points de vue

La série « Nudes » prend d’ailleurs le soin de créer un climat anxiogène autour du téléphone portable, passé d’objet de divertissement à arme destructrice. Le smartphone est à la fois une extension du bras de ces ados, mais également un instrument de torture psychologique. C’est justement cette relation d’amour-haine qui fait toute la profondeur du scénario. Contrairement à d’autres créations qui ne font que survoler le sujet du cyberharcèlement, la série « Nudes » s’en empare frontalement et traite cette sombre vérité de façon panoramique.

Elle révèle toutes les phases vécues par les personnages, de l’euphorie au désenchantement en passant par la honte de soi et le sentiment d’impuissance. La série « Nudes » multiplie par trois les lectures, ce qui enrichit le récit. Chaque personnage affronte cette divulgation virtuelle avec un point de vue différent. Victimes ou coupables, la série « Nudes » oscille entre ses deux postures sans jamais émettre le moindre jugement.

Elle pose les projecteurs sur l’hostilité du web

La série « Nudes » fait également l’inventaire de toutes les pratiques crasses et condamnables qui sévissent sur internet. Dont le revenge porn, le slut shaming ou l’envoi de dick pics sauvages. Elle ne fait pas le procès d’une génération ultra connectée, mais dénonce les usages détournés et pervertis des nouvelles technologies.

Finalement, les nudes ne sont que la partie visible de l’iceberg et cachent d’autres problèmes sous-jacents tels que le sexisme et les zones blanches juridiques autour du cyberharcèlement.

Une série portée au féminin

Dans la série « Nudes », les scènes transpirent le female gaze et le discours de fond se dévoile sous une caméra neutre, émancipée du filtre masculiniste. Comme d’autres, elle aurait pu dévier vers le victim blaming et jeter gratuitement la pierre aux victimes. Mais, elle reste droite dans ses convictions et traite ce sujet délicat avec beaucoup de recul. Dans le sillage d’Euphoria, la série « Nudes » se raconte hors des clichés et éduque les esprits sans prétention.

Elle met l’accent sur ces nudes, qui, en un seul clic « assassin », se retournent contre leur destinataire, souvent féminine. D’ailleurs, pour que la production fasse sens, ce sont trois réalisatrices qui ont mis leur talent en commun. La plateforme de streaming Amazon Prime s’est rapprochée des meilleures pour concrétiser cette création « bleu, blanc, rouge ».

Sylvie Verheyde, saluée pour « Madame Claude ». Lucie Borleteau auteure de l’adaptation du Prix Nobel de littérature Chanson Douce sur grand écran. Andréa Bescond, génitrice du film multi-récompensé « Les Chatouilles ». Toutes trois ont joint leur force pour créer ce chef d’oeuvre. Avec une liberté créative quasi totale, elles ont écrit ces histoires en autonomie tout en veillant à façonner une chimie autour de ce thème du cyber harcèlement qui leur est cher. Le tout forme un patchwork narratif saisissant et propice aux questionnements.

La série « Nudes » est vibrante de réalisme et s’adresse à tous les publics. Elle met en garde contre toutes les dérives du Net, engendrées en un simple coup de souris. Plus qu’une fiction, c’est un appel à la prudence numérique.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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