Les films qui ont bercĂ© notre enfance ne sont peut-ĂȘtre plus en phase avec notre Ăąge, mais ils provoquent toujours la mĂȘme Ă©tincelle dans nos yeux. MĂȘme si nous avons dĂ©jĂ toutes les rĂ©pliques sur le bout des lĂšvres et connaissons le fin mot de lâhistoire, ces films convoquent de tendres souvenirs. Ils nous renvoient Ă cette Ă©poque insouciante oĂč nos seules prĂ©occupations Ă©taient de faire des phrases avec les vermicelles de notre soupe et de construire des pyramides de cubes. Dans ce monde malade, ils servent de prĂ©cieux refuge Ă©motionnel. Ils agissent comme des calmants. Revoir les films de notre enfance, câest abandonner momentanĂ©ment notre statut dâadultes pour retrouver cette lĂ©gĂšretĂ© enfantine. Pas Ă©tonnant que « Maman jâai ratĂ© lâavion » ou « Nanny McPhee » nous fassent autant dâeffet des dĂ©cennies plus tard.Â
Revoir les films de son enfance : une régression saine
Il nous arrive de tomber par hasard sur de grands classiques de notre enfance et de ne plus pouvoir nous en dĂ©tacher. Ces films, pourtant datĂ©s, ont un pouvoir hypnotique. Ils sâapparentent Ă une grande Ă©claircie dans lâobscuritĂ© de ce monde. DĂšs que nous replongeons dedans, tous nos soucis semblent sâĂ©vaporer. Face aux aventures des « Soeurs Olsen », « Treize Ă la douzaine » ou « Beethoven » le chien iconique des annĂ©es 2000, nous perdons toute notion de maturitĂ©. Nous avons littĂ©ralement six ans et nous pouffons bĂȘtement devant des scĂšnes Ă lâhumour « puĂ©ril ».
Revoir les films de notre enfance est un plaisir coupable difficilement assumĂ© en sociĂ©tĂ©. Pourtant, ce retour vers le passĂ© est profitable. Selon les termes de Will Meyerhofer, psychothĂ©rapeute basĂ© Ă New York, les films de notre enfance permettent une « rĂ©gression instantanĂ©e, au service de lâĂ©go ». Ces films, que nous avons usĂ©s dans le magnĂ©toscope de notre tĂ©lĂ© et que nous avons tant suppliĂ© dans les vidĂ©o-club, nous donnent lâillusion dâĂȘtre en sĂ©curitĂ©.
Ils nous accordent un sentiment de stabilitĂ© dans ce monde incertain et ressuscitent une innocence envolĂ©e. Revoir des films de notre enfance, câest revenir Ă une Ă©poque oĂč tout Ă©tait plus simple et s’Ă©clipser momentanĂ©ment de ses responsabilitĂ©s dâadultes. Nous reprenons ce regard dâenfant, enchantĂ© de tout et fermĂ© Ă la folie ambiante. Cette pratique rĂ©gressive offre un rĂ©pit nĂ©cessaire au cĆur du chaos. Loin dâĂȘtre une « niaiserie », elle tait spontanĂ©ment nos angoisses.
Célébrer son enfant intérieur
Revoir les films de notre enfance permet de nous reconnecter Ă cette part de puretĂ© et dâinsouciance qui sommeille en nous. Câest une façon de reconquĂ©rir notre enfant intĂ©rieur, qui dĂ©pĂ©rit silencieusement. En gĂ©nĂ©ral, nous commençons Ă lĂącher la main de notre enfant intĂ©rieur dĂšs que nous posons un pied dans lâunivers contraignant et sĂ©rieux des adultes.
Avec toutes les obligations qui pĂšsent sur notre dos, nous perdons cette petite lueur dâĂ©merveillement. Contrairement Ă lâenfance oĂč nous nous rĂ©jouissions du moindre caillou biscornu, dĂ©sormais nous peinons Ă nous extasier devant les choses simples. Mais les films de notre enfance sont capables de raviver cet enthousiasme spontanĂ©. La fascination est toujours intacte.
Ces films rattrapent cet enfant intĂ©rieur, Ă©garĂ© dans les tourments quotidiens. Ils se savourent avec la mĂȘme dĂ©lectation que lorsque nous Ă©tions en couche-culotte. Revoir les films de notre enfance, câest donc recouvrir lâesprit dâun.e bambin.e de six ans et revenir Ă des Ă©motions authentiques. Ces films nourrissent notre enfant intĂ©rieur. Ils nous permettent de quitter notre costume dâadulte pour explorer Ă nouveau la fraĂźcheur du tendre Ăąge et retrouver des yeux qui sâenchantent dâun rien.
La familiarité rassurante des personnages
Revoir des films de notre enfance, câest aussi cĂŽtoyer des protagonistes avec lesquels nous avons grandi et Ă©voluĂ©. Ces personnages, que nous retrouvions avec hĂąte Ă la fin de lâĂ©cole, faisaient partie de notre famille. Nous les connaissions aussi bien que nos propres parents. Le petit KĂ©vin de « Maman jâai ratĂ© lâavion » Ă©tait notre ami fictif tout comme Madame Doubtfire Ă©tait notre « mĂšre » dâadoption. Alors forcĂ©ment, revoir ces visages familiers des annĂ©es plus tard ne nous laisse pas insensibles. Ce lien qui nous unit Ă ces personnages est intemporel. Il nâaccorde aucune place Ă la dĂ©ception et va toujours dans notre sens.
En redĂ©couvrant « ChĂ©rie, jâai rĂ©trĂ©ci les gosses », « E.T » ou le premier « Jumanji », nous avons lâimpression de retrouver de vieilles connaissances. Peu importe les vicissitudes de la vie, nos personnages chĂ©ris restent constants, prĂȘts Ă offrir des leçons de vie et des parenthĂšses rĂ©jouissantes. MĂȘme si nous ne les voyons pas en chair et en os, mais Ă travers lâĂ©cran, nous avons lâimpression dâune prĂ©sence apaisante. Câest comme si nos personnages fĂ©tiches avaient enjambĂ© la tĂ©lĂ© pour pĂ©nĂ©trer dans notre salon et nous dĂ©livrer un cĂąlin. En tout cas, ça fait le mĂȘme effet.
Les bienfaits de la nostalgie en toile de fond
Revoir les films de notre enfance permet de s’ancrer dans des souvenirs spĂ©cifiques, de revivre des moments prĂ©cieux et de crĂ©er un lien plus intime avec son histoire personnelle. Ces Ćuvres, que nous avons vues et revues en boucle avec notre doudou entre les bras, sont teintĂ©es de nostalgie. Ce sentiment, souvent associĂ© aux regrets du passĂ© ou Ă la fuite du temps prĂ©sent, est en fait un puissant remĂšde Ă©motionnel.
« Lorsque les gens sont stressĂ©s, anxieux ou se sentent incontrĂŽlables, la nostalgie les aide Ă se calmer. C’est rĂ©confortant. Câest analogue Ă un cĂąlin de votre mĂšre ou de votre pĂšre », explique Krystine Batcho, psychologue agréée au mĂ©dia Today
Ces films façonnent un pont nécessaire entre le présent et le passé. Ils permettent de revisiter des émotions, de les comprendre différemment et, parfois, de les guérir. Ils convoquent aussi de délicieux flashbacks et redessinent des tableaux de famille touchants. Nous revoyons notre mÚre cuisiner ses petits sablés, nos cousins, cousines partager leurs éclats de rire et notre pÚre, en train de faire le pitre sur le canapé. Ces films sont des machines à remonter dans le temps. Ils nous téléportent vers un temps révolu, qui résonne encore fort en nous.
Revoir des films de notre enfance, câest se prĂȘter Ă un voyage mental rĂ©gĂ©nĂ©rant. Câest la meilleure recette pour garder un esprit jeune et fuir une rĂ©alitĂ©, parfois trop dure Ă regarder en face. Pourquoi ne pas regarder ces films en famille pour rajouter une couche de bien-ĂȘtre ?Â