Et si l’achat de vêtements d’occasion n’était pas si écolo que ça ?

Une grande majorité de Français.es a conscience que l’industrie de l’habillement est un réel désastre écologique (1,2 milliard de tonnes de CO2 rien que pour le secteur textile). Pour réduire leur empreinte carbone, ces consommateur.rice.s optent pour d’autres alternatives, en achetant des vêtements de seconde main sur des sites et applications d’occasion.

Longtemps considéré comme l’antidote à la surconsommation et à la pollution, revendre et/ou acheter des vêtements d’occasion sur internet ne serait finalement pas si écologique. On vous explique pourquoi.

L’achat de vêtements d’occasion… pas si écolo

Le secteur de la mode, à lui seul, produit environ 2 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Face à ce constat déplorable, certain.e.s consommateur.ice.s se sont tourné.e.s vers des solutions plus « vertes ». Parmi elles, l‘achat de vêtements d’occasion en fripe, le troc, l’upcycling ou encore l’achat sur des sites d’occasion. Une belle liste d’alternatives qui nous laisse croire à un avenir plus vert. Et pourtant… La revente d’articles sur les sites d’occasion ne serait pas si écolo qu’on pourrait le croire.

On connaît par exemple tou.te.s l’application lituanienne Vinted, qui donne la possibilité à ces Vinties (nom donné aux vendeur.se.s sur la plateforme) de se procurer des articles à prix très réduit, à la place d’en acheter des neufs. Initialement, les fondateur.rice.s de cette plateforme voyaient en elle un moyen de pérenniser une mode écoresponsable et circulaire. Mais dans les faits, par son succès, Vinted pousse à son tour à l’achat compulsif et effréné.

Vinted, l’incitateur à l’achat compulsif

Si sur le principe la plateforme déclare initier les gens à l’achat d’articles d’occasion, le marketing qu’elle pratique incite au contraire, à devenir de réel.le.s marchand.e.s. Entre promotions, offres personnelles, photos en studio, de nombreux.ses Vinties sont devenu.e.s des profesionnel.le.s de la vente. Certain.e.s vont même jusqu’à spéculer sur la vente de vêtements.

Jusqu’ici vous vous dites, très certainement, que c’est simplement une personne qui tente le tout pour le tout, pour vendre ses habits déjà portés. Ce qui, en soi, n’est pas surprenant. Néanmoins, ce qu’il faut savoir est que vendre sur cette application est très simple. En effet, les créateur.rice.s de Vinted ont mis en place un système de vente très intuitif. Il suffit de s’inscrire, de prendre des photos esthétiques (l’application propose même des conseils pour attirer les acheteur.se.s) et de proposer des prix abordables, voire dérisoires.

Dès que l’achat est confirmé, le.a Vintie n’a qu’à emballer son vêtement d’occasion et l’envoyer. L’argent de sa vente est ensuite immédiatement disponible sur son porte-monnaie virtuel, réutilisable à tout moment pour acheter à nouveau.

« Même si, au départ, on commence sur cette plateforme avec les meilleures intentions du monde, tout y est fait pour renouveler les transactions marchandes et pousser à la consommation. Il y a un côté très normatif : la plateforme vous prend par la main, vous explique exactement ce qu’il faut faire pour vendre bien et plus. Il y a un côté très ludique, c’est comme jouer à la marchande », explique en ce sens Anissa Pomies, enseignante-chercheuse à l’EM Lyon Business School, au média Reporterre

Une simplicité déconcertante qui pousse finalement, les inscrit.e.s à acheter frénétiquement, voire à retirer l’argent gagné pour faire leurs emplettes directement en boutique.

«Vinted encourage la rotation rapide de modèles, en grande partie issus de la fast fashion, en conférant du pouvoir d’achat aux consommateur.rice.s, qui revendent facilement des produits pour en racheter d’autres », estime Alma Dufour, chargée de campagne extraction et surconsommation chez Les Amis de la Terre France

Plus de vêtements d’occasion vendus, plus de km sur les routes

Outre le fait que Vinted pousse à l’achat compulsif, l’aspect écologique est à questionner en termes de transports et de logistique. Si chaque seconde, 2,2 articles sont vendus en moyenne sur le site, il y a un lourd bilan carbone qui accompagne ces ventes. Et la décision prise par l’application de supprimer l’option permettant d’acheter seulement des produits à proximité interroge, également, sur les engagements écologiques de la marque.

Si aucun chiffre sur son bilan carbone n’est disponible, Vinted se dit, toutefois, être « conscient » de l’impact de ses transports et tente de soutenir des initiatives écologiques comme les « étiquettes d’envoi dégitalisées, des emballages recyclés et des transports à émission zéro ».

« C’est une manière de forcer la main aux utilisateur.rice.s en les obligeant à passer par la plateforme et ça oblige à faire des envois de colis là où, avant, on pouvait simplement se donner rendez-vous et faire un échange en main propre avec la possibilité d’essayer le vêtement et de dire non », déplore Flore Berlingen, de Zero Waste France

Comment acheter ses vêtements d’occasion ?

Face à de tels constats, vous envisagerez peut-être de renoncer à vendre sur ce type de plateforme. Mais, là n’est pas l’idée. Il faut plutôt repenser sa manière de vendre et d’acheter, même sur les sites d’occasion.

Posez-vous la question « en ai-je vraiment besoin ? », lorsque vous effectuez un achat. Privilégiez par exemple, les vendeur.se.s proches de chez vous. Tentez même de rencontrer la personne en vrai pour récupérer votre achat.

Si malgré tout, vous ne souhaitez plus utiliser les sites d’occasion, on ne peut que vous recommander de faire vos emplettes directement en fripe ou d’opter pour de l’upcycling.

Et vous, quelles sont vos alternatives pour réduire votre consommation en vêtements &Co ? Échangeons à ce propos sur notre forum.

Shem's Tlemcani
Shem's Tlemcani
Je suis passionnée par les sujets sociétaux et la santé. Mon intérêt pour les questions sociales me pousse à explorer des enjeux tels que la lutte contre la pauvreté, l'éducation et le changement climatique. En matière de santé, je m'investis dans les domaines du bien-être, de la nutrition et de la prévention des maladies. Je m'efforce de rester informée et d'utiliser ma voix pour sensibiliser et encourager le débat et l'action sur ces sujets cruciaux.
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