Dans l’univers de la K-pop, où les idoles sont souvent tenues à une image lisse, contrôlée et consensuelle, Nayeon, membre du groupe TWICE, fait figure d’exception. À 29 ans, l’artiste sud-coréenne cultive une image de femme libre, confiante et parfois provocante, diront certaines personnes. Cette posture lui vaut l’admiration de nombreux fans, mais aussi des accusations de narcissisme de la part d’une frange du public.
Une déclaration d’amour à soi-même
Son premier album solo, « IM NAYEON », sorti en 2022, donne déjà le ton. Le titre est un jeu de mots : « I am Nayeon » mais aussi son nom réel, Im Na-yeon. Ce double sens résume parfaitement son intention : s’affirmer sans détour. L’un des morceaux les plus emblématiques de ce projet pousse cette démarche encore plus loin.
Dans « MEEEEEE », Nayeon se décrit comme irrésistible, audacieuse, et maîtresse de son destin. Elle y chante sa beauté, sa force intérieure et sa capacité à jouer avec les codes de la séduction tout en gardant le contrôle. « Je sais ce que je vaux », semble-t-elle dire à travers chaque parole et chaque mouvement. Elle s’adresse aux personnes qui la sous-estiment ou cherchent à la réduire à un simple produit marketing : elle ne se laisse dominer par personne. Le message est clair : être une femme belle et confiante ne devrait pas être une provocation. Et pourtant, il l’est encore trop souvent.
when ur in a Narcissism competition and ur opponents is nayeon pic.twitter.com/lbMZjKQ4a6
— bao 4️⃣ (@thisisforbao) June 30, 2025
Confiance ou arrogance ?
Sur les réseaux sociaux, ses déclarations sans filtre – notamment quand elle affirme publiquement qu’elle se trouve « super belle » ou qu’elle se félicite de son assurance – sont parfois accueillies avec sarcasme. Certains internautes dénoncent un excès d’ego, la qualifiant de narcissique. D’autres, au contraire, saluent une posture rare dans l’industrie coréenne, où l’humilité forcée est souvent la norme.
Nayeon, elle, prend ces critiques avec humour. Dans une vidéo virale, on la voit rire des personnes qui la trouvent trop sûre d’elle : « Comment je vais faire ? Je suis trop belle », glisse-t-elle avec un sourire complice à la caméra.
@chaeeznut shes so real‼️‼️(plz dont flop i beg) #nayeon #twice #edit #kpop #foryou #fyp #xyzbca #popular #hazifvl ♬ They Wanna Fuck – Kim Petras
Une idole hors des sentiers battus
Loin de se conformer aux stéréotypes habituels des idoles dociles et réservées, Nayeon revendique sa liberté. Elle refuse de s’excuser d’être belle, forte, séductrice, et pleinement elle-même. Son image, soigneusement construite mais profondément sincère, séduit une génération de jeunes femmes qui cherchent des modèles de confiance et de puissance assumée.
Dans un contexte où la société coréenne, comme ailleurs, reste marquée par des injonctions contradictoires envers les femmes (sois belle mais modeste, séduisante mais pudique), Nayeon bouscule les lignes. Elle incarne une forme de féminité décomplexée, où le selflove n’est pas une posture marketing, mais une réalité vécue.
Une question de regard
Ce qui dérange dans l’attitude de Nayeon, ce n’est pas tant son discours que le fait qu’elle le tienne elle-même. Quand un homme affirme son charisme ou son succès, il est souvent applaudi. Quand une femme dit tout haut qu’elle s’aime et qu’elle mérite l’admiration, elle est taxée d’arrogance. Ce double standard, Nayeon le brise sans détour.
Son comportement s’inscrit dans un mouvement plus large, où les artistes féminines s’approprient leur image et leur discours, quitte à provoquer. Nayeon ne cherche pas à plaire à tout le monde : elle se plaît à elle-même, et c’est déjà beaucoup.
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Et si la vraie subversion, c’était de s’aimer ?
En assumant publiquement son amour pour elle-même, Nayeon envoie ainsi un message fort à ses fans : il est possible, et même sain, de s’aimer sans condition. À l’heure où la pression sociale pousse tant de jeunes à se conformer ou à se dénigrer, une telle posture a de quoi inspirer.
Nayeon ne joue pas un rôle : elle s’affirme. Elle n’arbitre pas entre glamour et indépendance, elle les revendique toutes les deux. Et si cela dérange, c’est peut-être parce que sa confiance nous confronte à nos propres limites. Plutôt que de la juger, peut-être pourrions-nous simplement l’écouter – et apprendre à faire de même.