Kirsten Dunst, figure incontournable du cinéma hollywoodien depuis les années 1990, revient sur le devant de la scène avec une déclaration aussi lucide qu’audacieuse. Dans une interview accordée à Town & Country à l’occasion de la sortie prochaine de son film « Roofman », l’actrice évoque sa volonté de décrocher enfin un rôle qui lui permettrait de ne pas « perdre de l’argent ». Une prise de parole rare et significative dans une industrie encore profondément marquée par les inégalités de genre, notamment en matière de rémunération.
Le poids d’une filmographie… et d’un déséquilibre salarial
Connue pour ses rôles marquants dans « Interview with the Vampire » (1994), « Jumanji » (1995), ou encore la trilogie « Spider-Man » de Sam Raimi, Kirsten Dunst a grandi sous les projecteurs. Pourtant, derrière les apparences de succès, l’actrice révèle avoir longtemps subi les effets d’un système inégalitaire. En 2024, elle confiait à la BBC n’avoir « même pas pensé à demander une rémunération équitable » à ses débuts.
Elle raconte notamment avoir perçu un cachet bien inférieur à celui d’un collègue masculin sur un projet, malgré son expérience et son succès au box-office. « J’avais plus de succès que lui en termes d’entrées, et j’avais 17 ans », précise-t-elle, soulignant l’intériorisation de ces inégalités dès son plus jeune âge.
Une volonté de rentabilité décomplexée
Aujourd’hui, Kirsten Dunst ne cache plus son envie de réconcilier création artistique et stabilité financière. Interrogée sur ses projets futurs, elle a déclaré : « Peut-être que je pourrais juste faire un film où je ne perds pas d’argent ? ». Cette remarque fait écho à un ras-le-bol plus large partagé par de nombreuses actrices qui, malgré leur notoriété, peinent à accéder aux mêmes opportunités économiques que leurs homologues masculins.
Parmi les projets envisagés, Kirsten Dunst mentionne avec humour son intérêt pour une éventuelle participation à « Minecraft 2 », suite du film d’animation adapté du célèbre jeu vidéo. Une franchise particulièrement lucrative, dont le premier volet est actuellement en tête du box-office 2025. Un clin d’œil à ses deux fils, Ennis (7 ans) et James (4 ans), qui ont adoré le film – mais aussi, sans doute, à la promesse d’un succès commercial.
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Une actrice fidèle à ses choix, mais consciente de leurs limites
Kirsten Dunst est connue pour ses choix de carrière singuliers, souvent éloignés des sentiers battus. Collaboratrice régulière de Sofia Coppola, elle privilégie les rôles profonds et exigeants, comme « Marie-Antoinette » (2006). Des œuvres saluées par la critique, mais pas toujours rentables.
Dans « Roofman », réalisé par Derek Cianfrance (Blue Valentine), elle incarne Leigh, une mère divorcée qui tombe amoureuse d’un ancien Ranger reconverti en braqueur atypique (interprété par Channing Tatum). Une romance dramatique, sur fond de cavale, qui sortira en salle le 10 octobre 2025.
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Une parole qui bouscule les codes hollywoodiens
Le fait qu’une actrice de son envergure évoque publiquement les enjeux économiques de sa carrière, en lien avec les dynamiques de genre, n’est pas anodin. Dans un milieu où la rentabilité est souvent érigée en valeur suprême – mais où les femmes peinent encore à en tirer les bénéfices -, Kirsten Dunst met le doigt sur une hypocrisie systémique.
Cette revendication rejoint celles d’autres actrices, comme Patricia Arquette, Jessica Chastain ou Michelle Williams, qui dénoncent depuis plusieurs années les écarts de rémunération et les stéréotypes de casting. Kirsten Dunst elle-même s’est éloignée des plateaux pendant 2 ans, déçue par les propositions répétitives de rôles de « mère triste ».
Vers une nouvelle ère pour les actrices de plus de 40 ans ?
La réalisatrice Sofia Coppola, qui la connaît bien, voit en Kirsten Dunst une actrice capable d’aborder des rôles plus complexes, à l’image de Gena Rowlands dans les films de Cassavetes. « Elle peut être totalement sincère, émotive, sans jamais être gênante », confie-t-elle. Une reconnaissance rare, qui laisse espérer un tournant pour Kirsten Dunst – mais aussi pour toutes les femmes artistes de plus de 40 ans, encore trop souvent marginalisées par le système hollywoodien.
Kirsten Dunst ne réclame ainsi pas des rôles « faciles » ni une reconnaissance automatique. Elle souhaite simplement que son talent, sa longévité et son professionnalisme se traduisent aussi par une reconnaissance financière équitable. Une demande légitime, dans un milieu qui, malgré les évolutions, reste encore profondément inégalitaire.