À 37 ans, la chanteuse britannique Jessie J a révélé être touchée par un cancer du sein détecté à un stade précoce. Son message, sincère et sans détour, met en lumière une réalité encore largement méconnue : le cancer du sein touche aussi les femmes jeunes – et cela ne cesse d’augmenter.
Un témoignage intime pour briser le silence
C’est dans une vidéo sobre, postée sur Instagram, que Jessie J a annoncé la nouvelle à ses abonnés. Sans pathos, mais avec émotion, elle a tenu à partager une étape difficile de sa vie, choisissant la transparence comme moyen de libération. Face caméra, elle confie être « toujours en train d’assimiler la nouvelle », mais elle insiste aussi sur un point crucial : son cancer a été détecté à temps, ce qui change tout dans le parcours de soin.
Ce partage, loin d’être anecdotique, s’inscrit dans une démarche engagée. Jessie J, déjà connue pour avoir parlé de sa fausse couche et d’un AVC survenu à l’adolescence, utilise sa notoriété pour lever le tabou autour de la maladie chez les jeunes femmes. Et son témoignage résonne particulièrement dans un contexte où les données épidémiologiques révèlent une tendance préoccupante.
Voir cette publication sur Instagram
Une hausse confirmée chez les moins de 40 ans
Contrairement aux idées reçues, le cancer du sein ne concerne pas uniquement les femmes de plus de 50 ans. En France, environ 3 000 femmes de moins de 40 ans reçoivent chaque année ce diagnostic, selon l’Institut Curie. Et si ce chiffre peut sembler modeste, il est en constante augmentation : +1,1 % par an entre 1990 et 2018 dans presque toutes les tranches d’âge.
Cette évolution est partiellement liée à une meilleure surveillance, mais elle reflète aussi une réalité sanitaire plus large. La hausse n’est pas uniquement due à un meilleur dépistage, elle est également alimentée par des facteurs environnementaux et sociétaux que la médecine commence à cerner plus clairement.
Des facteurs de risque plus présents chez les jeunes femmes
Si la génétique joue un rôle important – en particulier les mutations BRCA1 et BRCA2 -, d’autres causes émergent de manière plus marquée chez les générations récentes : l’exposition aux perturbateurs endocriniens, une alimentation transformée, le stress chronique, une puberté plus précoce ou encore la sédentarité. Tous ces éléments composent un cocktail de risques silencieux, qui contribue à la progression des cas chez les jeunes femmes.
Certaines patientes ignorent encore leur vulnérabilité. Le dépistage organisé à partir de 50 ans ne les concerne pas, et l’autosurveillance ou les examens ciblés restent peu pratiqués dans cette tranche d’âge. Or, la détection précoce est un levier crucial : plus la prise en charge est rapide, plus le pronostic s’améliore.
Le dépistage précoce : un enjeu vital
L’histoire de Jessie J remet ainsi la lumière sur un point essentiel : il n’est jamais trop tôt pour s’informer et surveiller sa santé mammaire. Cela passe par une meilleure éducation dès le plus jeune âge, mais aussi par une vigilance accrue chez les généralistes et gynécologues, qui peuvent proposer un dépistage personnalisé en cas d’antécédents familiaux ou de symptômes.
Il ne s’agit pas d’alarmer, mais d’informer. Si le taux de survie à 5 ans dépasse les 90 % chez les femmes dites jeunes, cela n’est vrai que lorsque la maladie est diagnostiquée tôt. L’idée n’est donc pas de généraliser le dépistage systématique, mais de favoriser une approche ciblée, raisonnée et proactive.
Une parole qui compte
Le courage de Jessie J, comme celui d’autres jeunes femmes qui prennent la parole sur le sujet (notamment Caroline Receveur ou encore Alice Detollenaere en France), contribue à normaliser la parole autour de la maladie. À travers leurs témoignages, c’est toute une génération qui découvre qu’elle peut être concernée, bien que cela reste minoritaire.
Ces prises de parole permettent aussi de changer le regard sur la maladie : elle n’est pas un tabou, elle n’est pas honteuse, elle n’est pas incompatible avec la féminité, la force ou la carrière artistique. Bien au contraire.
Voir cette publication sur Instagram
Derrière l’annonce de Jessie J se cache ainsi une alerte : le cancer du sein chez les jeunes femmes n’est pas une exception, et il mérite une attention à la hauteur de ses enjeux. Mieux l’anticiper, c’est aussi mieux l’accompagner – médicalement, psychologiquement et socialement. Car au-delà de la statistique, chaque cas est un choc. Il est donc essentiel que la société dans son ensemble se montre solidaire, par des campagnes ciblées, un dépistage mieux adapté, et une information de qualité.