Le 7 juin à Papeete, l’élection de Miss Dragon a marqué avec faste les 55 ans de cette tradition emblématique de la communauté chinoise en Polynésie. Un moment fort de culture, de transmission et d’émotion.
Une tradition bien vivante
Créée en 1970 par des membres de l’AS Dragon, l’élection de Miss Dragon est bien plus qu’un simple concours de beauté. Elle est le symbole d’un pont culturel entre la communauté chinoise de Polynésie et le reste du Fenua. Chaque année – à l’exception de la parenthèse imposée par la pandémie -, elle met en lumière les jeunes femmes d’origine chinoise, leur engagement, leur grâce et leur héritage.
En 2025, elles sont 6 candidates, âgées de 18 à 27 ans, à avoir répondu à l’appel. Durant plusieurs semaines, elles se sont préparées, entre séances de répétition, interviews médiatiques et ateliers culturels. Leur objectif : représenter avec fierté leurs origines lors d’un spectacle placé cette année sous le thème des « rêves ».
Une soirée sous les étoiles
Dès 20h, le 7 juin 2025, les jardins de la mairie de Papeete se sont alors transformés en théâtre à ciel ouvert. La scène, décorée avec élégance par des motifs mêlant imagerie traditionnelle chinoise et éléments polynésiens, accueillait les quelque 2 000 spectateurs venus applaudir cet événement historique. Sur le plateau, les visages familiers de Ravahere Silloux (Miss Tahiti 2023) et Heiva Ah-Min (Mister Tahiti 2023) rythmaient la soirée en tandem complice.
Les candidates ont offert au public un véritable voyage en quatre tableaux :
- Rêve de princesse : un hommage aux contes, costumes inspirés des dynasties impériales et attitudes de reines.
- Les anges bleus : un tableau épuré, presque onirique, où grâce et douceur s’exprimaient par la danse.
- Le talent show : moment attendu, où les jeunes femmes ont présenté chant, danse, poésie ou arts martiaux.
- The dream comes true : le couronnement, intense, chargé d’émotion.
Le couronnement de Haurani Chan
À l’issue de cette soirée magique, c’est Haurani Chan, 19 ans, qui a été élue Miss Dragon 2025. Devant un public ému et conquis, la jeune femme originaire de Moorea a charmé le jury par son authenticité et son talent. Étudiante en deuxième année de design au lycée Samuel Raapoto, Haurani est aussi artiste peintre, passionnée de dessin depuis l’enfance. Sa prestation a été marquée par un moment fort : la création en direct d’un dragon, symbole de force et de sagesse, qu’elle a fait naître sous ses pinceaux lors du tableau artistique.
Soutenue par ses proches, dont sa grand-mère Suzanne et sa nounou Sophie qui lui avait prédit la couronne dès son enfance, Haurani a ému par sa sincérité et sa force tranquille. Ses proches ont été bluffés par sa transformation. « Il y a 2 mois, elle ne savait même pas marcher en talons ! », s’étonne Kina Vuviet, son amie d’enfance. « Ce que j’ai vu sur scène, c’était la vraie Haurani : fière, sincère, honnête ». Une Haurani qui a également séduit le jury par sa maîtrise du mandarin, langue qu’elle parle avec aisance.
Prochaine étape pour elle : continuer ses études dans le design, avec l’objectif de rejoindre une école des Beaux-Arts dans l’Hexagone d’ici deux ans. Et bien sûr, représenter la Polynésie française au Miss Chinese International Pageant, où elle portera haut les couleurs de sa double culture.
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Une célébration culturelle métissée
L’élection de Miss Dragon célèbre un pan souvent méconnu de l’identité polynésienne. La communauté chinoise, qui représente aujourd’hui environ 10 % de la population, est présente depuis plus de 150 ans dans les archipels. Ce métissage se ressent dans chaque instant de l’événement : dans les tenues, les danses, les mots échangés sur scène. Cette édition 2025 l’a prouvé plus que jamais.
Des troupes comme Manohiva ou l’école Li Yune ont offert des performances mêlant danse polynésienne et influences chinoises, illustrant à merveille cette cohabitation harmonieuse des cultures.
Ce 55e anniversaire n’était ainsi pas seulement une commémoration. Il a été le reflet d’une jeunesse fière, d’une communauté soudée et d’un territoire aux identités multiples. En retransmettant l’événement, Polynésie La 1ère a rappelé l’importance de valoriser cette diversité culturelle vivante. Et si Haurani Chan incarne aujourd’hui cette nouvelle génération d’ambassadrices du Fenua, elle n’est que la plus récente d’une longue lignée. Une lignée faite de passion, de fierté, de liens familiaux profonds – et de rêves, bien sûr.