Depuis son retrait de la monarchie britannique en 2020, Meghan Markle a souvent pris la parole pour évoquer, avec mesure mais franchise, les contraintes liées à son ancienne position. Invitée de l’émission The Circuit sur Bloomberg Originals, l’ancienne duchesse de Sussex est revenue sur une règle en apparence anodine – mais symboliquement lourde : le port obligatoire de collants couleur chair lors des apparitions publiques.
Une norme de représentation codifiée
« Je devais porter des collants couleur chair tout le temps », confie-t-elle à la journaliste Emily Chang, en riant, avant d’ajouter : « Honnêtement, ce n’était pas du tout moi. Je n’en avais pas vu depuis les années 80, quand ils étaient vendus dans un œuf. C’était un peu inauthentique » – (The Circuit, 26 août 2025)
Derrière cette anecdote vestimentaire, Meghan Markle pointe une réalité plus profonde : l’impossibilité d’être soi-même au sein d’un cadre rigide, fondé sur des traditions protocolaires parfois déconnectées du réel. Ce détail, que d’aucuns jugeraient superficiel, illustre l’étendue des normes imposées aux femmes au sein de la monarchie britannique.
Dans le documentaire « Harry & Meghan » diffusé sur Netflix en 2022, la duchesse expliquait déjà que son style vestimentaire était contraint par des codes non dits, mais très stricts : « La plupart du temps où j’étais au Royaume-Uni, je portais rarement des couleurs vives. […] On ne doit pas porter la même couleur que la Reine lors d’un événement de groupe, mais on ne doit pas non plus porter la même couleur que d’autres membres seniors de la famille ».
Résultat : Meghan choisit des tons neutres, discrets, souvent pastel, dans une tentative de « se fondre dans le décor ». Une stratégie qu’elle explicite elle-même dans le documentaire : « Je ne voulais pas embarrasser la famille ».
Une volonté de conformité… jusqu’à l’effacement
L’un des aspects les plus frappants de ces témoignages, c’est la sincérité avec laquelle Meghan Markle raconte avoir, dans un premier temps, tout fait pour s’adapter. Loin de toute provocation, elle explique avoir intériorisé les attentes, souvent tacites, qui pesaient sur elle en tant que femme, étrangère, et épouse du prince Harry.
« Il n’y avait aucune version dans laquelle je rejoignais cette famille sans faire tout ce que je pouvais pour m’y intégrer » – (« Harry & Meghan », Netflix, 2022). Cette intégration se paye au prix fort : le renoncement progressif à soi-même, à son apparence, à sa voix. Une tension que Meghan résume ainsi dans son entretien: « Aujourd’hui, je suis moi-même. Il y a quelques années, je ne pouvais pas être aussi vocale ».
Être femme et visible dans un système figé
Le récit de Meghan Markle est d’autant plus révélateur qu’il met en lumière une pression spécifiquement genrée. Les obligations qui lui étaient imposées ne concernaient pas seulement la tenue ou le comportement, mais s’inscrivaient dans une vision archaïque de la femme idéale : discrète, conforme, élégante mais sans éclat personnel, toujours au service de l’institution.
Dans ce contexte, refuser de porter certains vêtements ou vouloir exprimer son opinion devient un acte perçu comme transgressif. La réaction médiatique hostile dont Meghan Markle a souvent fait l’objet en témoigne.
Une émancipation revendiquée
Aujourd’hui, Meghan Markle affirme avoir retrouvé une forme de liberté, loin du protocole royal. Installée en Californie avec son mari et leurs deux enfants, elle mène désormais des projets à son image, notamment la série « With Love, Meghan », dont la deuxième saison a été lancée le 26 août 2025 sur Netflix.
« Quand vous pouvez vous habiller comme vous voulez, dire ce que vous pensez, et vous présenter de façon authentique, alors vous êtes à l’aise dans votre peau », déclare-t-elle à Emily Chang. Une affirmation simple, mais essentielle, qui résume le parcours de cette femme désormais déterminée à exister sans compromis.
Le port de collants couleur chair pourrait sembler anecdotique. Toutefois, dans la bouche de Meghan Markle, il devient le symbole d’un système fondé sur la conformité silencieuse et l’effacement de soi. En refusant aujourd’hui cette injonction, l’ancienne duchesse revendique son droit – et celui de toutes les femmes – à ne plus se « déguiser » pour être acceptée.