Il aura suffi d’une vidéo postée sur Instagram pour que Jessica Simpson se retrouve au centre d’une controverse. Pour célébrer son anniversaire, la chanteuse et entrepreneure américaine a publié un court clip où elle apparaît dans une baignoire, vêtue d’un manteau en fausse fourrure, suçant une cerise et chantonnant les paroles de sa prochaine chanson. Un geste artistique simple, promotionnel… mais qui a déclenché un flot de commentaires en ligne.
Une vidéo assumée… et créative
La vidéo postée par Jessica Simpson le 10 juillet 2025 est à l’image de son message : une affirmation d’autonomie et d’enthousiasme. En légende, elle écrit :« Pour commencer ma 45e révolution autour du soleil, j’ai décidé de voir le bon côté du voyage qu’est la vie, en choisissant d’être la PARTIE HEUREUSE de mon ANNIVERSAIRE ».
Avec humour et autodérision, elle annonce aussi la sortie prochaine de son titre « Fade », extrait de la deuxième partie de son projet musical « Nashville Canyon ». On la voit écrire le mot FADE en rouge à lèvres sur les parois de la baignoire, dans une mise en scène à la fois vintage et intime, inspirée des codes du glamour classique. Très vite, l’attention médiatique se déplace du côté artistique vers le corps de l’artiste. Des commentaires se multiplient alors sur les réseaux sociaux, questionnant son âge, sa tenue, ou encore la « pertinence » de ce type de contenu passé 40 ans.
Certains internautes ont applaudi sa confiance en elle. D’autres l’ont jugée « trop provocante pour son âge ». Une formulation lourde de sous-entendus, qui interroge : jusqu’à quel âge une femme peut-elle afficher son corps librement sans s’exposer au reproche ou au mépris ? Spoiler : il n’y a pas de limite.
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Une femme face à une double injonction
Ce genre de réaction n’est pas nouveau. Les femmes célèbres sont souvent confrontées à une double injonction contradictoire : rester « jeunes » et désirables… mais sans jamais trop le montrer. Lorsqu’elles osent revendiquer leur sensualité au-delà d’un certain âge, le regard social se crispe.
Jessica Simpson n’est pas la première à en faire les frais. Madonna, Jennifer Lopez, Salma Hayek ou encore Monica Bellucci ont toutes, à un moment ou un autre, été qualifiées de « trop » : trop visibles, trop libres. La critique vise rarement la qualité artistique du contenu, mais se focalise sur le corps, le style, ou l’attitude.
Et cette critique n’épargne pas non plus les anonymes. Ce que vivent ces femmes publiques reflète des attentes genrées persistantes dans la société, où les hommes âgés sont souvent célébrés pour leur assurance, tandis que les femmes doivent se faire discrètes, voire invisibles.
Le corps comme outil de narration
Pourtant, ce que Jessica Simpson propose dans cette vidéo relève d’un choix artistique personnel. Depuis ses débuts, elle a fait de son corps un langage, tantôt dans le registre de la pop grand public, tantôt dans des registres plus introspectifs. Avec « Nashville Canyon », elle semble renouer avec une certaine forme de narration intime, dans laquelle l’image corporelle accompagne l’histoire musicale.
Il est également important de rappeler que Jessica Simpson a toujours eu un rapport complexe à son image. Star dès son adolescence, constamment scrutée pour son apparence, elle a affronté des décennies de commentaires sur son poids, ses choix vestimentaires ou son maquillage. Depuis plusieurs années, elle revendique davantage de contrôle sur sa propre image – un geste de réappropriation plutôt que de provocation.
Une visibilité qui dérange ?
Pourquoi la visibilité d’une femme de 45 ans, à l’aise dans son corps, continue-t-elle de diviser ? Peut-être parce que la société reste mal à l’aise avec la féminité mature, indépendante, non soumise à des codes de respectabilité hérités du patriarcat.
La polémique autour de Jessica Simpson illustre ce tiraillement culturel : d’un côté, le discours ambiant valorise l’acceptation de soi, la liberté, la confiance. De l’autre, les normes sociales continuent à prescrire ce que les femmes « devraient » ou « ne devraient plus » faire à mesure qu’elles avancent en âge.
Qu’on aime ou non la mise en scène proposée, force est de constater qu’elle suscite un débat utile. Elle pose cette question essentielle : à qui appartient le corps des femmes ? Et qui décide de ce qu’il est convenable ou non de montrer, de faire, de chanter, à 25, 35 ou 45 ans ? Dans un monde où les femmes sont trop souvent sommées de s’effacer avec le temps, Jessica Simpson, elle, choisit de rester visible. Non pas par provocation gratuite, mais pour exister pleinement, à sa manière. Et si c’était précisément cela, le geste le plus subversif – et le plus inspirant ?